Trésor sous la colline (Un)

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Jeune Auvergnate, Julia Lerman est nommée à la rentrée scolaire de 1897 à Montignac, petite cité du Périgord. Libre et en avance sur son temps, elle intrigue ou rebute ceux qui la rencontrent. Orientée par le devoir de Lucie, une élève à laquelle elle s'attache, l'institutrice découvre dans les environs une caverne ornée de peintures pariétales. Elle se heurte dans un premier temps au refus du propriétaire du lieu de pénétrer chez lui. Celui-ci, un savant néerlandais qui vit en reclus, serait pourtant le plus à même de comprendre sa passion pour les recherches préhistoriques. En parallèle, 35 000 ans auparavant, un homme qui fuit sa tribu fait la découverte d'un étrange clan...

 

Véronique Chauvy est une magicienne ! Quel que soit le sujet qu'elle choisit d'explorer, elle parvient à fasciner et à donner envie d'aller plus loin ! Elle a réussi à me happer avec une histoire de course de voitures dans L'ivresse du vent ou les mines dans L'éclair d'argent, des sujets pour lesquels je n'avais pas de curiosité préalable.

Cette fois, elle nous entraîne à la fin du 19e siècle, à la rencontre d'une jeune institutrice vouant une passion à la préhistoire. À cette époque, la science préhistorique était encore balbutiante et devait s'appuyer sur les déductions et hypothèses des "découvreurs", puisque les techniques modernes de datation et d'analyse n'étaient encore que des rêves. Sous la plume de Véronique Chauvy, les explorations de cavernes et les mises au jour d'objets préhistoriques deviennent passionnantes. En refermant le livre, on aurait envie de chausser ses chaussures de randonnée et de partir en chasse d'une nouvelle Lascaux !

Les chapitres dévolus à l'homme du passé offrent un contrepoint parfait à ceux concernant Julia et on se prend d'affection pour cet être si étonnant. Grâce à lui, l'autrice démontre tranquillement que, même à cette époque, l'être humain raisonnait, ressentait, aimait...

Tout au long du roman se glissent de legères touches de contexte historique qui ne peuvent que ravir les lecteurs (l'antisémitisme, l'affaire Dreyfus, le peu de considération pour la condition féminine, l'éducation nationale...). Mais là où elle frappe fort, comme chaque fois, c'est sur son personnage principal : une jeune femme à la fois bien de son temps, mais cherchant sans cesse à se libérer des carcans et diktats idiots qui pèsent sur les femmes.

Véronique Chauvy, l'air de rien, se fait l'avocate du féminisme à toutes les époques au fil de ses romans. Elle montre comment, petit bout par petit bout, des femmes somme toute assez ordinaires parviennent à faire avancer les choses. Ici, Julia la maîtresse d'école pousse ses contemporaines sur le chemin de l'émancipation. Sans heurts ni cris, mais tout aussi sûrement que les hominidés de la préhistoire ont tranquillement évolué jusqu'à l'homme moderne.

Sa plume juste, vive et au vocabulaire recherché, fait naître en nous les images, les bruits et les odeurs, de façon aussi réaliste que l'art pariétal, finalement.

 

Un trésor sous la colline de Véronique Chauvy, Éditions de Borée, ISBN 978-2-81-292806-2, Prix 21 €

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