Justice à tous les étages
Bénipurain, petite ville de province, avec une église, un boulanger ... Et surtout un palais de justice.
Une vieille battisse qui fut d’abord couvent de nonnes avant, lors de la sécularisation forcée de la Révolution de 1789, de passer dans les mains de la Justice et de sa balance.
Un microcosme, un monde où les actes les plus vils, les pulsions les plus animales sont de mise comme ailleurs.
La mort d’un compositeur de chansons à succès, Langman, retrouvé au pied de son immeuble, fait exploser la chape de silence provincial.
Et le narrateur nous donne sa vision des choses, une vision de très haut car il s’agit ni plus ni moins, du palais de justice en personne.
Si le fantastique est un artifice stylistique ici (celui qui « parle » est un bâtiment) , le roman est entre la critique sociale et l’enquête policière.
On y découvre des gens comme tout le monde, ou pire. Des gens déçus, des gens qui trahissent, mentent, trompent, se trompent, se droguent, se laissent aller sous les yeux des éléments les plus solides d’une ville : ses immeubles.
L’auteur est lui-même un magistrat qui a démissionné de son « plein gré » dit sa biographie. Il nous parle donc d’un quotidien qu’il a fréquenté, d’un monde imparfait dont nous attendons en général qu’il corrige les injustices.
Bref d’une mission quasi impossible car l’humain est et demeure « le maillon faible ».
Style cru, simple et dépourvu d’artifices, glauque parfois, ce roman est agréable à lire même s’il ne recèle pas de coup d’éclat et que l’enquête policière est traditionnelle car quelque part, elle ne recherche qu’a voler la vedette aux hommes et à leurs échecs.
Justice à tous les étages par Laurent Leguevaque, L’Archipel.