Nobody

Si l’envie vous prend de jouer au chat et à la souris avec un serial killer, dites-vous bien que vous serez toujours la souris. L’avertissement, qui vaut pour tout le monde, ne semble avoir aucune prise sur John Wayne Cleaver. Obsédé par les tueurs en série, celui-ci n’a en effet aucun scrupule à entrer dans le jeu. Il faut dire que John a un atout de taille dans sa manche : des pulsions homicides incontrôlables. Il lui arrive en effet à lui aussi, de temps à autre, de se transformer en monstre assoiffé de sang. Aussi a-t-il décidé de s’attaquer aux éléments les plus meurtriers de la société plutôt que de s’en prendre à d’innocentes victimes. Cette fois, le serial killer qu’il a choisi de défier en l’attirant dans sa petite ville tranquille de Clayton se nomme Nobody. Après quelques interminables semaines d’attente, des meurtres commencent enfin à ensanglanter Clayton. Nobody est bel et bien là. Et la partie peut commencer.

Dernier volume d’une trilogie entamée avec « Je ne suis pas un serial killer » et poursuivie pas « Mr Monster », ce « Nobody » met en scène un héros pas vraiment comme les autres... Ce petit cousin de Dexter, du haut de ses 16 ans et de ses connaissances acquises en aidant sa mère au service familial des pompes funèbres, voit le monde au travers d’un prisme fait de violence, de cynisme, de meurtres... Mais aussi d’une étonnante naïveté. John Wayne Cleaver sait que des monstres vivent au cœur de nos villes et il s’est donné pour mission de les éliminer. Pour lui, les choses sont simples... Pour le commun des mortels, c’est évidement un peu plus compliqué. D’autant plus compliqués que des tueurs en série, cible du jeune Cleaver, ne sont pas près à se laisser attraper sans ce défendre bec et ongles !

Dans une ambiance empreinte d’humour noir, de cynisme et d’un évident plaisir, Dan Wells nous invite donc à un troisième voyage dans l’esprit de son héros pas comme les autres, un héros qui a décidé cette fois de prendre les choses en main et de provoquer l’arrivée d’un (ou d’une ?) sérial-killer dans sa bonne ville de Clayton. S’en suit un jeu de cache-cache mortel, où le chasseur se mue rapidement en proie... Avant de retourner la situation à son avantage... Du moins, le pense-t-il. Avec son rythme soutenu, ses situations macabres saupoudrées d’humour et ses personnages hauts en couleur, ce Nobody fait partie de ces polars vifs et jouissifs qui emplissent le lecteur du plaisir presque pervers d’enfreindre la loi... Pour la « bonne cause ». Moralement discutable, le postula de départ du roman, voire de la trilogie tout entière, se trouve toutefois déforcé, à mon sens, par un virage final qui laissera les lecteurs songeurs. Une pirouette ? Une facilité ? Je ne sais... Mais une impression toutefois que l’auteur n’a pas osé aller jusqu’au bout de son propos, quittant les rivages de la critique acide pour ceux, moins dangereux, d’une certaine forme d’imaginaire plus inoffensif. Aux lecteurs de se faire une opinion...

Nobody de Dan Wells, Sonatine