Rétrocomics
Il y a de cela pas mal d’années, un ami avait trouvé un coffre contenant un paquet de numéros du journal « L’illustration » datant des années trente. Pour le passionné d’Histoire que j’ai toujours été, c’était une mine d’or qu’il avait découverte là.
Si je raconte cette anecdote, c’est parce que je rêve qu’il m’arrive la même chose, avec un coffre qui contiendrait les comics aujourd’hui disparus dont je vais parler maintenant. Bien sûr, je souhaite à beaucoup de faire cette même découverte. Et faute d’y parvenir, il nous reste toujours les bouquinistes, les brocantes, voire les braderies ou les petites annonces, et évidemment internet.
L’après-guerre fut une période durant laquelle la science-fiction connut un essor particulier, et notamment une science-fiction s’adressant a priori à un jeune public. Et celle-ci se développa sous forme de bandes dessinées, de comics à l’européenne. On créa alors un tas de personnages, mais aussi de revues, qui devaient perdurer durant les années cinquante, et parvenir sans encombre aux années soixante où je les découvris.
« Atome Kid » fut l’une d’entre elles. D’après mes recherches, elle est parue apparemment de 1956 à 1959. Je me souviens pourtant d’avoir lu plusieurs de ses numéros vers 1961/1962. Mais peu importe, l’intérêt est que cette revue narrait les exploits d’Atome Kid, une variante de Batman, muni d’un propulseur dorsal et d’un pistolet paralysant. C’était en fait un bon western des temps modernes. Redresseur de torts, Atome Kid évoluait dans un univers où se mélangeaient des engins spatiaux et une esthétique rock’n’rollienne, très années cinquante, dans les costumes et l’art de vivre. Atome Kid, lui, tranchait quand même avec sa combinaison qui devient tout à fait à la mode de nos jours. Il faut dire que ses missions pouvaient le propulser dans l’espace le plus lointain.
Sous le crayon du Niçois Raoul Giordan, « Météor » vit le jour, et plus particulièrement « Les conquérants de l’espace », en l’occurrence le Dr Spencer, et ses deux compagnons Spade et Texas. Née en 1953, cette équipe ne fut pas gênée de gagner la Lune bien avant l’équipage d’Apollo XI, mais il faut dire que c’était à bord de leur super fusée « Space Girl », qui leur permit également d’explorer diverses galaxies.
Et nous arrivons à mon ami Tony Sextant. Je dis mon ami, car j’ai découvert ses aventures au tout début des années 60 dans l’hebdomadaire « Bayard », où je m’émerveillais de son expédition sur la planète Mars. Dans cette BD, Mars était tout à fait vivable, bien que les Martiens aient disparu, remplacés par une première génération de robots volants, qui furent bientôt attaqués par une seconde génération d’engins tout aussi extraordinaires.
Né sous le crayon de Julio Ribera, scénariste et dessinateur espagnol arrivé en France en 1954, Tony Sextant était un peu, question look, un mélange de Dan Cooper et de Michel Vaillant, un Michel Vaillant qui aurait abandonné sa F1 pour emprunter un astronef, direction les planètes lointaines.
Et n’oublions pas Superboy, le superman de Smallville qui, avec sa cape et ses deux rétrofusées accrochées à sa ceinture, pouvait allègrement voguer dans les airs et l’espace, et venir facilement à bout de ses ennemis.
Certains de ces personnages donnaient leur nom au comic comme Atome Kid et justement Superboy. D’autres se fondaient dedans comme le Dr Spencer avec « Météor », et d’autres encore avaient leurs aventures diffusées par le biais d’une revue, tels Tony Sextant avec « Bayard », ou « Les Pionniers de l’Espérance » avec « Vaillant ».
Dessinée par Raymond Poïvet et scénarisée par Roger Lecureux, la série commença dès 1945.
Missionnés par le Conseil Mondial, les Pionniers à bord de leur vaisseau l’Espérance, mirent le cap sur la planète Radias qui se rapprochait dangereusement de la Terre.
Et c’était parti pour l’aventure qui devait durer jusqu’en 1973, dans « Vaillant » d’abord, puis ensuite dans son satellite « Pif Gadget ».
Cette série a fait l’objet de rééditions dès 1984 et jusqu’en 1989 par les éditions Futuropolis, pour les périodes allant de 1945 à 1960.
C’est toute une époque qui défile avec ces comics, mais surtout et avant tout une époque de découvertes, d’inventions, de pionniers. Ces comics de SF constituaient, pour de jeunes lecteurs, une initiation remarquable, permettant d’aborder peu à peu les romans ou les nouvelles des grands maîtres du genre. On y découvrait des mondes fabuleux. On se baladait dans le cosmos, on visitait des planètes incroyables nées de l’imagination de tous ces auteurs qui avaient tout à bâtir, des mondes merveilleux, appartenant à coup sûr à la Fantasy que l’on ne nommait pas encore ainsi.
Pour ma part, je dois dire que toutes ces revues m’ont aiguisé l’imagination, m’ont fait passer des moments inoubliables, et peu après, eh bien, il y a eu Bob Morane, et Maître Vernes qui est venu ajouter son grain de sel.
J’ai sélectionné les revues qui m’ont le plus marqué. J’ai eu l’occasion d’en lire à l’époque deux autres : « Sidéral », et « Galaxie ». Je n’ai rien retrouvé sur elles ; la « Galaxie » de maintenant ne concernant pas la même revue.
Aussi, j’invite toutes celles et tous ceux, qui se souviennent de ces comics aux couvertures merveilleusement colorées comme des pochettes de 45 tours de stars de rockabilly, à se manifester pour apporter des compléments, des précisions, ou tout simplement pour en discuter.
Novembre 2006
Commentaires
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le 11 févier 2007 GILBERT
J’ai été abonné à "BAYARD", et j’aimerais bien relire les aventures de TONY SEXTANT, MIC et MAC...Les éditions du triomphe ont réédité THIERRY DE ROYAUMONT et BILL JOURDAN. Si vous savez où trouver d’autres de ces BD pouvez-vous m’informer ? Merci
Rétrocomics
En fait j’ai écrit cette chronique en replongeant dans mes souvenirs d’enfance. Moi aussi j’étais abonné à " Bayard ", d’où Tony Sextant. Je ne connais pas d’endroits où l’on puisse retrouver des Météors, des Atome Kid, etc... si ce n’est chez des bouquinistes ou autres. Pour ce qui est " Des pionniers de l’espérance ", il y a " Soleil Productions " qui est basé à Toulon qui en a réédité il y a plusieurs années. Futuropolis s’en est également chargé dans les années 80.