Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street
A Nightmare on Fleeet Street
Razor back
Après avoir injustement croupi pendant quinze longues années au fond d’une geôle australienne, Benjamin Barker s’évade puis traverse l’océan avec une seule idée en tête : se venger de l’infâme juge Turpin qui le condamna jadis sur la base de fausses allégations dans l’unique but de lui ravir sa femme Lucy et son bébé Johanna. De retour à Londres, il s’empresse de se rendre là où il avait vécu dans le passé des jours heureux avec sa famille. En arrivant à son ancienne échoppe de barbier, il découvre qu’elle est désormais à l’abandon et fait la connaissance de Mrs Lovett qui tient la boulangerie située juste en dessous. Cette dernière tombe instantanément sous le charme de ce mystérieux homme ténébreux.
From hell
Elle lui annonce alors de très mauvaises nouvelles : sa femme Lucy s’est donnée la mort bien des années auparavant, après qu’elle ait été violée par le juge Turpin. Celui-ci s’est ensuite arrangé pour que sa fille unique Johanna lui soit légalement confiée en tant que tuteur. Depuis toutes ces années, il séquestre jalousement sa pupille avec la complicité de son âme damnée, le bailli Bamford, en attendant patiemment, le moment venu, qu’elle soit en âge de devenir sa maîtresse.
Bien que quasiment cloîtrée en permanence dans sa chambre Johanna, qui est maintenant devenue une ravissante adolescente, a attiré l’attention d’Anthony, le jeune marin qui sauvé la vie de Sweeney au cours de son évasion. Tombé amoureux fou de Johanna dès le premier regard, Anthony jure de tout faire pour la tirer des griffes du juge Turpin et de l’épouser.
Sweeney aux rasoirs d’argent
En son absence, Mrs Lovett avait consciencieusement conservé les superbes rasoirs en argent aux lames étincelantes et effilées dont Barker se servait dans le passé et en tenant enfin ses “précieuuuuuuuux amis” dans ses mains. Après tant d’années, Todd sent “son bras à nouveau complet”. Le voilà donc qui rouvre son échoppe de barbier en attendant impatiemment que sonne l’heure de sa vengeance mais lorsque son extravagant rival Pirelli menace de dévoiler sa véritable identité sur la place publique, Sweeney se voit malheureusement contraint de l’égorger. Mrs Lovett, jamais à court d’idées, n’hésite pas à voler à son secours. Pour l’aider à se débarrasser de l’encombrant cadavre, elle lui propose d’en faire de la chair à pâté ce qui, du coup, relancera ses propres affaires qui périclitaient depuis un bon bout de temps.
L’assassinat du vil maître chanteur est l’élément déclencheur qui fait basculer les choses. De malheureuse victime, le barbier déjà particulièrement perturbé se mue en bourreau implacable. Aveuglé par sa soif de vengeance, Todd s’enfonce pas à pas dans les chemins de la perdition et coupe définitivement les ponts avec la réalité. L’égorgeur de Londres se met alors à occire ses clients en attendant patiemment que tombent sous ses griffes acérées le juge Turpin et son exécuteur des basses œuvres, le bailli Bamford, ainsi que tous ceux qui sont indirectement responsables de sa déchéance. Avec ses lames fatales, Todd tranche à tour de bras la gorge de ses infortunés clients avant de les faire tomber directement dans la cave de la maison grâce à un astucieux système qu’il a lui même bricolé sous le fauteuil où s’installent les hommes qui viennent se faire raser de près dans son échoppe. Au sous-sol sa complice, Mrs Lovett, réceptionne les cadavres avant de les dépecer et de les passer à la moulinette afin de confectionner avec cette juteuse chair de délicieuses tourtes.
L’amour à mort
Mrs Lovett fait désormais un véritable tabac avec ses appétissantes mais très “spéciales” tourtes à la viande dont tout le monde raffole, sans même soupçonner la provenance de leurs ingrédients, et comme sa boutique ne désemplit pas, il lui faut toujours plus de “matière première”. Devant un tel succès, elle se prend même à rêver d’une nouvelle vie respectable et bourgeoise avec son amour de barbier pour époux et Toby, l’ancien assistant de Pirelli comme “fils adoptif”. De son côté, Todd est trop obnubilé par sa vengeance pour prendre conscience des sentiments qu’éprouve sa complice à son égard. Il est bien décidé à aller jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix à payer. Le drame de Mrs Lovett est non seulement d’aimer un homme qui ne la remarque même pas car il ne songe qu’à venger la mort de sa femme mais aussi d’avoir sciemment omis de lui révéler une chose cruciale ce qui va engendrer un nouveau drame encore plus horrible que les précédents et causer, du coup, sa perte.
Mélodie en sous-sol
Si ce nouveau film de Tim Burton est l’adaptation cinématographique de la célèbre comédie musicale horrifique éponyme créée en 1979 par Stephen Sondheim qui fit un tabac à Broadway puis à Londres, le personnage de Sweeney Todd a aussi fait l’objet de moult livres, pièces de théâtre, films et téléfilms. Pour réussir ce passage de la scène au grand écran, il a tout d’abord été nécessaire d’épurer et de couper au maximum l’histoire pour transformer la comédie musicale de 3 heures en un film de 2 heures. Pour cela, le choix a été fait de se focaliser surtout sur les deux personnages principaux au détriment de certaines intrigues secondaires. La quasi totalité de l’action se déroule lors de séquences chantées soit en duo, soit en solo, représentant presque 80 % du film.
Le Londres de l’époque victorienne a été “réinventé” pour l’occasion dans les Studios de Pinewood au travers de multiples décors et costumes, le tout avec une esthétique stylisée et dans une ambiance qui puise ses influences tout à la fois dans le cinéma muet, l’expressionnisme allemand façon Murnau ainsi que les vieux films d’horreur hollywoodiens en noir et blanc (de l’époque Universal et Hammer). Sous ses airs de comédie musicale, Sweeney Todd est, en réalité, un vrai film d’horreur. Afin de mieux illustrer toute la noirceur du récit, Burton a choisi de privilégier une image très contrastée avec des noirs profonds dans des décors monochromatiques. Plus tard, en cours de post-production, on a désaturé encore un peu plus la couleur pour aboutir à un quasi noir et blanc afin de mieux faire ressortir le rouge vif des geysers de sang qui jaillissent des gorges tranchées jusque sur l’objectif de la caméra. A la noirceur du présent s’opposent les couleurs vives des flash-back nous montrant les moments de joie que vécut dans le passé Todd auprès de sa famille ainsi que les fantasmes de Mrs Lovett s’imaginant vivre le bonheur parfait auprès de l’homme de sa vie et de son fils adoptif. Ces séquences, qui tranchent visuellement avec le reste du film, s’apparentent, en quelque sorte, à des monologues introspectifs qui en disent long sur la psychologie des deux principaux personnages.
Cette histoire de vengeance ultime aux allures de drame shakespearien d’une noirceur extrême mélange tout à la fois passion, drame, émotions et humour macabre. Burton est aux anges dans cet univers gothique, romantique, poétique et horrifique tandis que le “diabolique” Johnny Depp, son complice de longue date et alter ego à l’écran, se glisse, tel un caméléon, dans la peau de son personnage jusqu’à ne faire plus qu’un avec lui. On découvre, cette fois-ci, une nouvelle facette de son immense talent : celui de chanteur. Bien que ce serial raseur soit plutôt avare de paroles, Depp arrive à nous faire passer toute une palette d’émotions uniquement au travers de son regard (d’où l’utilisation d’un grand nombre de gros plans). Pour lui donner la réplique, il est entouré d’un casting de rêve : Helena Bonham Carter, Alan Rickman, Timothy Spall et Sacha Baron Cohen. La vengeance est incontestablement un plat qui se mange froid.
Sweeney Todd – Le Diabolique Barbier De Fleet Street
Réalisation : Tim Burton
Avec : Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman, Timothy Spall, Sacha Baron Cohen, Edward Sanders, Jamie Campbell Bower, Jayne Wisener, Laura Michelle Kelly.
Sortie le 23 janvier 2008
Durée : 1 h 55
Commentaires
Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier De Fleet Street
Oserais-je dire : bof. C’est peut-être l’aspect comédie musicale qui m’irrite. Sans les chansons celà aurait été un film génial.