Disparus du Clairdelune (Les), La passe-miroir T2

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Christelle Dabos a été révélée en 2012 par le concours du premier roman jeunesse de Gallimard, avec « La passe-miroir ». Trois ans plus tard, voici la suite des aventures d’Ophélie, sa jeune héroïne.

Si vous n’avez pas eu l’occasion de lire ce premier tome, un petit rappel en début d’histoire, «  Souvenirs du Livre 1 »,  permet de se situer par rapport à l’intrigue générale.

Ophélie possède donc la faculté très rare de se déplacer à travers les surfaces réfléchissantes. Dans le livre 1, elle est contrainte à un mariage, arrangé par les doyennes de l’Arche familiale d’Anima d’où elle est originaire, avec l’un des derniers héritiers du clan des Dragons, sur la lointaine Arche du Pôle.

Son fiancé, l’énigmatique et peu sympathique Thorn, l’introduit à la cour de Farouk, le puissant esprit de famille qui règne sur la Citacielle,  une cité volante tissée d’illusions et bâtie sur des distorsions spatiales.

En plus de son don de passe-miroir, Ophélie est une lectrice de grand talent – elle sait remonter dans le passé émotionnel des objets. Ce pouvoir l’expose à nombre de menaces, car certains, semble-t-il, n’ont pas intérêt à ce qu’elle lise le Livre de Farouk – un ouvrage très mystérieux qui recèle de dangereux secrets.

Pour échapper aux redoutables intrigues qui sévissent à la cour en attendant son mariage, Ophélie s’est déguisée en domestique.

Nous la retrouvons alors qu’elle doit être enfin présentée à Farouk.

J’ai eu beaucoup de plaisir à plonger dans ce roman à la fois dépaysant drôle, même s’il n’est pas exempt d’une part sombre – rassurez-vous, rien qui puisse attrister les jeunes lecteurs à qui l’histoire est initialement destinée.

Pour commencer, la couverture et les illustrations de Laurent Gapaillard sont très jolies et tout à fait dans l’esprit de l’univers de Christelle Dabos. Ensuite, il y a ce ton sans aucune fausse note, qui donne une touche si singulière à l’ensemble. Le tout fait bien ressortir les ambiances un peu steampunk et rétro, parfois carrément surréalistes, avec ce petit côté Alice aux pays des merveilles et studio Ghibli – en fait, les références visuelles ou littéraires sont très nombreuses, mais elles sont dosées de telle sorte que le mélange final est unique et, pour tout dire, délicieux. J’ai énormément aimé cette liberté d’imagination, ce pur plaisir de voyager dans un monde hors des tristes lois de la raison.

Autre point fort, l’héroïne, Ophélie. Elle est aux antipodes des archétypes qui peuplent les sagas de fantasy, ce qui m’a aussi beaucoup plu. Ophélie est timide, maladroite, peu sûre d’elle, mais elle arrive à surmonter sa peur quand elle se retrouve acculée à des extrêmes et surtout, lorsqu’il s’agit de sauver ou défendre ceux qui lui sont chers. Elle ne cède ni aux sirènes de l’hypocrisie ni à celles de la facilité, restant fidèle à elle-même et à ses valeurs. On la voit qui tremble, qui s’empêtre, qui se fêle une côte, qui oublie de s’habiller et s’enrhume, bref, dans toutes sortes de situations cocasses. J’ai eu plaisir à suivre son évolution, d’autant qu’on ne sait jamais si elle va sortir victorieuse des épreuves qu’elle va affronter.

Et des épreuves, il y en a, et à foison ! Bon, j’avoue avoir mis un peu de temps à m’immerger dans ma lecture car j’avais le sentiment d’être ballotée de droite à gauche sans trop comprendre où tout cela allait me mener ; mais une fois les différents éléments de l’intrigue bien en place, je n’ai plus lâché le livre, curieuse que j’étais de découvrir le fin mot de cette mystérieuse histoire de disparitions. Et je n’ai pas été déçue, car la fin est un feu d’artifice de révélations toutes plus étonnantes les unes que les autres, chacune ayant leur logique propre dans l’univers créé par l’auteur.

Bref, pour résumer : un roman jeunesse original, charmant, avec une héroïne très attachante. A lire absolument si vous aimez les jolies plumes francophones et la fantaisie au sens premier du terme.

Les disparus du Clairdelune, La passe-miroir T2 par Christelle Dabos, Gallimard Jeunesse

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