ORIANE 01
• Auteure éditée
• Nationalité : Belge
• Biographie
Auteure née en 1988 et vivant à Liège. Elle publie Souvenirs d’une rose en février et mars 2017, après 6 ans de travail.
Elle donne des ateliers d’écriture, de poésie et de mise en voix, gère des soirées slam et fait du chant et du théâtre.
Aujourd’hui, elle a repris des études d’institutrice primaire, tout en s’occupant de corrections sur les romans de ses congénères.
Bonjour à vous ! Et merci de prendre de votre temps pour répondre à mes questions. Votre roman Souvenirs d’une rose semble vous tenir très à cœur ! Pouvez-vous nous en parler ? Prévoyez-vous d’autres projets pour la suite ?
« Pour la suite » ? Non, car Souvenirs d’une rose est un « one shot ». Mais je compte bien travailler sur d’autres romans qui, eux, ne seront pas qu’en un seul tome nécessairement. Pour vous résumer mes projets, je travaille sur une romance New Adult où se confrontent une collectionneuse de coups d’un soir et un homme qui ne rêve que de couple éternel, sur une trilogie de SF romance abordant le thème de la construction de son identité, sur une duologie rétrofuturiste particulièrement dark où mon héros développe un trouble mental grave et sur une chicklit détournant les clichés de la romance érotique moderne avec beaucoup de cynisme.
Souvenirs d’une rose est le roman qui m’a demandé le plus de travail au niveau du style. Chaque phrase est lue, relue, pensée, chaque mot a été pesé lors de mes nombreuses corrections, d’où les six années d’amélioration nécessaires. C’est aussi un récit qui se voulait belge ; j’ai toujours cherché un éditeur qui pourrait diffuser en Belgique comme en France, car je veux que les Français le lisent en se sentant imprégnés de ma culture et des paysages du pays. Je situe l’action dans un village imaginaire, mais les décors m’ont tout de suite fait penser à la Famenne. Tout le premier chapitre de Souvenirs d’une rose correspond à un rêve que j’ai fait en 2009. J’en ai repris chaque détail, que ce soit le panneau bleu qui indique « Luvieu », la venue de Lena Bassenge à sa fenêtre ou les hallucinations que vit Denis Bronckart. Puis j’ai réfléchi à ce que ça pouvait signifier, ce qui serait cohérent et la suite du récit m’est venue. C’est un roman plein de poésie, mais de drame aussi. J’ai effectué beaucoup de recherches sur la noblesse belge, qui a une origine différente des aristocraties présentes dans les nations plus anciennes en Europe. La Belgique est un jeune pays, ne l’oublions pas. Mon but fut donc de faire correspondre la forme au milieu, car les nobles modernes parlent encore avec un langage soutenu, tout en ayant un pied dans le monde actuel sans problème. Au vu des retours positifs sur mon œuvre, ce pari est réussi !
Est-ce que vous lisez autant que vous écrivez ? Quels sont vos ouvrages préférés ?
En fait, je ne parviens pas à faire les deux. Quand je lis des romans pour le plaisir, c’est quand je n’écris pas, que j’ai une phase d’inspiration moins intense. Dès que je commence à écrire un roman, je suis à 100 % dedans et donc je ne parviens pas à lire pour me détendre. Par contre, comme je suis correctrice pro et que je bêta-lis aussi des auteurs, je ne suis pas enfermée dans mon monde non plus. Mais disons que là, c’est de la lecture plus « technique » même si le plaisir y est.
Mes ouvrages préférés actuellement sont Indiana de George Sand, le recueil Aucun souvenir assez solide d’Alain Damasio, Jonathan Livingston, le goéland de Richard Bach, Le passage de Louis Sachar et The deal d’Elle Kennedy. Remarquez que je suis assez éclectique, je suis franchement moins exigeante comme lectrice que comme correctrice (mdr).
Où trouvez-vous votre inspiration ?
Beaucoup de mes récits ont comme base un rêve, comme Souvenirs d’une rose. Je trouve que le rêve est l’imaginaire le plus pur qui soit. ON ne le décide pas, il s’impose à nous. Je ne choisis ainsi pas les physiques, les décors, les plans « caméra » et j’aime ça. J’aime cette perte de contrôle qui donne de la consistance aux personnages. Rien ne m’agace plus qu’un roman inventé comme un essai, avec des étapes cadrées, des profils préfabriqués… Dans lequel on ne laisse pas des scènes du quotidien simple se glisser, on enchaîne tout. Moi je laisse « vivre » mes personnages et je les découvre au fil de ma plume. J’ai l’objectif de mon récit en tête et puis, selon les caractères des personnages, je me retrouve à passer par telle voie pour y aboutir. Parfois, ils me donnent du fil à retordre d’ailleurs et je dois revoir tout mon scénario !
Qu’est-ce qui a déclenché votre passion pour le monde de l’écriture et l’édition ?
Dès que j’ai été éveillée au plaisir d’écrire. Quand à 9/10 ans, à l’école, on nous demandait de rédiger un poème, on nous faisait découvrir l’allitération avec des textes drôles, ou la personnification avec Mon chien, c’est quelqu’un ! de Devos. Je me suis rendu compte que je finissais mes textes bien avant les autres. Lorsque je venais montrer ma production finie, ceux dans la file n’avaient qu’une strophe d’achevée au mieux. Je l’ai vite pris comme un jeu tellement c’était facile. Ensuite, je me suis mis des défis, sans cesse. J’ai investi dans un dictionnaire analogique pour élargir mon vocabulaire, j’allais dans des salons, au marché de la poésie aussi, je rencontrais des auteurs et des gens prêts à m’aiguiller. À l’époque, point d’internet, on se rencontrait surtout à ces événements-là ! Encore aujourd’hui, je me pose des défis d’écriture. J’ai écrit des poèmes sur demande, instantanés, sur thème imposé, puis je suis passée aux nouvelles, aux romans, aux déformations de chanson, au slam. J’ai fait du chant, du théâtre, j’ai adoré la langue française de plus en plus et pourtant, en primaires, j’étais plus forte en maths ! Et aujourd’hui je suis correctrice et auteure ! Comme quoi, ça ne veut rien dire.
Comment vous êtes-vous sentie après la publication de votre premier texte ?
Nerveuse, impatiente, parfois aussi soulagée, de me dire « je suis au bout du chemin ».
Quel est votre salon littéraire préféré ?
Le Salon du livre jeunesse, tenu en même temps que le Salon de l’éducation, en Belgique. Je me vois encore y rencontrer Pierre Bottero quand j’avais 15 ans, en train de parler de l’image de la SFFF en francophonie. Je trouve ça super intelligent pour inciter à aborder la littérature jeunesse à l’école ! C’est très important, trop peu d’enfants lisent chaque soir avant de dormir ou pour s’occuper en journée. L’école a un grand rôle à jouer dans la sensibilisation au pouvoir des mots, aux fables, aux morales, à l’esprit critique. On le sait, les livres sont les ennemis des extrémistes de tout bord. Je ne compte plus le nombre d’amis FB qui étaient pas loin de vomir en découvrant les scores du FN en France : les gens amateurs de lecture et d’écriture sont peu enclins à finir dans les filets des gens dangereux, car lire, c’est se renseigner sur le monde et ce qui le fait réellement tourner.
Bon par contre, je trouve qu’il avait beaucoup plus sa place à Namur qu’à Charleroi, ça me fait chier d’y aller depuis qu’ils sont partis s’isoler loin de la gare et loin du milieu de la Wallonie. Et je ne vous cacherai pas que mon rêve est d’un jour avoir un beau stand de dédicaces à la Foire du Livre de Bruxelles !
Pourriez-vous nous expliquer comment se déroule votre quotidien ? On dit souvent que les auteurs ont deux vies. Est-ce le cas pour vous ? Si oui, comment parvenez-vous à tout gérer ?
Je suis une mère célibataire avec deux jeunes enfants alors évidemment, j’ai peu de temps libre. Mais quand j’en ai, je l’exploite au mieux. Chez moi la télé n’est jamais allumée que pour des dessins animés pour les enfants, sur la seule chaîne qui ne leur met pas des pubs entre les séries. Je m’installe avec mon ordinateur ou mes feuilles et j’écris, tout en leur répondant s’ils me demandent quelque chose. Après c’est sûr, on peut être amené à dire « non pas maintenant » parce qu’on va devenir dingue si on ne finit pas sa scène, mais franchement, c’est loin d’être handicapant pour les enfants, je les bichonne quand même bien ! J’écris surtout en attendant le bus, le soir quand les enfants dorment...
Pour quel auteur avez-vous de l’admiration ?
George Sand et sa démarche à l’époque, quand on voit la condition de la femme, surtout de la femme artiste ! Dès sa première œuvre, elle s’est positionnée en faveur de leurs droits et de leurs libertés, elle était engagée et intelligente !
Plus moderne et pour d’autres raisons, GH David m’impressionne : en une année, elle a développé un vaste panel d’amis auteurs-chroniqueurs-lecteurs. Elle a vite été suivie de près par les gros blogs spécialisés dans la romance moderne et elle perce dans son domaine de prédilection, à partir d’une œuvre qu’elle a bossée avec ardeur et perfectionnisme. Ses lecteurs la suivront dans chacune de ses œuvres j’en suis sûre, car elle a fait une entrée fracassante (c’est le cas de le dire, si vous connaissez son personnage Liz) dans le milieu des livres de romance actuels. Bientôt, ce seront les éditeurs qui la supplieront de les rejoindre !
D’après votre expérience, quelle est votre vision du monde de l’édition ?
Complexe. Déjà, y a ceux qui se laissent avoir avec les comptes d’auteur. Les éditeurs, les vrais, ne demanderont JAMAIS un seul euro pour publier votre livre ! Mais il y a encore des imbéciles pour faire proliférer les sites comme Mélibée, Persée, Baudelaire, 7écrit, etc.
Ensuite, même quand on sait la différence entre un compte d’éditeur et d’auteur, il y a ceux qui gèrent comme des pions parce qu’ils ont voulu fonder leur ME pour joindre leur plaisir de lire au rentable. Sauf que derrière y a un travail de suivi, de corrections professionnelles, de recherches de salons, de publicités, de contacts aux médias, de payements en temps et heure des droits qui doivent être effectués et c’est ainsi que des bons auteurs peuvent finir coincés dans des ME qui ne leur offrent pas de belles perspectives. Dans le milieu de la romance, hélas, ça ne manque pas ! On doit donc beaucoup se renseigner auprès des autres auteurs ou des lecteurs qui, de l’extérieur, se rendent aussi compte parfois de trucs qui coincent. Dans les deux cas de figure, l’auteur se sent arnaqué.
Après, il faut parvenir à percer et vendre dans un milieu où il y a de plus en plus de prétendants au métier, mais de moins en moins d’éditeurs compétents. Du coup, les bons éditeurs se font submerger de soumissions toutes aussi alléchantes les unes que les autres et cela devient au petit « bonheur la chance » d’être repris !
Mais je sais déjà que personnellement, l’autoédition, je ne pourrais pas. J’ai écrit parce que j’ai aimé rencontrer des gens autour de ça. Des gens me comprenaient mieux que les élèves de ma classe. Je veux aller dans des salons avec une équipe, je veux aller chez le libraire sans devoir prouver ma qualité à chaque fois, je ne veux pas harceler les gens avec mon récit pour qu’il se vende. Je préfère aller à leur rencontre et me sentir soutenue par l’équipe d’une maison d’édition, apprendre grâce à eux comment bien vendre. C’est leur boulot, pas le mien. Et ça, il faut parfois le rappeler à certains éditeurs qui enchaînent trop d’œuvres publiées, ne font pas de communiqués de presse, ne font pas beaucoup de service presse, n’agrandissent pas un carnet de contacts précieux, font peu de salons, n’impriment pas d’office du stock papier pour aller ensuite démarcher les libraires, laissent passer beaucoup de fautes d’orthographe et payent en retard, voire pas du tout, leurs auteurs. Renseignez-vous bien. Qui sait ! Vous aurez peut-être la chance de tomber sur une des rares ME qui pratiquent encore les à-valoir !