Trouble[s]

Six otages filmés par webcam. Des millions de votants sur Facebook. A vous de choisir qui mérite de rester en vie.

« Au secours ! ». Quand le jeune Tom Laughton lit ce message sur Facebook de son ami Erasmus, il se moque de lui : « Alors, Erasmus, de retour de Londres ? Tu n’as plus l'habitude d'être enfermé dans une ville moderne ! ». Mais Erasmus ne répondra pas, car il vient d'être kidnappé, avec cinq autres personnes provenant des quatre coins du monde. Aussitôt, des vidéos des séquestrés commencent à circuler sur Internet. Ni la police, menée par l'agent Clara Capland, ni les médias ne parviennent à mettre un terme à la plus incroyable prise d'otages que le monde ait connue.

Le pire surgit alors sous la forme d'un vote sur Facebook, orchestré par le mystérieux bourreau du monde virtuel : « Choisissez celui que vous voulez sauver ».

N’est-il pas amusant de voir « Le Livre de Poche » sortir un thriller inédit en poche… Qui n’est pas un poche et qui n’est pas non plus un thriller ? Vous êtes perdus ? Ne vous inquiétez pas, nous sommes là pour vous aider. Soit donc ce « Troubles », best-seller numérique qui vous est (enfin ! hurle la quatrième de couv’) offert aujourd’hui à vous lecteur de « vrais » livres ! Adorable ! D’abord, il faudrait s’entendre sur le terme « best-sellers » et le terme « thriller ». Distribué dans un premier temps sous forme d’épisodes au format « Kindle », ce roman s’apparente à la vague d’autoédition qui a électrisé le monde de l’écrit lorsqu’une certaine E.L. James a fait claquer une cravache sur le popotin rebondi d’une jeune étudiante trop peu délurée. Mais ici, pas question de sadomasochisme de supermarché, mais d’une recette déjà mijotée quelques fois au cinéma et en littérature, le « Big Brother mortel », mélange peu inspiré de « Secret Story » et de « Saw ». Le tout sous une forme forcément moderne puisqu’on y retrouve des SMS, des extraits de mails et des références à Facebook. Je like ? En fait, non, pas trop… « Le Livre de Poche » a sans doute cru décrocher la timbale, mais c’est plutôt du côté des souliers de plomb qu’il faudrait piocher la métaphore adéquate. Textes poussifs, personnages trop classiques, séquence interminable et des perles comme « d’immenses containers d’un rouge plein de rouille »... Ce n’est pas avec ce genre de publications que l’a priori négatif d’un certain public de lecteurs face aux productions numériques risque de s’évaporer.

Troubles par Florent Lafani et Gaultier Renault, Le livre de poche