Saw III

Rien ne va plus, les jeux sont faits

Sympathy for Mr Vengeance

A la fin de Saw II, Jigsaw avait mystérieusement échappé à ceux qui pensaient pourtant enfin le tenir. Pendant que la police se démène, tant bien que mal, pour tenter de retrouver sa trace, le Tueur au Puzzle reprend, une fois encore, son jeu terrifiant avec l’aide de sa protégée, Amanda. En raison de sa tumeur au cerveau qui ne fait que s’étendre, il n’a vraiment plus rien à perdre. Bien qu’il soit à l’agonie et que ses forces déclinent d’heure en heure, il va, une fois encore, nous prouver qu’il reste incontestablement le Maître du Jeu. Animé par un incroyable instinct de survie, il a, cette fois-ci, tout particulièrement choisi, pour être les nouvelles marionnettes humaines de cette ultime partie, des victimes qui pourront l’aider personnellement tout en menant à bien ses plans, à savoir le Dr Lynn Denton (une brillante chirurgienne spécialiste du cerveau à la vie privée chaotique qui va lui être utile, à plus d’un titre) et Jeff (un père de famille hanté par la mort de son jeune fils, victime d’un chauffard).

Une élève douée

Les relations tumultueuses entre Amanda et son mentor sont analysées ici dans le menu détail. Il existe entre les deux personnages un lien mystérieux, puissant et trouble, qui les unit désormais, l’un à l’autre. Leur relation ambiguë est comme celle unissant un père et sa fille mais également comme celle existant entre un Maître et son élève, bien qu’ils évoluent, à la fois, individuellement et l’un par rapport à l’autre. La partie de la relation entre Jigsaw et Amanda fait ici écho à celle ayant existé entre Jeff et son fils, brutalement brisée par la mort du jeune garçon. Bien que Jigsaw ait agi afin qu’Amanda devienne, en quelque sorte, son “héritière spirituelle”, il profite de cette nouvelle “partie” pour tester la jeune femme une dernière fois afin de savoir si elle est vraiment digne de reprendre le flambeau mais cette dernière, hantée par ses propres démons et aveuglée par la jalousie, ne va pas respecter les règles du jeu. Alors qu’il est en très mauvaise posture, sa supériorité est maintenant remise en cause car Amanda est bien décidée à surpasser son Maître.

Aux antipodes d’un banal psychopathe, Jigsaw se définit, lui-même, comme étant un artiste, un scientifique et un philosophe. Il se présente comme un révélateur de la personnalité de ses victimes. C’est avec “fair play” qu’il leur accorde une très mince chance de survie à condition qu’elles acceptent le sacrifice et la souffrance, censés les rendre plus fortes si elles arrivent à se sortir du terrifiant piège, conçu tout spécialement pour chacune d’entre elles, dans le court laps de temps qui leur est accordé. Il laisse toujours le choix à ses victimes, tout dépend de ce qu’elles sont réellement prêtes à sacrifier.

Après nous avoir précédemment montré Jigsaw comme étant un génie du Mal froid, sadique et manipulateur, il apparaît dans ce 3ème volet comme étant un peu plus “humain”. Alors qu’il est à l’article de la mort et s’apprête à passer définitivement le relais à Amanda, il semble laisser tomber le masque. Il montre ses faiblesses et on découvre ses secrets, par l’intermédiaire de plusieurs flash-backs qui reprennent certaines séquences des deux précédents volets et nous apportent leur lot de révélations ainsi qu’un nouvel éclairage sur la saga.

Vivre ou mourir : il faut choisir

Saw III reprend les ingrédients qui ont fait le succès des deux précédents volets et les pousse encore plus loin. Le scénario approfondit les relations entre Jigsaw et Amanda ainsi que la psychologie des autres principaux protagonistes tout en levant, en partie, le voile sur les motivations qui ont poussé Jigsaw à devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Ce 3ème volet est encore plus déstabilisant et plus difficilement supportable pour le spectateur qui subit, lui aussi, à sa façon une véritable séance de torture car même le plus aguerri d’entre eux a bien du mal à sortir indemne de cette expérience viscérale, l’une des principales spécificités de la saga étant justement de plonger des gens normaux au cœur d’une horreur tant cérébrale que physique.

La plupart des pièges sont ici encore plus ingénieux et terrifiants. Quant aux malheureuses victimes, elles se retrouvent, une fois encore, mis face à des cas de conscience complètement insolubles. Face à cet incroyable concours de surenchère de sadisme (Saw, Hostel, Severance, etc.…), on est en droit de se demander jusqu’où les scénaristes peuvent et vont réellement aller. Ames sensibles, s’abstenir.

Saw III

Réalisation : Darren Lynn Bousman

Avec : Tobin Bell, Shawnee Smith, Angus MacFadyen, Bahar Soomekh, Dina Meyer.

Sortie le 22 novembre

Durée : 1 h 47