Terminal Mind

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Si certains prétendent que le cyberpunk a disparu, ce livre de 2008 vise à les contredire, car il mélange les thèmes majeurs de cette branche : l’informatique et la décadence sociale. Ici, nous sommes dans un futur post-cataclysmique où la disparition du pouvoir fédéral a été causée par la guerre avec la Chine et les destructions majeures qu’elle a entraînées. Dans les anciens États-Unis, n’existent plus que quelques cités-états quasiment indépendantes du reste du pouvoir fédéral. À Philadelphie en particulier, un pouvoir de nature oligarchique reste entre les mains de cinq Sénateurs représentant les familles les plus puissantes, installées dans la Haute Ville et protégées par des mercenaires tandis que les prolétaires survivent dans les « Combes », sous la menace des inondations dont ne les protège qu’un barrage.

C’est dans ce cadre qu’une tentative de hacking entreprise par le fils du Premier Sénateur va provoquer une catastrophe en libérant un « cutter », une sorte de super-virus informatique animé par la conscience d’un cerveau d’enfant qui obéît aux instructions de son « père ». Mais ce « cutter » prend peu à peu conscience de son identité propre et recherche son nom et la vérité sur lui-même. Et va s’opposer au complot de son soi-disant père.

Je n’ai pu m’empêcher, au cours de la lecture du livre, de repenser à la trilogie (parue plus tard que ce livre qui remonte à 2008) de Robert J. Sawyer, essentiellement au premier volume, Éveil. Il y a un certain parallélisme entre la recherche d’identité du « cutter » et celle de l’I. A., même si ces recherches sont, à la base, différentes, l’I. A. n’ayant pas d’existence humaine préalable. Mais tous deux cherchent à se construire un rôle, une identité, une morale, l’un en échappant à son maître et bourreau, l’autre en se trouvant un guide. Toutefois l’idée de base, celle dans l’un des cas de la transmission à la machine des bases de l’identité humaine, celle dans l’autre cas de son apparition spontanée, est bien sûr différente.

Si le roman de David Walton est, avant tout, le récit d’une aventure et d’une menace, mais pas celui de la création d’un monde nouveau comme l’est la trilogie de Sawyer ; il ne débouche pas sur une réalisation de la Singularité, mais seulement sur la survie d’une communauté.

Je n’ai pu m’empêcher aussi de découvrir dans les idées subliminales véhiculées par ce roman un certain nombre d’idées profondément rétrogrades : d’un côté, la chercheuse en informatique, agent fédéral, dont le rôle majeur dans le roman se ramènera à celui de mère de l’enfant dont le « cutter » a absorbé les souvenirs et aussi du fœtus dont le criminel vaut tirer son « super-cutter » ; de l’autre, le héros hacker n’est qu’un fils qui va rentrer dans l’ordre ; et accessoirement son ami prolétaire finira par essayer de le tuer car, malgré tout, les prolétaires, on leur doit la charité, pas en faire des amis....

Bref, une histoire qu’on peut lire pour se délasser, mais de laquelle il vaut mieux se méfier...

Terminal mind, par David Walton, traduit par Jean-Marc Ligny, Éclipse 2013. 380 p., couverture de Stéphane Martinière, code prix PB17, ISBN 9782809433210

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