Récits et fictions des mondes disparus

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Evidemment une thèse d’université présente certaines caractéristiques qui peuvent décevoir le lecteur : il ne saurait être question d’être parfaitement exhaustif, le choix des textes est fait en fonction des idées que prétend défendre l’auteur... Et, là, il y a un problème, parce que les thèses proposées ne sont pas parfaitement claires, en particulier quand il s’agit de marquer les différences entre romans anglo-saxons et romans français ou l’évolution de la manière de présenter les thèmes au XIX° siècle, entre les deux guerres ou plus récemment ; les deux séparations, temporelle et d’origine, se mélangent et se contredisent parfois.

Les limites du « genre » que définit Alain Zamaron se veulent précises : il faut qu’il y ait contact entre le monde disparu ou légendaire évoqué et le monde moderne, soit par la survie d’un « monde perdu », d’une survivance de la civilisation évoquée, soit par l’intrusion d’un homme moderne. Il me semble toutefois que cette définition s’appliquerait aussi à tous les récits de voyages vers le passé et à toutes les interventions de temponautes pour changer l’histoire ; mais il s’agit ici seulement de veiller à éliminer cette branche de la SF du corps de l’étude.

Si le corpus de la fin du livre cite un très grand nombre d’œuvres, Alain Zamaron n’en retient qu’une partie jugée caractéristique. Toutefois j’ai eu l’impression que, même sur l’échantillon étudié, nombre d’œuvres ne confirmaient pas exactement les conclusions proposées qui, souvent, consistent à remarquer que, de plusieurs manières de traiter un thème, une seule a été presque généralement adoptée. Pour certaines présentations signalées comme non utilisées, je crois aisé de trouver des exemples ; plutôt que de prétendre que, dans chaque famille de livres (même origine et même période), il y a toujours eu un thème et une approche prépondérante, n’aurait-il pas été plus juste de montrer combien cette sorte de livres s’est révélée riche en variété de thèmes et de traitements ?

En bref, ce livre m’apprend un certain nombre de choses sur l’histoire d’une branche de la littérature mais il reste des points sur lesquels je ne suis pas d’accord, ou qui me paraissent incomplets.

Quant à prétendre limiter par une frontière précise quels livres ressortent de la branche et quels livres sont « à la marge »…

Alain Zamaron, Récits et fictions des mondes disparus, 172 p., parue en série Textuelles littérature aux Presses de l’Université de Provence

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