Secret de l'étrangleur (suite et fin)(Le)
En 1980, j’ai lu un polar des plus étranges qui s’appelait « Monsieur cauchemar ».
L’auteur ? Pierre Siniac. Un personnage qui aurait pu figurer dans ses propres romans. Des idées incroyables, des polars fantastiques car uniques. « Monsieur cauchemar », c’était d’abord une ambiance : brouillardeuse, très brouillardeuse même. Et un fait social : la grève de la police. En 1959, était-ce possible ? Pierre Siniac l’a rendue possible cette grève, et l’on y croit. Et puis, il y a les 2 principaux personnages : un enfant passionné de polars, et un bouquiniste.
Tout est prêt ainsi pour l’action, pour que l’étrangleur sévisse. Et c’est là qu’interviennent des histoires d’hypnose, de morts vivants ou de fantômes d’étranglés. Et c’est là, tout l’art de Siniac, dans une ambiance cotonneuse de brume, par son imagination qui empruntait à tous les domaines, l’auteur teinte son polar de fantastique, et le mélange des genres est savoureux.
Prenez une quarantaine d’années plus tard un certain Tardi, dessinateur de son état qui s’accapare de tout ça, et vous avez, dans une ambiance années 50 en noir et blanc, une BD incroyable, qui se permet plusieurs fins comme le roman de Siniac, et qui en rajoute même, au point de devoir se munir de ciseaux pour ne rien manquer.
" Le secret de l’étrangleur ", c’est une BD qui se lit comme un roman noir, et se regarde comme un film de Clouzot version « le Corbeau » ou « les Diaboliques ».
Et c’est aux éditions Casterman.
Patrick S. VAST