Trou du diable (Le)
Voici donc venir la troisième enquête de Paul Ben Mimoun et Roger Staquet, toujours sous la double plume d’Agnès Dumont et Patrick Dupuis. Après Louvain-La-Neuve et Liège, le duo lance ses enquêteurs dans la région de Couvin, en province de Namur, non loin de la frontière française. Après la découverte du cadavre d’une femme dans les entrailles d’une ancienne mine d’ardoise, Ben Mimoun et Staquet, le premier jeune policier quelque peu fougueux et le second à la retraite, se retrouvent mêlés à l’intrigue par le hasard des amitiés familiales. Cela donne un peu de peps à l’histoire, puisque dans la grande tradition des enquêtes « parallèles », les deux limiers vont avoir du mal à utiliser les ressources officielles de la police belge pour faire toute la lumière sur une histoire complexe, qui semble plonger ses racines dans le passé de la victime... et de son soupçonné assassin.
Pour les aider, les duettistes pourront toujours compter sur l’appui explosif de Camille, journaliste/bloggeuse que rien ne semble arrêter lorsqu’il s’agit de débusquer une sujet, un scoop ou de faire parler un témoin quelque peu récalcitrant.
Ce qui fait le sel des histoires racontées avec un sens du rythme jamais pris en défaut par le duo Dumont/Dupuis c’est sans conteste la galerie de personnages savoureux qu’ils convient au banquet de leur intrigue. Intrigue qui, elle, ne casse pas trois pattes à un canard, mais qu’importe. On n’est pas ici pour découvrir la psyché d’un tueur retors ou pour plonger dans les méandres putrides des perversités humaines. On flirte plutôt avec le quotidien, des interrogations des quidams et les veuleries qui traversent notre société.
Qui plus est, comme dans leurs deux précédents romans (Neige sur Liège et Une mort pas très catholique), les auteurs nous livrent quelques réflexions bien senties sur notre société et ses dérives... sans pour autant basculer dans le prêchi-prêcha ou les leçons de morale à l’emporte-pièce.
Ce Trou du diable est un divertissement de qualité, une preuve supplémentaire que les auteurs belges peuvent sans complexe sortir de l’ombre des créateurs français et de l’encombrant héritage d’un Simenon sans cesse révéré, pour proposer des œuvres originales, rythmées et modernes.
Le trou du diable d’Agnès Dumont et Patrick Dupuis, Editions Weyrich/Noir Corbeau