Upside Down
Au début du XXIe siècle, les dirigeants des GAFAM et autres NATU portaient les rêves d’une humanité enfin débarrassée de la maladie et de la mort. Ils ont réussi. Dans des îlots artificiels en orbite basse, ils jouissent désormais, à chaque instant, des illusions infantiles du bonheur. Le reste de l’humanité survit tant bien que mal sur une Terre rouillée, épuisée, victime de désastres écologiques à répétition. Son histoire n’est pas la même. Le bonheur lui est définitivement inaccessible. Dans ce monde fait de béatitude pour les uns et de combats pour les autres, où les IA s’activent en sourdine, certains cherchent à descendre pour retrouver leurs racines quand d’autres veulent monter pour acquérir une part d’éternité. À travers une star de cinéma oubliée, des dirigeants obnubilés par leur statut social, ou encore un créateur d’un art inconnu, Richard Canal nous plonge au cœur d’un récit croisé où l’intolérable beauté du désastre côtoie la quête d’une humanité perdue.
Je lis peu de science-fiction et c’est d’autant plus dommage d’avoir une impression des déjà-vu/lu quand on s’y adonne.
La dichotomie sociale ici présente est archi classique : on trouve les riches en haut, avec vue sur le ciel bleu, le soleil et respirant l’air propre, menant une vie facile de luxe et plaisir et les pauvres en dessous, dans un gris généralisé, sans vue sur le ciel mais que sur la pollution qui le cache, qui bossent ou plutôt triment. Yves Grevet – un parmi tant d’autres - avait déjà développé ce monde à deux vitesses dans Nox.
L’envie de monter vers le monde d’Up Above n’est donc pas autre chose qu’une métaphore de l’ascension sociale doublée d’une volonté de quitter un monde sans avenir écologique. L’idée de descendre vers Down Below est souvent celle d’une amoureuse qui veut rejoindre son chéri ou ici une quête des origines.
Ne soyons pas que négative : il y a des idées originales comme le choix des noms, certains personnages et le final en mode positif.
En références aux personnalités actuelles, on trouve un Bill Gates V, clone de son ancêtre, ou une Élisabeth Taylor. Certains clones portent la lettre C entre prénom et nom pour affirmer leur statut, etc.
Le personnage le plus sympa et original est le chien Stany. C’est un chien humanisé par la science qui apporte une fraicheur avec son regard non-humain (mais humain un peu) et assez humoristique. Il est l’alter égo d’un humain, Duke, enquêteur.
La narration en chorale donne un panorama assez riche des actions/réactions des protagonistes dans ce qui est plus un roman d’anticipation mâtiné de dystopie.
Globalement je suis mitigée parce que je n’ai pas été happée par le livre comme par son précédent déjà cité. Peut-être que j’ai trop idéalisé cette première lecture.
J’ai quand même retrouvé la belle langue française qui m’avait tant plu dans Gandhara avec un choix de vocabulaire qui m’oblige parfois à plonger dans le dictionnaire (ma liseuse a donné sa démission sur ce point).
Upside Down par Richard Canal, Mnémos