Terre mourante T1 (La)

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Pygmalion réédite en deux volumes le cycle « Terre mourante » de Jack Vance. Cycle qui comprend quatre livres : Un monde magique, Cugel l’astucieux, Cugel Saga, Rhialto le magnifique. Je ne me souviens pas avoir lu chaque livre du cycle, c’est pourquoi je profite de cette réédition pour compléter mes lacunes concernant un auteur que j’adore et que je considère comme un des plus grands. Si je fais abstraction de quelques coquilles que l’éditeur a laissé passer, ce livre a tout pour plaire.

Jack Vance m’avait habitué à ces mondes baroques où la magie a tout son sens, où l’aventure et le danger sont le quotidien de ses héros. Avec Cugel l’astucieux j’avais découvert une fantasy plutôt cocasse, dans laquelle le personnage principal, roublard à souhait, se fait pièger par ses propres tours pendables. Avec le cycle de Tschaï, Jack Vance m’avait fait découvrir la traversée d’un monde sur lequel la symbolique avait toute son importance. Et avec Lyonesse, Jack Vance m’avait captivé en mélangeant fantasy et uchronie à travers un drame de toute splendeur. L’auteur reste une référence incontournable aussi bien en science-fiction qu’en fantasy. Sa fantasy est d’ailleurs beaucoup plus simple à lire que bon nombre de livres produits aujourd’hui.

Avec « Un monde magique », on découvre cinq longues nouvelles nous présentant des personnages qui se croisent et qui ont tous un objectif. Soit il s’agit de retrouver un objet ou une connaissance, soit de s’emparer du pouvoir ou de sortilège, soit de se libérer de vieux démons qui dorment. A travers les personnages de Turjan, de Mazirian, de Khandive le Doré, de Liane le voyageur, de Guyal de Sfere, on visite la Terre mourante. Sans oublier T’saï s et T’saïn, deux belles femmes issues des cuves des mages. La civilisation s’est effondrée et a donné naissance à un monde régi par la magie et la sorcellerie. Les histoires commencent en Ascolais, une contrée qu’il est impossible au lecteur de situer. Mais c’est quelque part sur Terre. Point d’humour dans ce premier livre du cycle, mais plutôt une réflexion sur le monde. Il y a parfois des situations cocasses comme le sacrilège que fait Guyal de Sfere chez les Saponides. Il évite de peu de faire les actes suivants : couper ses orteils et les coudre à son cou, injurier ses ancêtres pendant trois heures, marcher une demi lieue sous le lac avec des chaussures de plomb à la recherche du livre de Kells. Voilà une fantasy qui date du milieu du siècle dernier et qui se lit encore très bien aujourd’hui.

Cugel l’astucieux est le deuxième livre compris dans cette intégrale. La version que nous propose Pygmalion est complète. La nouvelle Cil qui manquait dans la version poche est effectivement présente.

Avec Cugel on assiste à des aventures rocambolesques. Cugel a tenté de voler le mage rieur Iucounu. Malheureusement cela se retourne contre lui, et voilà Cugel envoyé dans le Nord pour trouver une lentille de verre violette qui donne une autre vision du monde. A travers celle-ci toutes les choses et personnes deviennent belles. Débrouillard et roublard à souhait, Cugel veut souvent se venger. Mais les moyens qu’il utilise se retournent souvent contre lui. C’est de l’humour noir qui ne laisse pas les lecteurs indifférents. En fait c’est excellent.

Il est certain que je lirai avec le même plaisir le tome 2 de cette intégrale. C’était pour moi la première occasion de lire un Pygmalion. L’éditeur est connu pour morceler les livres, et jusqu’à présent j’avais toujours attendu que ceux-ci soient réédités en poche. Ici j’ai fait exception à la règle parce qu’il s’agissait d’un de mes auteurs préférés. Mais si j’ai une remarque à faire concernant cette intégrale, c’est que Pygmalion aurait dû sortir un omnibus intégrant les quatre livres de Jack Vance. Il était possible de proposer aux lecteurs un livre unique et pas deux tomes comme c’est présentement le cas.

En dehors de cette remarque, je signale que c’est avec Jack Vance que j’ai découvert la fantasy (mais aussi avec Zelazny et Le Guin). Et qu’à ce titre cela reste un de mes auteurs préférés, capable de me dépayser, de me transporter dans un univers baroque et cruel. C’est un réel plaisir de lire lorsqu’il nous décrit ces mondes flamboyants et ces personnages non dénués d’humour qui sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Lire du Jack Vance c’est à coup sûr quitter notre bonne vieille Terre pour une époque ou un monde où la magie et le danger sont font le quotidien de ses personnages.

Sans aucun doute à conseiller les yeux fermés pour ceux qui ne connaissent pas encore l’œuvre de Jack Vance. Et à conseiller à ceux qui comme moi sont des nostalgiques de ses mondes baroques.

La Terre mourante (intégrale tome 1), Jack Vance, illustration de Marc Simonetti, Pygmalion

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