The Whitcher - le Sorceleur
Wyzima, cité royale. Depuis des années, les habitants souffrent de la présence d’un démon femelle, une strige, fruit des amours interdits entre l’héritier du trône, Foltest, et sa soeur Adda. La fille et la mère sont mortes au moment de l’accouchement, mais la fille s’est transformée en démon qui sort chaque nuit de son tombeau pour dévorer les imprudents.
Et voilà que surgit un mystérieux inconnu venu de Rivie, répondant à l’appel du Roi pour désenvouter sa fille. Peu disert, c’est un sorceleur, il se nomme Geralt. Il n’est pas le premier à s’y risquer, mais tous sont morts avant lui. Alors que le Roi lui propose le marché en le menaçant de représailles s’il touche un cheveu de sa fille, les dignitaires de Wyzima lui demandent plutôt de l’occire comme une somme en espèces.
L’histoire, publiée en album, est issue du premier recueil de nouvelles écrites par l’auteur, regroupées sous le titre Le denier voeu.
Autant commencer par ce qui saute aux yeux : cet album n’est pas qu’un livre, c’est une véritable œuvre d’art. Un OLNI, Objet Livresque Non Identifié, dont le texte de Sapkowski est magnifié par les illustrations de Montaigne. Quel bel objet, bon sang ! Une fois de plus, Bragelonne s’est surpassé en proposant ce récit grand format (plus grand qu’une BD) en papier glacé et couverture cartonnée toilée. On a simplement envie de le tenir, de le feuilleter, et bien sûr de le lire !
Le texte, justement. Avec Le sorceleur, je découvre l’écriture d’Andrzej Sapkowski. Rien ne prédestinait ce directeur des ventes polonais à l’écriture, mais finalement, lorsqu’on y regarde de plus près, beaucoup des plus grands auteurs actuels ne se destinaient pas nécessairement à l’écriture. Le style est simple, sobre, brut, collant bien à l’ambiance du récit où les personnages sont plus bruts de décoffrage que réellement soignés. Nous sommes dans un temps de barbares à la Robert Howard. L’auteur écrit comme on imagine que son personnage parle, en économie de mots, là où, de mon point de vue, quelqu’un comme George R.R. Martin se perd en opulence. C’est sans doute pour cela que je me suis glissé très rapidement aux côtés de Geralt de Riv alors que je n’ai jamais réussi à suivre les héros de Martin.
Thimothée Montaigne illustre à merveille le récit de toiles sombres, où perce à chaque instant une violence larvée, une attente d’un coup d’épée de la part du héros - ou d’un coup de griffe de la strige. Son trait se prête merveilleusement bien à l’ambiance du récite qu’il réussit à magnifier.
La fantasy n’étant pas, je l’avoue, mon genre littéraire préféré, je n’hésite cependant jamais à y faire une incursion, comme ici, pour mon plus grand plaisir. Une réussite totale!
Je remercie chaleureusement les éditions Bragelonne pour leur confiance à mon égard.
The Whitcher - Andrzej Sapkowski & Timothée Montaigne - Editions Bragelonne - juin 2020, 24,90€