Horizon de cendres (Un)

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Premier jour : Au loin, il y a votre voisin. Vous lui faites un signe. Jusqu’au moment où vous réalisez qu’il est décédé depuis des semaines…

Troisième jour : la télé enchaîne les émissions spéciales : partout dans le monde les morts reviennent. Apathiques, ils errent au royaume des vivants…

Cinquième jour : paralysé de trouille et de dégoût, vous regardez votre femme serrer dans ses bras, au beau milieu de votre salon, une chose qui, un jour, fut sa mère…

Huitième jour : votre femme vous a quitté après que vous avez réduit en cendres l’ignominie qu’elle appelait « maman ».

Neuvième jour : la télé diffuse un reportage au cours duquel on voit une de ces choses dévorer un chat vivant…

Ils sont désormais des millions et vous ne vous posez qu’une question : mon monde n’est-il pas désormais le leur ?


Un horizon de cendres de J.-P. Andrevon met en scène des zombies mais ce petit roman est antérieur à la vague actuelle qui envahit nos écrans et nos librairies.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la plume de Monsieur Andrevon n’a rien perdu de sa verve. Alternant scènes d’anthologie et humour caustique, nous allons assister à la déliquescence de la société telle que nous la connaissons.

Le livre est divisé en trois parties distinctes : Dehors, Dedans, Dehors à jamais.

Dans la première partie, nous suivrons le héros de l’histoire qui débute le roman dans son milieu familial avec son épouse Emilie et sa fille Clémentine ainsi que dans son milieu professionnel, le crématorium. Quel meilleur endroit pour planter le décor des bouleversements qui vont à jamais changer le quotidien de la population mondiale.

Le génie de J.-P. Andrevon se trouve dans le caractère évolutif de ses zombies. Au départ, ils n’ont aucune considération. Ce sont juste des morts et non des personnes. L’auteur place cette distinction dans l’échange verbal entre Clémentine et sa mère : « Papa ne brûle pas des gens… il brûle des morts ».

Mais les morts se réveillent en masse et font irruption dans la vie réelle sous forme d’un voisin décédé, d’une belle-mère passée de vie à trépas après une longue maladie. Les réactions de certains personnages sont très intéressantes. Ils sont partagés entre le désir de se débarrasser de ces créatures d’outre-tombe et celui d’en prendre soin en vertu des liens familiaux qui les ont jadis unis. Ce dilemme entre raison et sentiments est jouissif.

On assiste à l’éclatement de la cellule familiale du héros. En même temps, brûler une belle-mère envahissante dans son garage n’est pas l’idéal pour garder la famille unie.

Tout au long du récit, nous avons droit aux pensées du héros, tantôt drôles tantôt emplies de peur, pour finalement aboutir au désespoir.
Dans la seconde partie, nous serons dans un camp improvisé. C’est le siège d’un groupe de citoyens bien décidés à défendre leur territoire contre les zombies. Nous serons témoin des relations naissant entre des personnages que tout semble opposer. Nous assistons également à l’évolution proprement dite de ces morts-vivants qui, par on ne sait quel phénomène, se mettent à refaire les gestes qu’ils faisaient de leur vivant. Nous avons donc droit à une forme d’évolution accélérée qui a fait de l’homme ce qu’il est aujourd’hui.

Et c’est justement cette évolution qui va trouver son apogée dans une courte troisième partie surprenante en forme d’épilogue.

Un excellent roman à découvrir sans hésiter ! Un gros coup de cœur !

Jean-Pierre Andrevon, Un horizon de cendres, 256 p., Pocket

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