Héritier de Kushiel (L'), Imriel T1
L'héritier de Kushiel nous plonge dans l'histoire d'Imriel, prince aux origines troubles et tourmentées.
Fils de Mélisande, une femme manipulatrice et traîtresse au trône, Imriel est adopté à la fin de son enfance par Phèdre et Joscelin, deux nobles de Terre d'Ange qui se chargent de son éducation. Imriel, dont le cœur et les désirs balancent entre ses parents adoptifs et les envies qui coulent dans son sang, essaye de trouver sa place parmi les siens. Ce premier tome est consacré à son adolescence et décrit les tourments et les voyages qui la peuplent, des intrigues à la cour de Terre d'Ange dont il est l'héritier aux quelques aventures qu'il vivra loin des siens.
Le roman fait visiblement suite à une trilogie (que je n'ai pas lue) consacrée aux événements antérieurs à l'adolescence d'Imriel.
La première partie du roman (environ 400 pages) s'ouvre sur le début de cette adolescence. Les chapitres se lisent plutôt bien mais il s'y passe relativement peu de choses, et j'ai trouvé qu'un certain nombre de passages auraient pu être supprimés. On attend un événement déclencheur, celui qui fera basculer la vie du héros, mais l'hitoire ne commence jamais vraiment avant la deuxième partie du roman. Une fois encore j'ai trouvé que cela se lisait relativement bien, mais il y a toujours des longueurs. Certains chapitres comportent pourtant de très bonnes scènes d'action extrêmement prenantes, rares moments où j'ai vraiment eu du mal à relever les yeux de mon livre. Ces moments sont malheureusement trop peu nombreux, et la fin s'éternise sur des passages au cours desquels je me suis frachement ennuyée.
Un roman "sexy", nous dit la quatrième de couverture : ce dernier est en effet parsemé de scènes de sexe plus ou moins érotiques, dont certaines ne sont malheureusement pas sans rappeler la misogynie totalement rétrograde de 50 nuances de grey (ce vieux principe du mâle complètement dépassé par ses pulsions de domination face à des femelles toujours enchantées de s'y soumettre, le tout justifié par une vague culpabilité). Des pseudo valeurs en vogue sont également effleurées au cours de l'oeuvre (droit des femmes et des homosexuels et j'en passe), hitoire de donner à l'ensemble un petit côté moderne. Enfin l'auteur a pris le parti de s'inspirer de cultures pré-existantes (culture romaine, nordique etc.) pour décrire les civilisations étrangères à celle du héros, ce qui m'a un peu dérangée (comme je l'expliquerai plus loin).
Côté personnalité, celle des personnages est dégrossie de façon plutôt sommaire : chacun est défini par quelques traits principaux qui sont rappelés tout au long du roman, mais on n'y trouve pas de véritable psychologie - cette dernière n'est malheureusement qu'effleurée.
Pour terminer avec les points négatifs, à mes yeux la véritable faiblesse de ce livre réside dans le style. Ce dernier est beaucoup trop facile, ce qui devient vite très irritant. Tout d'abord le traducteur a pris le parti de respecter scrupuleusement la grammaire française, ce qui implique dans un récit au passé l'utilisation de subjonctifs imparfaits... Hélas, "il nous répartit par binômes de niveau afin que nous nous exerçassions", ça casse un peu le rythme et ça m'a plus souvent donné envie de rire plus qu'autre chose. De trop nombreuses parenthèses viennent églalement gâcher la lecture par des digressions dont on ne voit pas toujours l'intérêt (les parenthèses servent justement à préciser quelque chose qui n'est pas indispensable, alors pourquoi en utiliser à chaque page ?). On trouve aussi de nombreux adjectifs placés avant le nom, ce qui donne un côté un peu précieux (et risible) tels que "le doux regard", "la fluide obsidienne" ou encore "l'humaine nature", sans compter certaines comparaisons qui frôlent le ridicule ("son regard [...] luisant et profond comme un lac au milieu d'une forêt", "ses cheveux auburn [...] de la couleur d'un feu couvant"). Enfin j'ai trouvé que le texte souffrait de répétitions beaucoup trop nombreuses.
Certains aspects de ce roman m'ont plu malgré tout.
On se prend à aimer les habitants et les valeurs de Terre d'Ange, même si ces dernières sont parfois stéréotypées.
Le récit est de plus ponctué de légendes et de références aux aventures précédentes des héros, qui m'ont davantage donné envie de découvrir le passé d'Imriel que son futur : les intrigues sont bonnes et certaines m'ont paru plutôt originales.
Enfin le véritable point fort de ce roman réside pour moi dans les scènes d'action qui sont très prenantes et desquelles on a du mal à décrocher.
Pour conclure, ce livre ne m'a pas tout à fait convaincue.
J'attends d'un bon roman de fantasy soit qu'il soit riche en aventures et en action, soit que la psychologie des personnages y soit travaillée (voire les deux si c'est un très bon roman). Si je me laisse embarquer par l'histoire, je ferai moins attentions aux faiblesses des personnages et inversement : si les personnages sont forts et leur personnalité creusée, les longueurs me gêneront moins. Mais ici on ne trouve malheureusement ni l'un ni l'autre.
Le parti pris de l'auteur de s'inspirer de cultures pré-existantes m'a également dérangée : j'attends aussi d'un roman de fantasy qu'il me fasse oublier la réalité et me transporte dans un univers original. Ici, trop de choses sont reprises de notre monde et de notre histoire, ce qui m'a donné l'impression que l'auteur n'était pas assez imaginative pour créer la sienne.
Je ne suis donc pas certaine de réitérer l'expérience.
Imriel 1 - L'héritier de Kushiel par Jacqueline Carey, traduit par Frédéric Le Berre, illustré par Anne-Claire Payet, éditions Bragelonne (Milady).
Commentaires
Retour de votre critique
Bonjour,
Je ne suis pas du tout en accord avec vôtre critiques pour plusieurs raisons, je vais m'expliquer, pour ma part vous êtes totalement hors sujet mais celà est dû au fait que vous n'avez pas connaissance de la première Saga qui amène à celle-ci. La première Saga est politique tout comme cette Saga, il ne faut pas voir se livre comme fantastique, certe les livres en contiennent mais c'est bien trop Léger pour le définir comme telle. Vous dites qu'au début du livre il se passe peu de choses et qu'on attend l'élément déclencheur, si vous aviez lu les précédents livres vous auriez su que ce moment est une pose nécessaire pour les protagonistes et les lecteurs après des épisodes extrêmement difficiles et que cet élément déclencheur à déjà eu lieu. La saga fait suite à cet élément déclencheur.
Alors, sur ce qui est du point de la la sexualité et de son approche, encore une fois ne pas avoir lu la première Saga vous handicap énormément. Le livre est basé sur les pulsions assouvies des personnages et pas que sur l'aspect sexuelle. Les libertés ici sont ce qu'elles sont, on ne fait pas forcément une œuvre littéraire comme la société le veux, c'est là tout l'intérêt de se plonger dans un univers et non dans l'univers qu'on souhaiterait voir, il y a une différence entre la fiction et la réalité.
Sur la description des personnages, la moitié est déjà présente dans les tomes précédents.
Après sur la manière d'écrire, on aime ou on aime pas là-dessus libre à chacun.
La Richesse de ses tomes est politique, ce sont les intrigues politiques qui dirigent la trames et non les aventures fantasy et parceque celà n'est pas en premier lieu un livre fantasy. Par contre je vous suis totalement, les scènes d'actions sont vraiment excellentes.
Malheureusement, pour moi vous êtes passé à côté d'une excellente saga ! Pourquoi avoir commencé par la deuxième partie ? J'aime les personnes qui donnent leurs avis mais dans ce cas là elle n'est pas justifiée. Vous ne pouvez pas écrire une critique en ayant loupé la première partie, ça vous rend hors sujet et le portrait que vous faites du Livre est biaisé.
Si vous avez l'occasion de lire les premiers Tomes peut être que vous comprendrez mon retour sur votre critique.
Bonne continuation.