X-files, aux frontières du réel


Le 10 septembre 1983, lorsque les premières notes du générique de X-Files résonnent sur les écrans des téléspectateurs branchés sur la chaîne FOX, personne ne sait qu’un véritable phénomène mondial est en train de voir le jour.


Au départ pourtant, l’idée semble évidente... Tellement évidente qu’il est surprenant que personne ne s’y soit frotté plus tôt : mêler dans un même univers, les codes de la série policière (le duo mal assorti, les enquêtes qui rebondissent d’indices en indices, les personnages secondaires récurrents...) et ceux de la série fantastique, comme La quatrième dimension. À cette synthèse, le créateur/producteur/scénariste Chris Carter va ajouter un ingrédient supplémentaire, la petite touche d’originalité qui va rendre les fans de la planète entière à moitié fous : la théorie du complot. Sans doute pour la première fois dans l’histoire de la télévision (à moins de compter Les envahisseurs où les « bad guys » étaient clairement identifiables à leurs auriculaires raides !), les héros sont plongés tête la première dans une atmosphère paranoïaque quasi permanente. Et les alliés d’hier peuvent devenir, à la faveur d’un retournement de situation, les ennemis de demain.

Fox Mulder (David Duchovny), le « croyant » convaincu que sa sœur Samantha a été enlevée par des extraterrestres en cheville avec des humains acquis à leur cause, et Dana Scully (Gillian Anderson), l’éternelle sceptique, tentent donc de résoudre des dossiers « X »... Et de comprendre ce que cachent de nombreux phénomènes inexpliqués. Médium, vampires, télépathes, manipulateurs en tout genre, créatures innommables, épidémies inexpliquées... Le duo d’agents du FBI découvre au fil des saisons ce que notre univers renferme de plus extraordinaire. Dans le même temps, certains épisodes des X-Files – soixante en tout – font avancer ce que les spécialistes appellent « la mythologie du complot », liée aux extraterrestres et leur influence sur notre monde. Ces épisodes sont généralement plus haletants que les enquêtes « solo » et mettent en scène une série de personnages énigmatiques (comme l’homme à la cigarette) dont les allégeances ne sont variables.

Après un démarrage correct et une première saison en légère progression, la série devient un phénomène lors de la deuxième saison. Avec un final en forme de cliffhanger, dans Anasazi. À partir de cet instant, le phénomène X-Files, dont la diffusion commence dans d’autres pays, va prendre de l’ampleur... Et la cinquième saison sera suivie par près de 19 millions de téléspectateurs américains en moyenne.


Romans, bandes dessinées, convention, jeux vidéo... Les X-Files se muent en une entreprise d’envergure toujours menée d’une main de fer par Chris Carter. En 1998, entre la cinquième et la sixième saison (qui marquera le déplacement de l’équipe de production vers la Californie et une différence dans le look des épisodes, au départ tournés à Vancouver, souvent sous la grisaille et la pluie), la série a l’honneur du passage au grand écran, avec X-Files, le film, qui se concentre essentiellement sur la préparation de l’invasion de notre planète par les extraterrestres... L’intrigue s’inscrit dans la « mythologie du complot ». Plutôt bien reçu par les fans, le film commet tout de même « la » bévue que Chris Carter avait toujours voulu éviter : Mulder et Scully échangent un baiser, brisant par là même l’éternelle tension qui ne manquait jamais d’apporter un certain piment à la série. Plus tard, cette relation évoluera encore... Mais pas question, dans cet article, d’entrer dans le domaine du « spoiler » !

Au terme de la septième saison, David Duchovny, qui interprète Fox Mulder avec brio, décide de voguer vers d’autres horizons et d’alléger sa présence dans la série. On lui substitue alors l’agent Doggett, interprété par Robert « T-1000 » Patrick et Mulder se contente de quelques apparitions en « guest star ».

La série se clôture en mai 2002 par un double épisode au titre évocateur « La vérité est ici ».

Phénomène indiscutable, X-Files aura introduit dans le monde télévisuel de nombreux concepts qui perdurent encore aujourd’hui, tel le mélange entre épisodes simples et « mythologiques », la paranoïa envers les autorités, la mise en scène soignée ou encore un personnage féminin fort et complexe.

Une formule remise au goût du jour avec brio par l’excellent J.J. Abrams dans la série Fringe.

X-Files, aux frontières du réel

créée par Chris Carter

1983

203 épisodes, 9 saisons

avec : Robert Patrick, Annabeth Gish, Gillian Anderson, David Duchovny

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