Ballade du mauvais garçon (La)
J’ai découvert Nan Aurousseau il y a quelques temps déjà, grâce à Babelio/Masse critique et Buchet-Chastel. J’ai apprécié la plume de l’auteur, incisive, sans fioritures, avec ce qu’il faut de gouaille pour donner l’impression d’être dans un scénario de Simonin.
Avec La ballade du mauvais garçon, l’auteur revient sur ses années de galère. Condamné à 17 ans pour vol à main armée, il va passer 7 ans en prison, avant de se retrouver livré à lui-même dans la rue. La tentation est grande de sombrer à nouveau dans la délinquance, et d’ailleurs tous les truands qu’il a fréquentés lui disent qu’il ne peut changer son passé. Mais Nan Aurousseau est volontaire, têtu, il a mis à profit son temps d’emprisonnement pour reprendre des études, même s’il ne parviendra pas à atteindre le bac (peut-être par volonté pénitencière ?). Son échappatoire, ce sont les grands auteurs classiques que les éducateurs lui donnent à étudier. Son but c’est aussi le cinéma, les tournages. Au détour d’une page, on croise Claude Berry, Gainsbourg, Signoret. On sent dans chaque projet d’Aurousseau une rage, une volonté de se battre contre cette chienne de vie qui a fait de lui ce qu’il est devenu. Dans la rue, dans la misère, sans abri ou vivant dans une camionnette sans chauffage, il refuse de se laisser abattre. Chaque nouveau jour est une victoire sur lui-même, sur les autres, sur la vie. Alors qu’il est aux abois, il rencontrera Jean-Marc Roberts, écrivain, directeur des éditions Stock, une rencontre déterminante pour lui et la suite de sa carrière.
En définitive, La ballade du mauvais garçon est un roman attachant, brut et sans artifices, dans un « parler-vrai ». Aurousseau ne s’excuse pas pour son passé, et d’ailleurs pourquoi le ferait-il ? Par contre il sait ce que la littérature a provoqué chez lui, il sait le faire partager en n’hésitant pas à visiter les prisons et en dénonçant les conditions carcérales. Tour à tour émouvant (son fils, Malika, la galère dans la rue) froid et presque inquiétant (le récit de ses braquages), attachant (ses rencontres, sa volonté de s’en sortir), l’auteur déroule le fil de sa vie dans un exercice parfaitement équilibré, de ce qui fait les grands récits. On en redemande.
Je remercie les éditions J’ai lu pour leur confiance.
Nan Aurousseau - La ballade du mauvais garçon - éditions J’ai Lu - mai 2021, 7,40€