Ratatouille

Réalisateur: 

Cuisine et dépendances



Au-delà de ses rêves

Rémy est un jeune rat d’égout vraiment pas comme les autres puisqu’il a une véritable passion pour l’art culinaire. Il a un indéniable don pour cuisiner, marier entre elles les différentes saveurs et découvrir de nouveaux arômes. Depuis qu’il suit en cachette à la télévision les émissions de son idole, Auguste Gusteau, le plus grand génie culinaire français de tous les temps et l’auteur du best-seller “Tout le monde peut cuisiner”, Rémy a un rêve : celui de devenir un jour un grand chef.

Prêt à tout pour réaliser son rêve le plus cher, Rémy n’hésite pas à se détourner du mode de vie séculaire de son espèce et à quitter sa famille qui se délecte des poubelles pour tenter la grande aventure. Par le plus grand des hasards, Rémy se retrouve dans les cuisines de l’un des plus grands restaurants parisiens : celui d’Auguste Gusteau mais depuis la mort récente de ce dernier, la cuisine n’est plus ce qu’elle était de son vivant et la clientèle se fait de plus en plus rare. Le chef Skinner a pris le relais derrière les fourneaux où il règne désormais d’une poigne de fer. Sa cupidité et sa soif de pouvoir a transformé cet ancien temple de la gastronomie en gargote financièrement rentable mais sans âme.

Le “nouveau monde” que découvre Rémy nourrit ses aspirations les plus profondes mais le met aussi constamment en danger. Juste au moment où sa chance de trouver enfin sa place semblait définitivement compromise, il noue une amitié hors du commun avec Linguini, le nouveau commis de cuisine chargé de vider les poubelles. Ces deux exclus vont alors mettre au point un plan ingénieux qui va leur permettre d’accomplir ensemble de grandes choses.

Pour arriver à ses fins, Rémy devra relever toutes sortes de défis et affronter de nombreux obstacles, allant de l’incompréhension de sa famille à son égard, jusqu’au verdict implacable du plus puissant critique culinaire, en passant par l’inspection des services d’hygiène.



Family business

Manger pour vivre ou vivre pour manger : il faut choisir… tel est, en quelque sorte le dilemme de Rémy face aux siens. Django, le père de Rémy, est un père affectueux mais il n’arrive vraiment pas à comprendre pourquoi son fils est tant attiré par le monde des humains dans lequel leur espèce n’a jamais été la bienvenue. Quant à Emile, son frère, c’est un grand amateur de poubelles, toujours prêt à avaler tout ce qu’il trouve, y compris des choses qui ne sont pas comestibles. Même s’il ne comprend pas toujours la passion de son frérot pour la grande cuisine, il répond toujours présent pour lui remonter le moral et lui donner un coup de patte lorsque c’est nécessaire.

Les liens familiaux tiennent ici une large place puisque la figure paternelle (au sens large du terme) est présente à plusieurs niveaux. On a ainsi ceux qui concernent Rémy (avec son vrai père, avec le fantôme de Gusteau qui lui sert de mentor et de père de substitution, avec son frère Emile), Linguini (avec son père génétique Gusteau, mais dont il ignorait tout, et avec Rémy, son “frère” de coeur) et tous les employés de chez Gusteau qui sont comme les membres d’une “grande famille” oeuvrant tous ensemble sous les ordres du Chef Skinner, ce dernier se comportant également avec son personnel comme le ferait un père autoritaire avec ses enfants.

Un nouveau monde



Après nous avoir déjà fait, par le passé, découvrir avec ravissement de multiples univers très variés (celui des jouets, des insectes, des monstres, des poissons, des superhéros ou encore des voitures), Pixar explore cette fois-ci celui des rats et nous initie à la cuisine gastronomique en nous en montrant les coulisses, par le menu détail.

Pour arriver à finaliser ce projet, dont l’idée de départ était a priori quelque peu “tirée par les cheveux”, il leur aura d’abord fallu relever d’innombrables défis techniques : créer des dizaines de personnages humains et des centaines de rats (en reproduisant la façon ils se comportent - du frémissement de leurs moustaches jusqu’à l’ondulation de leur queue - et agissent en communauté, tout en les rendant sympathiques), concevoir plusieurs scènes impliquant la présence de l’eau sous toutes ses formes (d’une position stagnante aux rapides déchaînés des égouts) et d’autres liquides de diverses consistances (sauces, potages), recréer Paris avec ses rues et ses monuments historiques ou encore reproduire les cuisines d’un grand restaurant ainsi que la salle où les clients dégustent leurs mets. L’évolution constante de la technologie touche de nombreux aspects de la conception de ce film d’animation comme la précision des graphismes, la richesse des couleurs, la gestion des ombres et de la lumière ou encore les textures des personnages (aussi bien pour les humains que pour les rats).

Alors que tous les autres rats se déplacent toujours à quatre pattes, Rémy a appris à se tenir sur ses pattes arrière pour ne pas faire la cuisine avec des pattes sales et à force de côtoyer les humains au quotidien, il s’humanise, de plus en plus, tout au long de l’intrigue, ce qui a été rendu possible grâce â la technologie de l’articulation faciale numérique qui ne cesse de s’améliorer, au fil des ans. C’est ainsi que le personnage de Rémy comporte 160 contrôles d’animation différents rien que pour son visage. Par ailleurs, Pixar nous emmène faire un petit tour dans la famille de Rémy qui a appris à utiliser au mieux son environnement pour se créer un habitat dans les égouts en récupérant toutes sortes de choses usagées et jetées par les humains (canettes, caisses de vin, tonneaux, jerricans, théières, etc…) puis en se réappropriant à leur façon pour améliorer leur cadre de vie.

C’est également l’occasion pour le spectateur de découvrir Paris sous un tout nouveau jour, compte tenu de l’idée très pittoresque que les Américains se font de la Ville Lumière. En outre, ce Paris idyllique (et idéalisé) de conte de fées qui semble bizarrement être resté figé dans les années 50, nous est montré tel que Rémy voit la ville.

Le festin de Rémy

Telle l’élaboration d’une recette de cuisine, Pixar a su, une fois encore, savamment doser et mélanger les divers ingrédients qui font incontestablement de Ratatouille un mets de choix : une intrigue complexe avec de multiples rebondissements, des personnages attachants aux personnalités riches et variées (tant chez les humains que chez les rats), des décors minutieusement conçus dans leurs moindres détails, des effets spéciaux remarquables (particulièrement pour les mouvements des pelages des nombreux rats et les plans où un élément liquide intervient), une bonne dose d’humour burlesque (avec son lot de mouvements précipités, sauts, pirouettes et autres courses-poursuites échevelées), une grande histoire d’amitié et une belle histoire d’amour.

Alternant harmonieusement les séquences comiques et les moments de pure émotion, le scénario est vraiment original (avec la mise au 1er plan d’un jeune rat qui, écartelé entre son rêve et sa condition, va découvrir le vrai sens de l’aventure, de l’amitié, de la famille et comprendre qu’il va lui falloir trouver le courage d’aller jusqu’au bout de sa passion) et particulièrement inventif (car Rémy doit non seulement faire preuve d’imagination dans l’élaboration de ses nouvelles recettes de cuisine mais aussi trouver toutes sortes de stratagèmes pour éviter les nombreux pièges auxquels il va sans cesse être confronté). Le personnage de Rémy est non seulement très attendrissant mais aussi “poilant”. Bref, Ratatouille est un vrai régal à consommer sans modération.

On donnera également une mention spéciale au court métrage d’animation, projeté avant le film, sur les enlèvements d’humains par des extraterrestres qui est, à lui seul, un monument de drôlerie.

Ratatouille

Réalisation : Brad Bird

Avec les voix de : Patton Oswalt, Lou Romano, Janeane Garofalo, Brad Garrett, Peter Sohn, Brian Dennehy, Ian Holm, Peter O’Toole.

Sortie le 1er août 2007

Durée : 1h 58

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