Un souvenir perdu par Marie-Jeanne Billaudot

Aujourd’hui et depuis près d’un mois, la sensation inquiétante d’avoir oublié quelque chose rôde dans le fond de mon esprit. Un détail de ma vie m’échappe. Est-ce une date ? Un anniversaire ou un rendez-vous peut-être ?

Je sais toujours où sont mes clefs de voiture et de maison. Mes mails et mes factures sont à jour. Facebook et mon téléphone sont là pour me rappeler de tous les événements importants une semaine à l’avance. Alors qu’est-ce qui m’échappe ? J’ai parlé à tous mes amis, j’ai évoqué le bon vieux temps suffisamment de fois pour qu’ils commencent tous à radoter les mêmes histoires. Aucune n’a sonné à mes oreilles comme le fragment de moi manquant. Quand je questionne ma mémoire, c’est un gouffre glaçant qui me répond, toujours plus inquiété : « Je ne sais pas ».

Les jours passent et ce vide me ronge. J’y pense toujours plus, sans relâche ni repos. La noirceur de cet abyme dans mes souvenirs occupe désormais toutes mes nuits. Cette page manquante dans le livre de ma vie, elle est en train de m’empêcher d’y écrire davantage.

Si seulement j’avais un indice, une piste où commencer à chercher. Mais rien ne me vient jamais, ni mot ni contexte. Je suis quelqu’un de très terre-à-terre, comme dit souvent ma femme. Je n’ai essayé ni la divination ni l’hypnose. Mais en ce moment j’y songe de plus en plus sérieusement. C’est peut-être la solution.

Lors d’un dimanche pluvieux, Hélène s’est échappée au cinéma pour me laisser réfléchir. Elle ne connaît pas l’origine de ma mauvaise humeur, mais j’ai réussi à lui faire comprendre qu’elle ne pouvait pas m’aider. Et puis, elle est un véritable trésor de patience. C’est une des nombreuses raisons pour lesquelles je l’ai épousée.

Je rôde d’une pièce à l’autre en espérant que le déclic survienne enfin. Le plancher craque sous mes pas, les gouttes de pluie s’écrasent contre les fenêtres…

Et puis, une idée me vient. Quelque part enfoui au grenier, entre des albums photos et des dessins d’enfants, un journal intime complété jusqu’à la dernière page détient peut-être le secret. À l’instant où j’y pense, je revois en même temps sa couverture décorée par des strates d’autocollants et de gribouillis. Des super héros de tous les univers se côtoyaient sur ce carnet, de même que des créatures fantastiques et quelques extraterrestres de mon invention.

En une heure, j’ai retourné tous les tiroirs de tous les meubles du grenier. Évidemment, le trésor recherché est dans le dernier carton dont le contenu se retrouve immédiatement sur le sol. Je m’en empare avec un empressement et un soin contradictoire. J’en suis certain : je tiens là ma réponse.

Impatient, je m’assois en tailleur à même le sol et c’est à la lumière d’une veilleuse fatiguée que je me plonge dans mon passé.

Les premières pages n’ont pas un très grand intérêt. J’y décris des journées de collégien qui se suivent et se ressemblent, parfois un événement spécial – un anniversaire, une sortie scolaire – vient égayer la monotonie. Puis Hélène, ma future femme, entre dans ma vie alors que je suis en quatrième. Je la trouve ravissante, la définition de la beauté d’après les magazines. Grande, blonde et fine, la peau claire dénuée d’imperfections. Des yeux verts magnifiques et des lèvres charnues. Dans mon journal, j’ai tenté de la dessiner sans parvenir à rendre justice à son charme et son charisme naturel.

Mon regard s’éternise sur le dessin, je suis tenté de le comparer avec une photo d’époque pour voir si ma vision était biaisée. Qu’est-ce que je dessinais bien au collège ! Dommage que j’ai arrêté.

Sur les pages suivantes vient notre amitié. Je savais bien qu’elle attirait les regards et moi de la jalousie. Après tout, je n’avais vraiment rien d’exceptionnel. Et puis Hélène ne m’avait jamais donné l’impression de chercher activement un petit ami. Peut-être était-ce à cause de ma présence à ses côtés. Je continuais ma lecture :

« En tant qu’amie, elle est géniale. Je me demande ce que ça serait d’être en couple avec elle. Mais j’ai pas envie de m’avancer, je veux pas qu’elle me rejette. Après ça ferait trop bizarre… »

Ah ! si je pouvais prévenir ce jeune adolescent bouleversé de ce qui l’attendait. Que l’équilibre instable de sa relation amicale se transformerait en un amour durable. Si je pouvais aussi lui dire qu’il allait passer par de nombreuses phases de bizarrerie avant d’enfin se retrouver avec sa meilleure amie. Aurais-je été rassuré ou davantage paniqué ?

Je saute à nouveau des pages, j’en suis déjà à un quart du cahier. Mais mon rythme d’écriture diminue avec les années, chaque entrée est séparée par un temps de plus en plus long. Parfois, la date n’est même pas indiquée.

Ensuite, les premiers jours de lycée sont méticuleusement détaillés dans mon journal. J’avais pris grand soin de retenir le plus de noms possible pour m’intégrer rapidement dans ma classe. Tous ces noms et les descriptions les accompagnant ne m’évoquent plus rien maintenant.

Léo était le grand blond un peu intimidant mais sympa. Pascal un garçon de ma taille avec qui je partageais le même intérêt pour les cartes à collectionner. Hugo n’était pas bavard mais faisait de bonnes blagues… La liste continuait sur plusieurs jours, de nouveaux détails venaient parfaire ces tableaux de mes anciens camarades. Des visages flous et pour la plupart boutonneux firent surface dans ma mémoire. Le lycée, pour moi une période de doute, de remise en question mais heureusement, aussi de joie.

Hélène était citée à plusieurs reprises, elle avait intégré un autre établissement et je passais de moins en moins de temps avec elle. Étrange, j’aurais juré avoir pris la peine de l’appeler ou de venir la voir plus souvent que mes écrits ne le laissaient paraître.

Enfin, vint Mélodie. Une rature dans le livre de ma vie. C’est d’ailleurs ce qui caractérisait sa première apparition dans mon journal, alors que j’étais en première. Mélodie est une ex qui m’a laissé une marque au fer rouge dans la mémoire. Une douleur si cuisante que j’ai rayé toute mention d’elle dans mon journal, même datant d’avant que nous soyons ensemble. Dans la colère et le chagrin qui ont suivi la rupture, j’ai réécrit mon histoire. Je l’ai rayée, effacée, déchirée. Ma vie à cet instant devait être à l’image du carnet entre mes mains : un triste champ de ruines. Je me souviens encore d’elle à la perfection. Depuis les détails de son visage, la texture de ses cheveux, jusqu’à son odeur et la douceur de sa peau. Mes sentiments positifs comme négatifs se sont désormais tous envolés. Je ne peux pas m’empêcher d’être curieux, de vouloir réinventer l’histoire. Un sentiment de nostalgie m’étreint le cœur. Que serait ma vie aujourd’hui si nous ne nous étions pas séparés ? Une autre ville, d’autres amis, peut-être des enfants ? Finalement, je passe à autre chose, ce n’est pas ce que je cherche.

Suite à cet épisode, plusieurs pages sont manquantes. Sans me rappeler de leur contenu exact, je pouvais encore le deviner. Je m’étais remis en question, j’avais eu honte. Je voulais changer pour la reconquérir, pour me sentir entier à nouveau. Un gouffre de deux ans séparait mon malheur amoureux de la prochaine entrée dans mon journal.

 

« Ça fait une éternité que j’ai pas écrit là dedans. Hier, c’était mon anniversaire et j’ai vingt-et-un ans. Je suis à la fac et je suis de nouveau célibataire depuis une semaine. La fille, c’était Rachel.

Franchement, Rachel n’est pas la plus jolie fille du monde. C’est une petite brune un peu ronde avec les cheveux qui bouclent n’importe comment. J’adore l’ennuyer en piquant ses crayons dans ses cheveux. Elle les cherche toujours pendant un bon moment avant de les retrouver. Enfin… pendant les quatre mois où on a été ensemble, elle était la femme la plus belle sur laquelle j’avais jamais posé les yeux.

On s’est séparés d’un commun accord. On est toujours amis d’ailleurs (heureusement parce que c’est ma binôme dans plusieurs projets notés). Au début, je n’ai pas vraiment compris pourquoi elle voulait qu’on arrête. Tout allait si bien entre nous ! J’ai cru qu’elle allait me faire le même coup que Mélodie. J’ai eu un véritable flash-back comme dans les films. Une espèce de madeleine de Proust en plus amère. Ça m’a fait peur.

On a parlé pendant un moment. Justement, je crois que c’est ce qui m’avait manqué avec Mélodie, le manque de communication. J’ai réussi à prendre du recul et puis je me suis rendu compte que Rachel c’était plus une amie qu’une amante. Une amie avec quelques plus, mais pas du vrai amour. C’est ce qu’elle voulait me faire comprendre.

Enfin bon, je me sens libre. J’ai le cœur léger. Je crois que je suis davantage heureux de m’en être tiré le cœur en une seule pièce qu’autre chose.

Hier, j’ai aussi revu Hélène. C’est fou ce qu’elle a changé. Elle a continué ses études d’art. On n’a pas eu beaucoup l’occasion de parler durant la soirée. Il faudrait que je la rappelle. »

 

Ah, le retour de ma chère Hélène, l’ombre de Mélodie et l’étoile filante de ma vie sentimentale : Rachel. Elle est toujours mon amie sur Facebook au grand déplaisir de ma femme. On s’échange parfois des articles et des blagues idiotes, comme au bon vieux temps. Sauf que maintenant Rachel est mariée avec Stéphanie qu’elle a rencontrée à son option marketing à la fac. Je me souviens qu’une petite voix me soufflait que j’aurais dû me sentir vexé qu’elle ait enchainé notre relation hétérosexuelle par la rencontre de son âme sœur : une autre femme. Quelques pages plus loin, un paragraphe référençait cet événement.

« Hé, alors j’étais quoi moi ? Une phase, un test ? »

Un smiley joyeux précédait cette phrase dans la marge. Je n’en avais jamais pensé un seul mot. Rachel était une amie chère et j’étais très heureux pour elle. Je marque enfin une pause dans ma lecture. J’en suis à plus de la moitié du cahier. Je n’en reviens toujours pas de la détermination que j’avais pour écrire là-dedans. La plupart des adolescents se seraient lassés en quelques jours, mais pas moi.

 

Le sourire aux lèvres, je continue ma recherche. J’approchais du cœur du mystère, j’en ai la certitude. Quelques nouvelles pages de banalités se succédèrent sous mes doigts. L’étudiant s’efforçait de se rapprocher subtilement de la jolie Hélène et celle-ci semblait assez réceptive à ses adorables maladresses.

« J’avais pensé à un cadeau original pour son anniversaire. Un truc qui sorte suffisamment de l’ordinaire pour me faire remarquer. Son animal préféré est trop bizarre et forcément on en trouve pas beaucoup de poster, figurines ou de peluches… C’est pas assez mignon ces bêtes-là, donc pas très vendeur.

Or, le plus grand vivarium de France est tout juste à une heure de route de mon logement étudiant. Le seul endroit où je peux avoir une chance de trouver un quelconque produit s’en approchant de près ou de loin, c’est là-bas.

Ce week-end, je fais le trajet. J’espère que ça ne sera pas pour rien ! »

La fameuse peluche de mante religieuse. Ses fabricants n’avaient même pas essayé d’attacher un semblant de beauté à la créature. Le poil n’était pas doux, les yeux globuleux et ternes et les pics sur les pattes étaient faits en plastique. Le genre de peluche qu’on laisse prendre la poussière en haut d’une étagère parce qu’on ne peut même pas la câliner. Au-dessus d’un meuble ou bien… dans un grenier. J’avais vu passer la peluche lors de mes recherches effrénées ; elle avait désormais disparu sous le tas d’objets au centre de la pièce.

Mais l’horrible cadeau lui avait tiré un fou rire contagieux. Je me souviens de son sourire, son visage radieux, ses cheveux blonds qui retombent devant son visage alors qu’elle se plie en deux à force de rire. Le souvenir défile comme un diaporama et je regrette de ne pas pouvoir le revivre dans les moindres détails.

« J’ai réussi ! » est écrit sur la page d’en face. « Je suis en couple avec Hélène ! Je suis tellement heureux ! »

C’est tout ? Des pages et des mois de plans et de rendez-vous qui s’achèvent en une poignée de mots directs. Je ne cache pas ma déception devant cette déclaration fade et anti-dramatique. Et pourtant l’écriture soignée démontre que j’ai pris le temps d’écrire cette phrase mot à mot en m’appliquant, comme s’il s’agissait d’un poème. Est-ce qu’on peut être tellement transporté de bonheur qu’on en oublie de mettre les formes dans son journal ? Quel dommage que je n’ai pas pris la peine de décrire ce moment avec plus de détails. Bien entendu, je me rappelle de la sensation générale. J’étais comme ivre, la tête qui tourne et le sentiment de me retrouver éveillé au milieu d’un rêve. J’avais peur que tout ne s’arrête et je voulais profiter de tous les petits moments que je pouvais passer en compagnie d’Hélène.

Des mois de bonheur intense faits de journées parfaites se succèdent en deux pages. Une photo de nous deux, jeunes et souriant à l’objectif, avait été collée là. Un triste résumé pour époque radieuse que j’oserais même qualifier comme étant les plus beaux jours de ma vie. Puis virent les premiers doutes et les premiers défis que tous les couples doivent surmonter. Elle menace de me quitter parce qu’elle trouve que je la compare trop à Rachel.

« Je crois que j’ai merdé » avais-je écrit suite à cet épisode. Oui et pas qu’un peu ! Heureusement, je sais que cette histoire finit bien. Pourtant, un malaise croissant s’est installé dans mon ventre. Est-ce que je devrais sauter ce passage ? Je n’aime pas être confronté à ce moment de mon passé. Il me fait honte. C’est peut-être parce qu’il est plus récent qu’on pourrait le croire.

La curiosité me pousse à continuer ma lecture. Même si j’en suis l’auteur, ce ne sont que des mots. Je connais mon passé, pas de raison d’en avoir peur.

« Pourquoi elle l’a pris comme ça, enfin ? Je ne comprends pas ce qui l’a vexé. Rachel, c’est rien de plus qu’une amie. Je ne pensais pas à mal et c’est quand même de ma faute ? »

Et ça commence, j’essaye de me justifier, de me trouver des raisons et des excuses pour mon comportement exécrable. Je finis le paragraphe en le lisant en diagonale, une grimace d’embarras figée sur le visage. Plus qu’heureux de passer à autre chose, je tente de tourner la page mais elle est collée à celle qui suit. Je repose le carnet sur mes jambes et après une longue minute de tentatives à m’user les ongles et déchirer des coins de pages, les deux feuilles sont libérées. Est-ce que j’arrive à la fin de mes recherches ?

La colle a partiellement effacé l’encre mais je peux encore lire la plupart des mots. Beaucoup de points d’exclamation ou d’interrogation terminent mes phrases et mon écriture est laide, les lettres se chevauchent et se tordent, des ratures fendent des mots en deux. Je n’arrive pas à rétablir le contexte. J’étais furieux contre une personne, une femme. Ce pourrait-il que ce soit Hélène ? Non, nous avons eu nos différends, mais rien d’assez grave pour que j’emploie des insultes à son égard. Pourtant les mots sont bien là, cruels et déformés par la colère.

Je ne comprends pas. Pourtant, la page précédente est pleine de regrets et la suivante est une nouvelle allégorie du bonheur. Des photos et des gribouillis, certains même ajoutés là par ma compagne. Et puis au milieu, cet accès de rage dont je ne me souviens même pas. Une sorte de catharsis incontrôlée et oubliée. Ça n’a pas de sens. De longues minutes s’écoulent tandis que j’essaie de me rappeler de la cause de ma colère. Impossible de me souvenir. Peut-être n’était-ce même pas de la faute d’Hélène. En tout cas, j’essaye de m’en convaincre.

Je me réconforte dans les dernières pages joyeuses de mon journal intime. Nous emménageons ensemble dans une maison léguée par ses parents ; la bâtisse est vieille et nécessitera quelques travaux avant d’être confortable. J’ai décrit de nombreux plans et idées dans mon journal, la moitié d’entre eux ne se réaliseront pas. Par contre, je me rappelle clairement de l’odeur de renfermé de la maison la première fois que nous y sommes entrés. Une senteur comme les pages de vieux livres mélangée à celle plus gênante de la poussière. Le grenier avait gardé un petit quelque chose de cette odeur sous le désodorisant.

« Je suis heureux » ai-je écrit un vingt-sept février d’une année inconnue sur l’avant-dernière page. J’envie l’homme qui tenait la plume à ce moment, j’aimerais pouvoir en dire autant. Le voir à l’écrit me donne un peu l’impression de le revivre, le sentir à nouveau.

 

Je tourne la dernière page. C’est une journée comme une autre que j’ai décrite. Vivre avec Hélène était « la plus belle chose qui me soit arrivée ». Oui, les premiers jours avaient une drôle de saveur dans mes souvenirs. Un mélange de bonheur et d’appréhension. Mais au final, tout se passait mieux que prévu.

Je termine le paragraphe et la dernière phrase me fend le cœur : « J’ai relu tout mon journal avant de le finir. Sacrée aventure ! On se retrouve dans le tome deux ».

Évidemment, il n’y a pas de tome deux. Je n’ai jamais pris la peine d’acheter un nouveau cahier. Qu’est-ce qui m’a arrêté d’écrire ? La monotonie du train-train quotidien ne m’a jamais freiné auparavant. C’est dommage que je n’aie pas continué, peut-être aurais-je pu me remonter le moral en lisant la suite. Après tous ces souvenirs heureux ou simplement insouciants contre seulement quelques taches noires, j’aurais dû être de meilleure humeur.

Une drôle de sensation me chatouille l’arrière du crâne. Dehors, il s’est enfin arrêté de pleuvoir. Je pense avoir trouvé mon problème, ce qui me manquait depuis tout ce temps. Ce n’est pas tant le fait d’avoir oublié quelque chose qui me dérangeait, plutôt comme si un son persistant s’était stoppé subitement et que ne je m’étais pas rendu compte de son absence jusqu’à présent.

Une question persistait encore. Une question qui me rendait davantage perplexe que malheureux. Après tout, un fait indéniable me faisait face, il était inutile de se chagriner pour un événement inexorable.

Si je me souviens des rires presque à les entendre, si je me rappelle des mots, des sentiments et des couleurs. Pourquoi de tout ça, le plus important m’échappe ?

Pourquoi dans toute ma mémoire, je ne peux pas retrouver mon amour pour Hélène ?

 

Texte inspiré par Le carnet à spirale, de William Sheller.

 

Ou à charger en PDF http://www.phenixweb.info/sites/default/files/souvenir-perdu-marie-jeann...

Sections: 

Ajouter un commentaire