Ombre du corbeau (L')
Cette BD est une réédition d’une œuvre parue en 1976-1977 dans Tintin. A l’époque son côté sombre et très adulte n’avait pas beaucoup séduit et le projet d’une suite avait avorté.
L’histoire de ce soldat allemand, au nom compliqué de Goetz von Berlichingen, dernier survivant d’une attaque pendant la Première Guerre mondiale, a de quoi surprendre.
D’abord, entièrement en noir et blanc, avec des cases remplies de détails qu’il faut scruter pour tout voir, jusqu’à la nausée. Car même sans le rouge du sang, les cases de guerre sont dures, pleines de mort, de corps. Les détails y sont, parfois hachurés avec des densités différentes, du blanc intégral, juste borduré, au noir de remplissage.
Ensuite parce que cette métaphore de la mort, celle qui gagne toujours son combat mais qui ratisse avec trop de facilité dans le contexte historique, est du domaine du fantastique. L’histoire de l’ancêtre, les facettes de la mort et le destin sous les trait d’un enfant capricieux, tout est à la fois cruel et onirique.
Les traits des visages des adultes sont anguleux, ceux des enfants, tout aussi monstrueux, sont arrondis. On sort de la lecture avec au moins autant si pas plus de question : un rêve, un cauchemar, l’effet de la fièvre, quid ?
La longue et intéressante préface est de Thierry Bellefroid : elle permet de mieux situer l’œuvre dans la vie de son auteur et son impact sur les premiers lecteurs.
Surprenant, j’ai lu d’une traite.
L’ombre du corbeau
Scénario et dessin : Comès
63 pages
Edition : Casterman
2012