Un étranger en Olondre
Ce livre ne se laisse classer dans aucune catégorie : il se passe dans un monde imaginaire, qui reprend des références du nôtre, sans vraiment les préciser, un monde qui a ses différentes religions, dont l'une, la religion de la Pierre, qui prétend chasser toutes les adorations de dieux et de déesses, semble s'installer en Olondre, qui est le pays le plus développé techniquement ; une histoire qui, à défaut de magie, comporte un fantôme, donc serait plutôt du fantastique que de la féérie (alias fantasy)... Disons que c'est du fantastique au sens large, celui qui, comme la « fantasy » anglo-saxonne, inclut même la SF.
Fils d'un riche marchand, Jevick a été bercé toute son enfance par les contes et légendes de la riche Olondre, contrée merveilleuse où les livres sont aussi communs qu'ils sont rares, voire inexistants, sur son île. Et volilà que, après la mort de son père, il doit s'y rendre.
Mais le rêve tourne au cauchemar lorsque Jevick se découvre hanté par un fantôme et devient ainsi un pion dans la lutte entre deux religions locales.
Racontée par le héros, c'est donc l'odyssée de celui-ci qui doit, malgré l'opposition de la religion officielle, retrouver et brûler le corps de Jissavet, qu'il avait rencontrée sur le bateau. Et cette odyssée alimentera la guerre civile qui couvait en Olondre.
Mais plus que cette odyssée, le roman raconte l'évolution profonde du héros qui, peu à peu, découvre toutes les richesses de la littérature olondrienne en même temps que le passé de Jissavet et celui de son pédagogue olondrien Lunre. Et comment il deviendra à son tour, à son retour chez lui, un tchavi, un sage qui enseigne l'art de l'écriture et de la lecture…
Un très beau roman d'apprentissage, mais aussi de découverte d'autres mondes et, surtout, de glorification de l'écriture et de la lecture, couronné par plusieurs prix.
Un étranger en Olondre, de Sofia Samatar, traduit par Patrick Dechesne, J'ai Lu n° 13896, 2023, 507 p., couverture Studio J'aiLu, 8,90€, ISBN 978-2-290-37964-6