Ours (L')

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Le monde, tel que nous le connaissons, a disparu. Que reste-t-il de l’espèce humaine ? Difficile à dire, pour les deux survivants de cette histoire en tout cas. Un père et sa fille, qu’il élève seul. La mère est morte peu après la naissance. Ils vivent tous les deux dans une cabane près d’un lac, retrouvant les gestes ancestraux, comme la cueillette, la pêche, la chasse, le ramassage du bois et le tannage des peaux de bêtes. L’homme garde précieusement quelques reliques du passé transmises par son père et avant par le père de son père : des livres, un peigne, une vitre… Le savoir s’est perdu. C’est tout juste si de loin en loin, on peut trouver encore de rares vestiges de murailles, reliefs d’habitations que l’homme construisait par le passé. Le Monde a-t-il été victime d’une épidémie, d’une catastrophe nucléaire ? L’auteur n’en dira pas plus. Dans ce décor, le père apprend tout ce que lui a appris de ses ancêtres, afin qu’elle puisse se débrouiller le jour où elle sera seule. Et surtout, il lui apprend à communiquer avec la nature, cette nature que l’Homme a méprisé, massacré, oublié de comprendre et de préserver. Parce qu’avant, on savait lui parler, comme à cet ours omniprésent et qui, à la façon des légendes indiennes, est un peu le représentant d’une sagesse depuis longtemps perdue.

Si L’ours peut être considéré comme un roman post apocalyptique, ce n’est tant la disparition de l’espèce humaine qu’Andrew Kriviak met en avant, mais plutôt l’importance de la nature et le fait qu’on ne la respecte plus. À la façon d’un Jean-Pierre Andrevon qui dans Le Monde enfin envoie un de ses personnages sur la route pour retrouver une dernière fois la mer, l’auteur fait aussi du père et de sa fille des voyageurs jusqu’à l’océan, afin de contempler l’immensité, la beauté de l’instant et d’apprécier ce qu’on possède. Si cette balade se révélera tragique, elle permettra aussi de retrouver cette communion avec la nature en général et l’animal en particulier.

Une fable poignante, mais, au-delà du drame que l’on sent arriver au fil des pages, une sorte de message peut-être d’espoir, où l’ours devient le messager du passé et le détenteur des souvenirs qu’il transmet de générations en générations, afin que l’on oublie pas. Un roman d’une rare beauté que l’on ne referme qu’avec le cœur serré.

Je remercie une nouvelle fois les éditions J’ai Lu pour leur confiance.

Andrew Kriviak - L’ours - Édition J’ai Lu - septembre 2022, 8 €

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