Volontaire désigné
Ces souvenirs de guerre(s) d’un vétéran doivent venir d’un monde futur, puisqu’il y est fait allusion à des armes anciennes, disparues au moment des récits, comme les « volants », ou à des territoires devenus inhabitables, vitrifiés et infestés de « rads ». Mais le thème de base est la permanence de l’esprit militaire, et particulièrement celle de ses défauts, la hiérarchie qui fait passer l’obéissance avant la compétence et qui condamne le succès quand obtenu de façon non conforme aux ordres. Ces récits d’une guerre future, ou plutôt d’une guerre éternelle, posent comme base l’absence de changements profonds dans les mentalités, l’organisation des armées, le non-respect des « règles » et l’hypocrisie des dirigeants. Que si certaines améliorations peuvent disparaître, les aggravations, elles, sont « provisoires » donc ne disparaissent pas. Et que, dans cette guerre permanente (mais toute vie n’est-elle pas une forme de guerre ?), un seul impératif se maintient : survivre. Celui qui disparaît a perdu, les souvenirs qu’il peut laisser n’ont rien de permanent...
Le narrateur a atteint le seul but possible à sa carrière : il a survécu et atteint l’âge de la retraite. Et ce qu’il explique à travers ses souvenirs des horreurs, ridicules et atroces, qu’il a vues, c’est qu’il ne peut pas y avoir d’autre but à la vie d’un militaire. Et pour les civils ?
Volontaire désigné, par Pierre Stolze, Éditions Armada, 2013, 190 p., 10€, ISBN 979-10-90931-20-6