Passage

J’aime beaucoup Connie Willis même si certains considèrent sa littérature comme étant bavarde. Partageant ce défaut, j’aime bien lire les histoires que me raconte Connie Willis. J’ai le sentiment via cette écriture d’écouter une histoire plutôt que de la lire.

Et surtout dans cette histoire là, suivre les questionnements sur l’éthique, les états d’âmes des protagonistes. Jusqu’où peut on aller avec des personnes souffrantes dans le cadre d’une recherche ?

Nous suivons donc l’enquête scientifique de Joanna Lander sur les Expériences de Mort Imminente (EMI). Le sujet est passionnant et notre psychologue recueille les témoignages des personnes ayant vécu ou cru vivre cette expérience. Notamment une fillette atteinte d’une maladie cardiaque, et fascinée par les catastrophes ayant entraîné de nombreuses victimes, du Titanic au Hindenburg.

Un chimiste de l’hôpital veut croiser ses recherches avec celles de Joanna. Il a mis au point une drogue qui permet d’atteindre le niveau de conscience ultime et l’essaie sur des personnes volontaires sans trop se préoccuper des conséquences, tant il est avide de faire des découvertes pour prouver sa théorie.

Un charlatan, intéressé par l’argent, s’en mêle et vient troubler les témoignages par ses théories farfelues.

Bien souvent dans ses romans, Connie Willis nous invite à remonter le temps (Sans parler du chien et Le grand livre). Là, elle explore les territoires méconnus de la conscience. Toutes les théories sur les EMI sont envisagées. Les personnages sont attachants en dépit de leurs défauts pour certains. La petite Maisie, cette enfant qui sait qu’elle va mourir est comme un fil rouge qui nous retient dans le récit. Certes, il y a peut-être quelques longueurs, quelques causeries de trop. Mais on veut savoir qui de l’ancien combattant mythomane, de la petite fille, du savant, du professeur atteint de la maladie d’Alzheimer, du malade dans le coma, qui a véritablement vécu une expérience d’EMI ou si tout cela n’est qu’une histoire de chimie du cerveau…

Et si c’était plus compliqué que cela ? Parce que les sentiments humains seraient plus forts que la chimie ? Un livre qui vous fera battre le cœur et frissonner, revivre au cœur de catastrophes, les derniers instants des victimes… De quoi perdre quelques à priori et apprécier la vie...

Passage de Connie Willis, traduction : Jean-Pierre Puji, J’ai Lu