Coquilles de braises par Xavier Watillon
Le silence règne en maître dans la salle du trône du seigneur Nardalon. Assis rigide et fier devant l’assemblée misérable, il peine à rendre justice, car ses pensées sont ailleurs. Des vies sont pendues à ses lèvres, mais il n’a d’yeux que pour la grande porte, qui tarde à glisser sur ses gonds. Elle dévoile enfin un page dont les petites jambes tambourinent sur les dalles. Un murmure suffit – Nardalon laisse là ses obligations et il part en courant vers les souterrains du château.
Le jeune Palkor s’aligne sur ses pas, quelques instants plus tard, à la tête d’une colonne de gardes. Il se place en retrait de son seigneur et père, puis ils dévalent les marches qui plongent vers les profondeurs de la montagne écarlate. Des craquements déformés par les coursives de pierre atteignent leurs oreilles. Ils pressent l’allure.
Au terme d’une éternité, l’escalier les libère à l’orée d’une vallée de flammes. Le chemin se poursuit sur une étroite crête. Un torrent de magma gronde en contrebas et dégage une chaleur étouffante – ses vapeurs jaunissent leurs vêtements, assèchent leurs yeux et brûlent leurs poumons, mais le père et le fils ignorent la douleur et allongent leurs foulées. Un gargouillis magistral annonce qu’un geyser de lave se décharge. Pourtant, ils ne quittent pas du regard l’entrée de la couveuse, qui ne se trouve plus bien loin. Ils passent l’arche de pierre noire et s’effondrent, pantelants.
À quelques enjambées devant eux, Braise attend, bras croisés. Ses cheveux roux et bouclés sont auréolés du feu de la montagne. Il sourit comme un possédé aux six œufs gargantuesques qui tremblent sur le sable. D’un geste autoritaire qui lui aurait valu en une autre occasion d’être plongé la tête la première dans le lac de magma, il intime le silence aux nouveaux arrivés, puis il s’approche du premier œuf et caresse sa coquille cendrée constellée de cratères violacés. Il y colle son oreille, ferme les paupières et se laisse bercer par le chant de la vie. Le grand roi Nardalon jauge son éleveur, le dernier descendant d’une illustre lignée épuisée par le temps, dont le cœur pompe un sang bouillant, à bien des égards similaire à celui des créatures qui habitent la couvée. Il paraît démesuré à côté de ses protégés, mais il les approche et les touche avec la délicatesse d’une mère.
La couveuse est une telle fournaise que tout y prend allure de mirage. Les œufs semblent se dilater à vue d’œil. Le sable glisse sous le poids d’une des coquilles, qui roule aux pieds de Braise. De timides secousses la fragilisent et y dessinent des reliefs grossiers. À mesure que les secondes s’écoulent, les impacts se font plus rapides et plus résolus, jusqu’à ce qu’elle s’ouvre en deux. Ses morceaux se disloquent et tombent de part et d’autre d’un dragonnet de bronze empêtré dans une mélasse sirupeuse. Il crie sa joie d’être finalement libéré, puis entreprend de se lécher.
Comme s’ils avaient attendu ce signe pour entamer leurs efforts, les cinq autres œufs tressautent et se mettent à tanguer. Deux d’entre eux s’ouvrent de concert, dévoilant les écailles noires de leurs minuscules occupants. Ils titubent côte à côte sur leurs pattes flageolantes et rejoignent un petit rouge qui vient de s’extirper de sa prison visqueuse. Leurs quatre têtes triangulaires battent la mesure des coups que le cinquième dragonnet frappe à l’intérieur de son œuf. C’est finalement une bouille jaune qui jaillit hors de sa coquille, puis s’étale et bouscule les membres de sa fratrie.
Il ne reste qu’un œuf sur les sables brûlants, qui se balance doucement. Cette fois la brèche est plus timide lorsqu’une crête d’ivoire en émerge, bientôt suivie par un museau aux narines retroussées. À peine leur sœur est-elle sortie que les cinq dragonnets se mettent à gazouiller pour célébrer son arrivée. Les nouveau-nés se jaugent et se découvrent devant leur public émerveillé, mais leur tranquillité est de courte durée.
Déjà, Nardalon bouscule l’éleveur et s’approche du nid – il n’a pas l’habitude de céder le devant de la scène. Les dragonnets excités s’égosillent et hurlent leur appétit, mais le roi attend cet instant depuis bien trop longtemps – sa patience est à bout. Il ignore leurs cris et s’exclame :
— Je veux que vos noms instillent la peur jusqu’aux frontières des mondes, que vous invoquiez la terreur dans le cœur de mes ennemis.
D’un doigt solennel, il désigne les dragonnets les uns après les autres.
— Tu seras Pestilence, vous serez Guerre et Mort, tu seras Famine et tu seras Chaos. Où vous irez, je règnerai en maître…
— Père…
Palkor tire sur sa cape de Nardalon, qui se retourne en soupirant.
— Qu’en est-il de la femelle ?
À regret, le suzerain porte son attention sur la dragonnette. Elle relève fièrement le cou et penche la tête de côté, les yeux débordant de curiosité, mais son mouvement lui fait perdre l’équilibre et elle roule en bas du monticule de sable, puis termine sa course en broyant un amas de cristaux des cavernes. Elle tente gauchement de se remettre sur ses pattes, mais elle est bien trop faible et ne peut rien faire d’autre que de rester sur place à piailler d’indignation. Le roi éclate de rire.
— Puisque tu es si maladroite, tu seras Brisetout – quelle importance, après tout ? Mais pour vous, mes démons, j’ai de majestueux desseins. Par mes aïeux, je désespérais de voir ce jour arriver… Vous marquez la renaissance de votre belle race, au service du plus grand roi que ce monde connaisse. Grâce à vous je serai sous peu le maître de tout ce qui s’étend sous les cieux !
Tandis que les échos de sa tirade s’éternisent, le roi prend congé de Braise et de ses dragonnets, dont les plaintes affamées lui percent les tympans. Suivi de Palkor et ses gardes, il disparaît sur le chemin du château. Son départ passe inaperçu : tenaillés par la faim, les nouveau-nés errent déjà dans la couveuse en quête de nourriture. Leur odorat ne tarde pas à les rassembler tous les six près d’une bâche lestée, qu’ils attaquent aussitôt puisqu’elle ose se dresser entre eux et l’objet de leur désir.
Braise embrasse les dragonnets d’un regard paternel et savoure la scène durant quelques instants. Enfin, il vient à leur secours et commence à jeter dans leurs gosiers béants de larges parts de viande qu’ils avalent d’une traite.
*
L’aube de la vie d’un dragon est régie par une unique aspiration : celle de se gorger de viande jusqu’à l’endormissement. Jour après jour, ils emplissent leurs panses et s’effondrent repus. Pourtant, après avoir sommeillé plusieurs siècles à l’étroit dans une coquille, l’un des membres de la fratrie n’a qu’une seule envie, c’est d’explorer le monde.
Pestilence rêve sur le dos, ses ailes et ses pattes étendues. Guerre et Mort se disputent un morceau de barbaque qu’ils ont eu le malheur de choisir en même temps. Famine creuse le sable afin de s’installer plus confortablement. Chaos sautille de pierre en stalagmite au-dessus du torrent de lave. À la sortie de la couveuse, Braise ronfle doucement et ne voit rien de Brisetout, qui le dépasse en souriant. Elle suit la piste des visiteurs qui viennent si souvent l’observer.
Au sommet de la montagne écarlate, dans le château de Nardalon, nul n’entend les crissements qui s’élèvent de l’escalier. Un visage triangulaire surgit bientôt de la dernière marche. La dragonne frissonne au contact des pierres si froides comparées à son nid, mais sa curiosité prend le dessus et elle part à la découverte de ce nouveau terrain de jeu. Sa hardiesse lui vaut d’échapper aisément à la vigilance des gardes, qui jamais ne regardent à hauteur de leurs pieds. C’est ainsi qu’elle arrive à la salle de banquet, dont les tables sont en train d’être chargées de mets. Son estomac gargouille lorsqu’elle s’en aperçoit, mais elle a repéré une autre merveille digne de son intérêt : les murs sont bardés de tapisseries, d’armoiries et d’oriflammes colorées.
La myriade de couleurs happe son regard, si habitué aux tons rouges des profondeurs de la montagne. Brisetout s’approche pour mieux les dévorer des yeux, mais son excitation est telle qu’elle laisse échapper une langue de feu, qui lui lèche le museau et s’étend devant elle. En moins de temps qu’il lui en faut pour fuir, les flammes envahissent le mur et frôlent le plafond. Deux mains l’attrapent alors et l’emmènent à l’écart, vers l’escalier et vers la quiétude de son nid – c’est le prince Palkor qui vient à son secours.
Il sait que la dragonne ne craint rien des flammes, mais il espère lui épargner la colère de son père. Profitant de ce qu’il est seul, il la serre dans ses bras. Brisetout gronde de plaisir et se laisse bercer le temps de la descente. Ils arrivent près de la couveuse, où Braise se ronge les sangs. Avant que le prince reparte, la jeune dragonne lui rend un peu de son affection : elle lui lèche le visage, ignorant les cris de l’éleveur, bientôt accompagnés par les hurlements de Palkor.
*
Le seigneur Nardalon tempête à quelques pas du nid. Il va et vient furieusement sans jamais cesser de rugir.
— Sans son œil, mon fils, mon unique descendant n’est plus que la moitié de lui-même… Défiguré par ce monstre ! Donne-moi une raison, éleveur, de ne pas te faire payer cette erreur ! Si dès leur plus jeune âge ils osent te défier, comment pourrais-je jamais m’assurer leur concours ? Entends-moi bien, car je ne me répèterai pas : je ne tolèrerai pas que ces dragons survivent si tu ne fais pas d’eux mes esclaves dévoués…
— Seigneur, cette couvée est de la lignée de Marnoth le Millénaire – sa fureur était telle qu’il fallut plus de mille hommes pour en venir à bout. Je vous en conjure, ne songez pas à dompter si noble progéniture !
Un rictus mauvais enlaidit le visage de Nardalon lorsqu’il jauge Brisetout, puis son fils.
— Fais-les s’approcher, qu’ils profitent tous de cet enseignement. Toi aussi, éleveur, car tu as beaucoup à apprendre…
Braise n’a d’autre choix que d’obéir – il rassemble les dragonnets à quelques mètres de son roi. Les six créatures dodelinent leurs visages curieux, mais attendent sans broncher. Sur un geste de son père, Palkor agrippe la femelle et l’écarte du groupe. Elle se débat tant et si bien qu’elle parvient à se libérer, mais deux soldats viennent en aide au prince et immobilisent la dragonnette. Ils écrasent sa tête au sol et étendent ses ailes de part et d’autre de son corps, souillant leurs membranes translucides.
Les grands yeux de Brisetout sont gonflés de curiosité tandis que Nardalon approche, un marteau de forge à la main.
— Que cette leçon vous inculque l’importance de toujours servir les intérêts de votre seigneur et maître… Si vous me défiez, je vous briserai.
Il porte un regard glacial vers la minuscule dragonne. Elle a déposé son menton écailleux sur la roche et elle lui sourit, opposant au roi furieux sa naïve candeur.
— Tu as marqué mon fils à vie, il n’est que justice que je t’en fasse autant.
Le bras de Nardalon est prêt à frapper quand Palkor l’interrompt. Le visage du prince est pansé, masquant tout de sa peau flétrie.
— Père ! Êtes-vous certain qu’elle ne nous serait pas plus utile…
— SILENCE ! C’est une balourde et une trublionne, mais c’est une femelle : avec ou sans ses ailes, elle fera son office.
*
Journal de Braise – huitième lune.
Si je devais rendre l’âme aujourd’hui, je n’oserais me présenter aux portes de l’Armèva. Mes ancêtres auraient honte de ce que j’ai fait de leur legs – de ce que j’ai laissé faire aux derniers des dragons. J’ai attendu ce jour tout au long de ma vie, mais mes regrets me consument tel un feu insatiable.
Désormais, mon seigneur Nardalon me fait quotidiennement l’honneur de sa présence en ce lieu. Doute-t-il de ma loyauté ? Je suppute qu’il n’a foi qu’en sa propre perversité pour faire de mes malheureux dragonnets les bêtes serviles qu’il désire. Il corrompt leurs cœurs chaque jour un peu plus et je ne peux rien y faire si ce n’est contempler le funeste avenir vers lequel il les pousse. Le prince Palkor fut longtemps mon unique espoir, mais son accident l’a aigri – il aurait pu guérir si son père n’avait pas envenimé ses plaies et attisé son ressentiment. Il suit désormais la même pente abyssale.
Encouragé par le roi, Pestilence a renforcé sa domination sur le nid.
Guerre et Mort sont les seuls à oser lui tenir tête, mais ils ne sont que muscles et ne font pas le poids.
Famine est devenu le pion de Pestilence – il marche dans son ombre, l’échine courbée, et obéit au moindre cri.
Chaos a souffert de la défection de Famine, avec qui il passait le plus clair de son temps. Désormais, il se fait plus discret, mais je vois aux regards que lui lance Pestilence que son isolement ne durera plus.
Pourtant, il est une occupation qui les rassemble tous les cinq : il ne se passe plus un jour sans qu’ils persécutent Brisetout. Nardalon les y encourage, récompensant toujours leurs accès de cruauté. Je suis intimement convaincu qu’elle pourrait se défendre, mais son cœur n’y est pas. Comment le pourrait-il ?
Elle mange trop peu, ses yeux autrefois si curieux ont perdu leur étincelle, et elle ne quitte plus les sables de la couveuse. La nuit, je l’entends sangloter lorsque toute sa fratrie s’est enfin endormie et que l’ossature de ses ailes lutte pour se remettre en place.
Pourtant, mon cœur me murmure qu’il n’y a d’espoir que pour elle…
Bientôt, mon seigneur Nardalon exigera d’emmener avec lui ces malheureuses créatures – je le sais, je le vois à ses regards avides, sa patience est à bout. Lorsqu’il les aura séparées et arrachées au nid, il n’aura aucun mal à miner ce qu’il reste de leur volonté.
Je ne peux le laisser faire…
*
Dans les profondeurs de la montagne écarlate, à l’entrée de la couveuse, trois vassaux suent à grosses gouttes en écoutant leur suzerain.
— J’ai veillé en personne à leur éducation, mais elle reste à parfaire. Aujourd’hui, vous quitterez chacun ce lieu avec l’un de mes dragons. Votre tâche est évidente : brisez-les si nécessaire, mais faites d’eux les instruments de ma toute puissance. Vous connaissez mes exigences en matière d’obédience et je n’ai pas à vous rappeler qu’il serait de très mauvais ton que vous me déceviez.
Les nobliaux hochent la tête en grimaçant – ils clignent abondamment des yeux pour tâcher de les laver des vapeurs sulfureuses.
— Rinark, vous emporterez Guerre. Apprenez-lui à semer la dévastation sur les plaines et les champs. Flédour, je vous accorde Mort. Qu’il domine les mers et protège nos côtes. Silèmne, Chaos vous accompagnera dans les ombres de nos cités. Mon fils, je te fais don de Famine. Quant à moi, je choisis Pestilence.
Les vassaux se gardent bien d’aborder le sujet de la jeune dragonne qui attend de côté. Au son des geysers de magma qui explosent dans le lointain, leurs dragonnets viennent à eux et ploient les pattes en grondant. Nardalon fait volte-face et s’en va vers l’entrée, maladroitement poursuivi par sa bête pataude.
— Attendez !
Braise barre la sortie, une main gantée brandie. Aux sourcils froncés de son roi, il bredouille en hâte :
— Ma tâche ici est terminée, mais je ne peux vous laisser quitter ce lieu sans vous faire don d’un secret jalousement gardé par mes ancêtres dragonniers. Il existe un moyen d’attiser les fournaises qui dorment dans leurs entrailles…
Il soulève alors le couvercle d’un tonneau de fonte dont les parois rougeoient au contact du sol. Il y plonge son bras ganté et en sort une boule de suie à l’allure répugnante. Pestilence la renifle et renâcle de dégoût, puis il se réfugie derrière les jambes de Nardalon. Le roi jette au pleutre un regard courroucé et lui intime d’un geste qu’il n’a pas le choix. Son murmure extatique accompagne les premières mastications de Pestilence.
— Vos brasiers traceront les nouvelles frontières de ce monde… Qu’attendez-vous, vous autres ? Avalez-moi ça ! Mangez-en même deux !
Les quatre dragonnets avancent avec réticence et gobent les boules que leur tend l’éleveur. Brisetout en profite pour quitter la couveuse et s’approcher à pas timides, les yeux emplis d’espoir, mais le roi éclate de rire et l’arrête d’un geste.
— Où crois-tu aller, balourde ? Il n’y en a pas pour toi, quel gâchis ce serait…
Le tonneau de Braise se vide et la procession de nobles et de dragonnets quitte les lieux au rythme des mâchouillages.
*
Une larme brûlante coule le long du museau triangulaire de Brisetout. Le départ de sa fratrie marque la fin des persécutions, mais il sonne aussi le début du froid de la solitude. Malgré les grondements perpétuels qui habitent la caverne, le silence de la couveuse écorche ses tympans. Elle s’effondre de tristesse dans le nid déserté, son menton sur le sable.
Elle ne réagit même pas lorsque Braise s’approche d’elle et s’assied à ses côtés. Le rouquin enlève ses gants et lui gratte la mâchoire. Sa main poursuit sa course le long des crêtes osseuses qui parsèment son dos, puis elle s’arrête sur les délicates membranes de ses ailes. La dragonne frémit, mais elle laisse faire l’éleveur, qui se penche et chuchote.
— Je ne pourrai peut-être jamais te rendre ce qui t’a été pris, mais je te promets que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour réparer ton cœur. Quitteras-tu cet endroit maudit avec moi ?
Après un moment de réflexion, Brisetout se relève et penche la tête de côté. Elle tend le cou vers la sortie qu’ont emprunté ses frères, mais Braise la retient et reprend tristement :
— Je ne peux plus rien pour eux, ils sont déjà perdus…
Elle émet un sifflement mélancolique qui embrume les yeux de l’éleveur.
— J’aurais aimé pouvoir faire davantage…
Brisetout reste tétanisée tandis que Braise se lève et se penche vers elle. La dragonne redoute de poser une patte hors des sables du nid, qui sont la seule protection qu’elle a jamais connue. Prenant soin de ne pas blesser son ami, elle enroule sa queue autour de son cou et s’installe dans le haut de son dos. Elle frotte son menton sur la clavicule de l’homme.
— La chose est peu connue, mais ce n’est pas la première fois que la race des dragons s’approche de l’extinction. Je te conterai bientôt l’histoire d’une de tes plus célèbres ancêtres – une dragonne majestueuse qui vécut seule durant des siècles, avant de semer aux quatre coins du monde la plus glorieuse des descendances. Un jour, comme elle, tu donneras la vie à une nouvelle lignée.
Il la sent ronronner tandis qu’ils s’éloignent ensemble. Lorsqu’ils approchent de l’arche menant à l’extérieur, Brisetout gémit en pointant son museau vers le tonneau de fonte.
— C’est bien la seule chose pour laquelle Nardalon n’avait pas tort : ce n’était pas pour toi. Les dragons n’ont besoin d’aucun artifice pour attiser leur foyer, mais il est parfois nécessaire de combattre le feu par le feu.
Au regard curieux de Brisetout, Braise répond d’une caresse et d’un sourire. Il se remet en marche tandis que cinq hurlements déchirants suivis de cinq explosions font trembler les murailles du château de Nardalon. L’éleveur et sa dragonne disparaissent dans les boyaux étouffants de la montagne écarlate.
Ou en PDF http://www.phenixweb.info/sites/default/files/Coquilles-de-braises-Xavie...
Ajouter un commentaire