Un jour comme les autres

Emily vit seule en Italie où elle passe ses journées à trouver le mot juste – elle est traductrice littéraire de métier – et à faire parler les chiffres qu’elle affectionne. Mais surtout, elle passe ses journées à attendre. 614 jours qu’elle attend. Presque deux années à se repasser en boucle la dernière journée d’Éric. En apparence un jour comme les autres. À essayer de comprendre. À ne pas pouvoir faire son deuil. Alain est reporter d’investigation au Soir, en Belgique. Il passe ses journées à enquêter, creuser, recouper les informations. Éric, il l’a connu. Suffisamment pour s’intéresser à sa disparition. Et encore plus quand il réapparaît…

Au grand concours des « bandeaux rouges », ces bandelettes de papier qui entourent les bouquins sur les tables des librairies et qui sont censées appâter le lecteur, Paul Colize récolte donc « Une plume unique ». Ce qui ne veut probablement rien dire, puisque dans la plupart des cas, à moins d’un plagiat honteux, chaque auteur est unique.

Si je sors mon « petit dico des raccourcis pour qualifier un écrivain », je dirais que Paul Colize est un auteur « drôle et élégant ». Drôle, parce qu’il parvient toujours à saupoudrer çà et là dans ces récits des touches d’humour très british, des éléments absurdes et des sursauts référentiels qui flirtent avec la private joke. Elégant parce qu’il prend la peine de tricoter ses intrigues de mailles fines, où surgissent des moments de réelle poésie et de recherches littéraires.

On sent chez Colize l’envie de jouer avec les codes archi-classique du thriller… mais aussi un besoin de s’en éloigner et de proposer aux lecteur « autre chose ». Sans pour autant devenir « pompeux » et renier son attachement à l’aspect populaire du roman de genre.

Paul Colize est donc un funambule et l’exercice est ici réussi, puisqu’on referme ce roman sans avoir eu l’impression de vivre de chutes… ni de rythme, ni de narration.

Un jour comme les autres par Paul Colize, HC éditions et Folio