10 séries à voir avant de mourir (2)
Breaking Bad (5 saisons)
Un professeur de chimie, condamné à court terme par un cancer du poumon, s’improvise fabricant de méthamphétamine pour laisser à sa femme et à son fils handicapé un pécule après sa mort. La série, à la fois énorme succès critique et commercial, entraîne le spectateur avec un art consommé dans la lente mutation d'un brave père de famille en parrain de la drogue redoutable. Hormis l’écriture scénaristique impeccable et originale, la justesse des acteurs et l’équilibre parfait de la série (5 saisons, point-barre, malgré les tentations qui ont dû être fortes de rallonger la sauce), c’est la fascination pour ce docteur Jekyll contemporain qu’est Walter White (incarné magistralement par Bryan Cranston) qui fait la force de Breaking Bad. L’identification au personnage principal prend racine dans le désir obscur de chacun de boire la potion capable de transformer le bon Jekyll en terrifiant Mister Hyde, le brave professeur White en mystérieux et inquiétant Heisenberg (son pseudo de dealer). A noter que Breaking Bad est entré dans le livre des records en obtenant la note de 99/100 décerné par le site Metacritic, un score jamais obtenu qui sous-entend que pour Metacritic, Breaking Bad est la série parfaite.
Game of Thrones (cinquième saison en préparation)
Me voilà en train de déroger à la règle que je m’étais moi-même fixée pour ce palmarès : ne sélectionner que des séries achevées. Mais il est bien difficile de laisser de côté le phénomène Game of Thrones (du coup, je fais la même entorse pour toutes les séries dont la critique suit) ! A l’origine d’un engouement planétaire qui provoque une frénésie de téléchargements, Game of Thrones est avant tout une excellente adaptation. Les lecteurs de la saga de George R.R. Martin doivent trouver bien peu à redire (il y a cependant toujours des grincheux). L’univers de Fantasy très original de cet auteur est parfaitement restitué, grâce à un excellent casting (Peter Dinklage prodigieux en Tyrion Lannister notamment), un scénario intelligent respectueux du rythme de l’histoire et déjouant habilement les difficultés posées par le roman (qui sont nombreuses), plus des moyens importants esquivant le piège de la Fantasy en carton-pâte (le genre est coûteux à porter à l’écran). Le résultat est magique (sauf pour les allergiques au genre). Le bonus avec Game of Thrones : si vous avez des gamins en âge de la suivre, lisez le roman (de préférence en anglais pour avoir encore plus d’avance sur la série) et menacez-les de spoiler l’histoire en cas de conflit (technique éprouvée déjà par des enseignants) ; le pouvoir que cela vous donnera sur eux est incommensurable.
Sons of Anarchy (septième et dernière saison en cours)
Série en cours également (mais la dernière saison est en train de s’achever, ce qui est loin d’être le cas pour Game of Thrones), Sons of Anarchy est une sorte de tragédie grecque chez les bikers californiens, avec le journal d’un défunt dans le rôle du chœur. Si cette série a en commun avec The Sopranos le fait de tirailler les personnages entre leurs liens affectifs et leur business illégal, la comparaison s’arrête là. Le SAMCRO (Sons of Anarchy Motorcycle Club Redwood Original) n’est pas la mafia du New Jersey. Les blousons de cuir ornés d’une « faucheuse » remplacent les costumes de luxe, les tatouages exubérants, crânes rasés ou coupes hirsutes donnent une tout autre allure aux personnages et les règlements de compte sont loin d’être discrets. Sons of Anarchy est une série sur-vitaminée, à l’intérieur de laquelle des intrigues multiples s’entremêlent en permanence et se résolvent à une cadence infernale. La pression ne se relâche jamais sur le spectateur, comme elle ne se relâche jamais sur les protagonistes de l’histoire, aspirés en permanence dans une spirale de violence, au sein de laquelle ils tentent désespérément de se raccrocher aux règles du MC (Motorcycle Club), cette utopie à laquelle ils tiennent plus qu’à leur propre vie.
The Big Bang Theory (huitième saison en cours)
Sitcom avec rires du public en fond sonore, cette série avait a priori tout pour me rebuter. Mais une fois embarqué avec cette bande de geeks au QI surdimensionné, pourtant désespérément puérils, monstrueusement complexés et extraordinairement imbus d’eux-mêmes, impossible de les lâcher ! A noter que les rires que j’ai évoqués ne sont pas enregistrés et plaqués sur la bande-son, mais qu’il s’agit des rires d’une salle pliée en deux assistant vraiment au tournage comme au théâtre. Le docteur Sheldon Cooper (formidablement incarné par Jim Parsons), physicien génial abominablement prétentieux, anorexique sexuel, maniaque et obsédé par les trains et les conventions Star Trek, domine de sa silhouette dégingandée la galerie de personnages de The Big Bang Theory, tous plus hilarants les uns que les autres et dont le plus original, une mère juive caricaturale, accomplit la performance d’être particulièrement envahissant tout en étant en permanence réduit à une voix (on ne voit jamais l’actrice, on l’entend seulement). S’il est fortement conseillé de regarder toutes les séries en VO, c’est absolument indispensable pour The Big Bang Theory. L’effroyable doublage français transforme la série comique la plus drôle que je connaisse en brouet insipide.
Supernatural (dixième saison en cours)
Pour ceux qui pratiquent ou ont pratiqué les jeux de rôles, il est possible que cette série vous rappelle quelque chose. Les frères Winchester commencent la première saison en traquant ici un wendigo, là un fantôme. Peu à peu, ils se trouvent impliqués dans des quêtes bien plus ardues, impliquant des conflits entre anges et démons (progression classique d’un personnage de jeux de rôles). Je dois avouer que j’ai hésité longtemps pour choisir la dixième et ultime série de ce palmarès. Supernatural a pour handicap d’en être arrivé à sa dixième saison. C’est un gage de succès commercial, mais le bon équilibre pour une série réussie se situe en général autour de 5 ou 6 saisons. Au-delà, il devient très difficile de se renouveler. Pourtant, il m’a paru impossible de ne pas sélectionner cette série addictive et très bien construite. Et pour un écrivain de SFF, ne choisir que Game of Thrones pour représenter le triptyque SF-Fantastique-Fantasy était plutôt gênant. Il n’en reste pas moins que porter à l’écran n’importe lequel de ces trois genres est bien plus difficile que de créer une série policière ou une sitcom. La réussite de Supernatural méritait donc amplement d’être saluée. Une fois accroché par l’intrigue, le spectateur suit avec plaisir les pérégrinations de Sam et Dean dont le job de chasseurs de créatures surnaturelles offre des garanties en matière de scènes spectaculaires. Jared Padalecki et Jensen Ackles assurent parfaitement dans le rôle des frères Winchester, tout en se faisant un peu voler la vedette par Misha Collins, incroyable en ange au look d’inspecteur Colombo.
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