Mes moires

Jean-Pierre Dionnet est bien une légende de la culture populaire dans son sens noble, un véritable touche à tout, celui qui a été tout à tour scénariste, rédacteur en chef, producteur, animateur. On lui doit entre autres Métal Hurlant, les Humanoïdes Associés, les Enfants du Rock, Sex Machine… Avec ses acolytes, dont Manœuvre, Druillet, Giraud/Moebius, Bilal, il est celui qui révolutionne l’approche de la BD jusqu’alors classique, qui l’ouvre sur la science fiction et le fantastique, qui crée des liens avec celle qui émerge aux Etats-Unis.

Dionnet se raconte dans cette biographie sans se donner le beau rôle, aborde avec franchise son passé de môme rêveur issu d’un famille bourgeoise, qui se découvre une passion pour la lecture et les poches d’occasion, mais aussi des problèmes avec l’alcool qui ont failli ruiner son existence, son discret bonheur familial, ses certitudes et ses échecs dans le monde de l’édition. On sent l’homme en perpétuel émerveillement, éternel jeune homme trop vite grandi et qui n’a pas fini de le faire.

Au détour d’une page, on croise des figues comme Gainsbourg, Goscinny bien sûr ce père littéraire de substitution qui lui apprend le métier, Eddie Mitchell, Gillon, Jorodowsky, le professeur Choron, Hugo Pratt… Éprouve-t-il des regrets ? Sans doute, mais ce n’est pas ce qui l’arrête. À 77 ans, Jean-Pierre Dionnet semble avoir encore mille vies à vivre. À noter que cette version est la nouvelle édition mise à jour. Je remercie une nouvelle fois le Diable pour sa confiance.

Jean-Pierre Dionnet - Mes moires - Éditions Au Diable Vauvert - Avril 2024, 23€