1793
Niklas Natt och Dag est le descendant d'une des plus anciennes familles de la noblesse suédoise. Né en 1979, il vit à Stockholm.
1793, les bruits de la Révolution française agitent toute l’Europe, entrainant des volontés de révolte et des sentiments de paranoïa. Un vétéran manchot, Michael Cardell, retire d’un lac pollué à Stockholm le corps mutilé d’un homme : bras et jambes amputées, yeux et tympans proprement crevés, langue coupée. Le pauvre homme a été victime d’un acharnement de tortures jamais vu.
Cecil Winge, un homme de loi tuberculeux réputé pour sa détermination et son sens de la justice, reçoit l’affaire et tente de découvrir qui est ce pauvre garçon et qui l’a torturé pour le plaisir.
Quelle affaire ! Le livre est construit en 4 parties, bien évidemment liées entre elles mais je ne vais pas vous expliquer comment.
La première partie est le résumé : l’enquête sur l’homme ou plutôt le tronc retrouvé. Qui est-il ? Que lui est-il arrivé ? Hélas, l’enquête n’avance pas aussi vite que la maladie qui condamne Winge.
La seconde est un ensemble de lettres qu’un jeune campagnard sans le sou envoie à sa sœur restée au pays. Il y décrit sa chute dans la pauvreté, sa manie du jeu et comment il s’en sort, mais en y laissant son âme.
La troisième suit une jeune orpheline, accusée de prostitution, envoyée dans une « usine-prison ». Elle arrive à s’enfuir et à se cacher sous une fausse identité. Mais cette « usine-prison » est peuplée de femmes victimes de la perversité des gardiens et surtout de leur chef, un vrai fou assoiffé de sang.
On finit dans la quatrième partie à réunifier les histoires précédentes et à découvrir la solution.
La densité, la précision de la plume de Natt och Dag est incroyable ! Encore un thriller du Nord qui n’a rien à envier aux grands écrivains américains ou français du genre. D’ailleurs 1793 est disponible dans plus de 30 pays.
On est secoué par les descriptions tant gores de la victime que par les contextes de la pauvreté des personnages, la violence, le sexisme qui régnaient à l’époque. Il n’y a pas de personnages particulièrement attachants parce qu’ils trainent tous leurs boulets, sauf Winge. Winge, malade et condamné, a quitté sa femme quand il a vu qu’elle avait un amant : il voulait qu’elle puisse refaire sa vie sans devoir assister un mourant. Et pourtant, Winge va nous apparaitre aussi comme un manipulateur pour lequel la fin peut justifier tous les moyens.
Bref, encore une bonne claque, plus cruelle que d’autres histoires récemment lues, on reste avec juste l’envie de finir le livre, pour connaitre les tenants et aboutissants mais aussi pour retrouver notre confort contemporain, plus propre, plus sécurisant.
1793 par Niklas Natt och Dag, traduit par Rémi Cassaigne, Sonatine.