A voté - Traverser la ville

Les dyschroniques des Éditions « Le passager clandestin » poursuivent leurs parutions de nouvelles américaines exemplaires, de l'Âge d'or ou non. Celle d'Asimov, A voté, en ressort, bien sûr (1955). C'est le temps de Multivac, qui vote pour vous. En fait, cet ordinateur « réussit à estimer, d'après un nombre de votes de plus en plus restreint, quel serait le résultat de l'élection ». Asimov conduit l'idée jusqu'à l'extrême, ce qui constitue une des caractéristiques de la pensée SF. Un petit bijou d'humour féroce.

Et puis voici le tout grand-maître de la science-fiction américaine moderne, Robert Silverberg, avec sa nouvelle de 1973 Traverser la ville. Dans une cité totalement soumise à l'informatique, la femme-du-mois du héros pique le programme et s'enfuit. Tout se déglingue, chaleur, hôpitaux, ordures. Les pillards apparaissent. Le héros retrouve sa femme et parvient à récupérer le logiciel salvateur. Au prix du mépris : « Pauvre petit bureaucrate, soupire-t-elle, tiens ! ». Et tout rentre dans l'ordre. Cette nouvelle assez étonnante est parue dans le recueil Trips, qui contient les textes les plus subversifs de Silverberg.

A voté par Isaac Asimov, Éditions Le passager clandestin, 2016, 51 p., 4 euros.

Traverser la ville par Robert Silverberg, Éditions Le passager clandestin, 2016, 86 p., 5 euros.