Shelter
Deux personnes. Un homme, Terry, une femme, Shelley. Une rencontre en forme de dating. Lui est lassé des relations charnelles qu’il estime être la raison principale de son célibat. Elle se remet du décès brutal de son conjoint. Ils décident de tenter une expérience : aucun acte sexuel entre eux, seulement une expérience, fusionnelle, des temps d’observation, main dans la main, yeux dans les yeux. Leurs amis, leurs parents ne comprennent pas. Et même si Terry, effrayé, songe un instant à tout arrêter, il sait que l’inexorable doit se produire, que leur couple, leur identité profonde, va changer.
Après Carnum, Christophe Carpentier continue de revisiter les codes de la société bien pensante et du couple, en les triturant avec une absurdité jouissive. Forcément, on pense à Ionesco, on pense à Darrieusecq et son truisme même si, ici, il n’est pas question de transformation en cochon. Présentée sous forme de pièce de théâtre, comme son précédent ouvrage, l’auteur inscrit Shelter dans la recherche de soi, de son identité, voire de sa trans-identité comme il est beaucoup question actuellement. Et comme dans Carnum, il achève (c’est le cas de le dire) le dernier acte de façon imprévisible, avec une certaine forme de dialogue entre deux protagonistes dans un discours qui bien involontairement fait écho à celui qui a beaucoup fait jaser récemment au sein du gouvernement.
Assurément, un énorme coup de coeur, le premier de cette année 2024 qui démarre fort. Christophe Carpentier, un auteur qu’il faut suivre. Un grand merci aux éditions Au Diable Vauvert pour leur confiance renouvelée à mon égard.
Christophe Carpentier - Shelter - Éditions Au diable vauvert, janvier 2024, 18,50 €