Pour une poignée de Koumlaks
*** Freddy***
Prenons deux soldats d’une planète quelconque. Laissons-les se perdre bien comme il faut dans notre système solaire. Ensuite, nous choisirons deux mercenaires, une tueuse à gages, l’officier de nos deux lascars et une bande d’humains tous aussi fous les uns que les autres. Mélangeons le tout dans un shaker approprié. Et voilà !
Il faut le dire, ce roman est complètement déjanté. Ça n’arrête pas une minute et j’ai cru un instant que les frères Zucker avaient écrit ce livre pour leur futur scénario : « Y a-t-il un pilote dans la soucoupe ? ».
Sellig passe d’un personnage à un autre en nous envoyant des situations toutes plus rocambolesques les unes que les autres.
J’ai suivi avec sourire et intérêt les aventures ou plutôt les mésaventures de ces héros anticonformistes.
Chaque protagoniste est bien distinct des autres, ce qui rend l’apothéose de ce livre encore plus dingue quand tout ce petit monde, avec sa façon bien à lui d’affronter son destin, se retrouve au beau milieu de la campagne française.
L’humour de Sellig n’est en aucun cas potache ni vulgaire. Un humour à l’image de ses sketches. Des tranches de vie quelque peu caricaturées pour nous faire rire sans méchanceté aucune. Ici, il en a fait de même. Il nous montre sa science-fiction à lui. Celle qui le fait rire et par là même, celle qui me fait rire.
Je ne m’étais pas amusé autant avec de la SF depuis « Le carnaval des enclônés » de Richard Beissière.
Rivière Blanche continue dans la joie et la bonne humeur sa ligne d’édition et n’hésite pas à publier des romans qui sortent de l’ordinaire.
De plus, la préface est signée Bernard Werber et je vous laisse la découvrir. Elle est croustillante et annonce la couleur quant à la suite de ce livre.
Sellig, après avoir passé pas mal de temps sur les planches avec des sketches comme « Le bricoleur » ou « Le déménagement » parvient à se frayer un passage dans le roman.
Profitons-en.
***Georges***
J’aurais du être prévenu par la préface : ce livre n’est pas un livre de fiction spéculative nouvelle, mais l’adaptation au niveau de lecteurs « lambda » d’idées simples et exprimées à la manière de gags humoristiques. Quelques étages en dessous de « Pardon, vous n’avez pas vu ma planète ? », le chef-d’oeuvre aujourd’hui introuvable de Bob Ottum sur le thème analogue de l’extra-terrestre qui dérange les terriens. L’idée de base est la même : les extra-terrestres sont semblables à nous (la couverture avec de petits hommes verts est une trahison de ce qui est écrit dans le livre), s’ils ont des possibilités techniques bien supérieures à celles des terriens, leur mode de pensée et leur organisation sont identiques aux nôtres, au point qu’une I.A. de vaisseau pourra travailler avec des pièces informatiques terriennes pour la réparation et contrôler les ordinateurs terriens ou les satellites de télécommunications. Les agents de surveillance maladroits E.T.s, leur lieutenant « looser », échangent leurs idées génératrices de gags avec des geeks terriens plus ou moins « hackers » de génie pour ridiculiser flics et militaires. Pourvu qu’on ne fasse pas trop attention aux erreurs graves de mesure ou de physique qui traînent ici ou là et à la schématisation plus qu’excessive des personnages, on s’amuse à la suite des gags, au niveau même d’un inculte en SF (même l’allusion, déplacée puisque l’I.A. n’a pas un cerveau positronique, aux Trois Lois d’Asimov, est compréhensible par n’importe qui). Sous réserve de ne pas avoir attendu d’un livre drôle qu’il soit aussi de haut niveau SF, on n’aura pas de regrets, et le livre ne dépare pas la collection.
Sellig, Pour une poignée de koumlacks, couverture : Maddog, Editions Rivière Blanche, Collection anticipation