Tous les frères font comme ça

Laurent Boyet est né en 1971, dans un village de la Loire. Il est issu d’une famille modeste, dernier-né tardif et peu désiré d’une fratrie de cinq enfants.

Dans ce récit-témoignage, il nous raconte l’enfer du viol que son frère, son aîné de 10 ans, lui a fait subir entre l’âge de 6 et 9 ans.

Âgé maintenant de 46 ans, marié et père de 3 enfants, capitaine de police à Perpignan, il a décidé qu’il était temps pour lui de relater son calvaire et de nous raconter l’histoire de sa longue reconstruction.

D’emblée, on est plongé dans l’inconcevable vécu de ce petit garçon qui attendait avec tant d’impatience les vacances d’été, qui lui ramenaient son grand frère adoré. C’est assez crûment que L. Boyet décrit ce terrible matin où il a cessé d’être un enfant.

Son récit alterne ensuite entre passé et présent pour exprimer son ressenti et sa souffrance. Il nous parle de sa famille, de ses relations avec les femmes, de ses rancœurs, de sa recherche du pourquoi mais aussi de son rôle de mari et de père. On lit un texte cathartique, où les sentiments sont à vif et déversés pêle-mêle. C’est un cri de souffrance enfin libéré, un flot de colère et de dégoût, une terrible introspection sur ses responsabilités, son équilibre mental et ses sentiments envers sa famille.

Mon ressenti :

J’ai décidé de lire ce témoignage car j’espérais comprendre les motivations de ce frère presqu’adulte : perversité, esprit de domination, jalousie, méchanceté...? Je me doutais que le récit serait dérangeant mais ne m’attendais cependant pas à terminer ma lecture avec encore plus de questions en tête : comment est-il possible que les parents aient été aussi aveugles ? Comment n’ont-ils pas vu la souffrance physique et morale de leur benjamin ? Où étaient les professeurs, les médecins ?

Je referme ce livre avec un sentiment peu gratifiant de voyeurisme et de réel malaise, l’entourage du petit Laurent étant vraiment malsain, et j’avoue avoir eu du mal à gérer l’agressivité latente envers le lecteur, qui est souvent pris à partie.

A réserver à un public averti.

Tous les frères font comme ça, Laurent Boyet, Hugo et Cie, 197 pages, 15 euros