PEDINIELLI Michèle 01
Ecrire un polar en « je », c’est surtout trouver la voix du personnage principal. La voix de votre héroïne vous est-elle venue facilement ?
Oui, cette voix n’est pas loin de la mienne. Même si je ne suis pas Ghjulia Boccanera, je partage avec elle quelques expressions imagées et des coups de gueule définitifs.
D’ailleurs, faire parler les personnages est ce que j’ai le plus aimé en écrivant ce polar : j’ai composé une tonalité pour chacun, suffisamment caractéristique pour éviter les « dit-il » ou « remarque-t-elle » dans les discussions. J’avais envie que l’on reconnaisse les gens à leur façon de parler.
Petits meurtres entre amis citadins, roueries, arnaques, fraude, le tout sur fond de mer bleue, ce sont des ingrédients délicieusement classiques de l’exercice polardesque. Comment avez-vous abordé l’expérience pour y injecter une dose d’originalité ?
J’ai voulu écrire un polar avec tous les codes et les références du genre (j’adore les classiques comme Chandler, Goodis, Himes…), mais en les décalant : le détective privé alcoolique est une femme qui ne boit pas, la veuve éplorée qui vient lui demander de l’aide est un jeune homme, la scène de sexe est racontée du point de vue d’une femme et tout se déroule au rythme du pas de Boccanera étant donné qu’elle n’a pas de voiture et que sa vespa est au garage.
On devine la journaliste derrière votre prose, le côté direct, la connaissance du terrain, la clarté des explications, avez-vous eu peur parfois d’être « trop » journalistique et pas assez romanesque ?
Dans mon cas, le journalisme a été un frein à l’écriture d’une fiction, j’ai dû brider inconsciemment mon imagination pendant un bout de temps. Alors au moment où j’ai décidé d’écrire un roman, j’ai lâché les chevaux. Je me suis juste attachée à la cohérence et à la vraisemblance des situations pour servir l’histoire.
Ce premier roman est concis, ramassé, sans fioritures, un choix dès le départ ? Ou il existe quelque part dans vos archives une version plus longue que vous avez retravaillée en visant l’efficacité ?
Non, j’ai vraiment écrit comme ça dès le départ. C’est cette écriture qui est venue tout de suite. La seule contrainte que je me suis imposée était l’unité de temps : l’intrigue se déroule sur une semaine à peu près, ce qui donne un rythme particulier à l’histoire.
Que peux-t-on attendre de votre avenir d’auteur ? Et de ce personnage très attachant de Ghjulia Boccanera.
Je suis en train d’écrire une suite, où l’on retrouve Boccanera et quelques-uns des personnages qui l’entourent. Cette seconde histoire se passe encore à Nice, mais elle fera une incursion dans l’arrière-pays niçois, malgré son peu de goût pour la campagne !
Critique de Boccanera ici