Apprendre, si par bonheur
Voilà un roman curieux, dont on se demande s’il est optimiste ou pessimiste. Bien sûr c’est l’histoire de quelques passionnés qui réalisent leur passion, l’exploration de l’espace, avec un matériel apparemment complet et presque infaillible... Mais malgré cela on sait, à travers les souvenirs de la narratrice et les informations qu’ils reçoivent, au début de leur exploration, que la Terre vit de crise en crise, que l’association supranationale, le GAO, qui les a envoyés, risque elle-même de disparaître et que les découvertes possibles qu’ils feront sur les planètes qu’ils visitent n’apporteront, en fin de compte, rien que quelques connaissances inutiles oubliées dans les mémoires, éventuellement disparues, de cet institut...
La fin du roman est d’ailleurs ouverte puisqu’ils demandent à ceux qui recevront, peut-être, leur demande de choisir entre leur retour sur Terre et leur départ encore plus loin, pour poursuivre leur exploration...
Le roman, ce sont d’abord les expériences successives de la narratrice, l’ingénieur du vaisseau, face à ces mondes différents et à leurs découvertes, car ils sont quatre « savants » passionnés confrontés à des vies différentes, imprévues... et face à cette question lancinante : qu’est devenue la Terre ? Faut-il rentrer ?
Je n’ai pu m’empêcher de repenser à un des romans les plus sombres que j’ai lus, celui de John Brunner, Éclipse totale... dont les astronautes sont confrontés au même problème d’abandon … L’optimisme qu’affiche la narratrice est-il motivé ? Et peut-il suffire au lecteur ?
Est-ce de la SF positive ? Ou la recherche du meilleur dans un avenir douteux ? On peut se le demander.
Apprendre, si par bonheur, de Becky Chambers, traduit par Marie Surgers, L’Atalante, La Dentelle du cygne, 2021, 141 p., couverture de Nicolas Sarter, ISBN 979-1-03600-045-4