Survivre
2035. La Terre est en sursis : les catastrophes climatiques se multiplient, les sociétés sont en ébullition et les réserves d’eau potable se raréfient. Le survivalisme prend de l’ampleur. Survivre devient à la fois un défi et une obsession. C’est aussi le thème et le nom du grand jeu télévisé que lance le milliardaire Alejandro Perez, magnat des intelligences artificielles.Dans l’énorme complexe construit ad hoc dans l’Idaho, le lancement de Survivre s’annonce spectaculaire. Mais lorsqu’un agent de la DGSE infiltré dans l’organisation de Perez disparaît, son frère, l’ex-journaliste Florian Starck, se décide à intégrer l’émission.Et découvre un envers du décor aussi mystérieux que terrifiant.Car la promesse d’un grand divertissement dissimule un objectif beaucoup plus sombre.Dès la première épreuve, le compte à rebours commence.Pour les candidats.Pour Florian Starck.Et pour nous tous.
Si l’auteur est connu pour ses histoires policières, avec Survivre, il change de terrain de jeu pour se lancer dans ce que l’on appelait « anticipation » au siècle dernier (oh, misère…) et qui est nommé aujourd’hui « dystopie ». On est d’ailleurs presque dans le « post-apocalyptique », puisque l’histoire se déroule en 2035 et que la terre a subi déjà nombre de cataclysmes. Canicules, incendies planétaires et épidémies ont décimé la population mondiale. Le personnage principal, Florian Starck, touché lui-même par l’une de ces catastrophes, s’est retiré dans les Alpes où il pratique le survivalisme, voire le bushcraft, qui relève plus d’une vie en harmonie avec la nature.
Le titre prend déjà tout son sens dès les premières pages avec la description du quotidien de Florian et de ses rapports avec la communauté de réfugiés climatiques et de collapsologues toute proche. À l’ère de l’intelligence artificielle, de la réalité augmentée et des voitures sans chauffeur, la planète se meurt et l’Homme avec elle.
C’est pour partir à la recherche de son frère disparu, et à la demande de sa sœur haut placée dans la sphère politique, qu’il va accepter d’intégrer l’émission de télé-réalité intitulée Survivre, en tant que coach d’une des participantes.
De nombreux sujets sont abordés dans ce roman, peut-être un peu trop pour être correctement développés d’ailleurs. Il en résulte un mélange de post-apo survivaliste, de critique satirique de notre société de surconsommation et du besoin de voyeurisme de la masse (le jeu lorgne entre autres vers l’émission Koh-Lanta) ainsi que d’enquête sur fond d’espionnage industriel. J’avoue avoir préféré nettement le côté survivaliste et le jeu en lui-même que les sombres arcanes politiques ou la partie espionnage, qui m’ont moins intéressée. Mais j’ai été séduite par les rouages du jeu télévisé et l’atmosphère délétère de fin du monde (eh oui, je reconnais que j’adore les films-catastrophe et les romans post-apo !).
Mystères, rebondissements, action pure, tout se déroule à cent à l’heure et ne nous laisse aucun répit, surtout pas celui de nous ennuyer. De même, une romance est intégrée à l’intrigue, ce qui n’est jamais pour me déplaire quand elle est, comme ici, bien menée et pas trop guimauve.
Pour ce qui est de la forme, j’ai tout d’abord été déstabilisée par l’emploi du passé composé. J’avais déjà eu du mal à m’habituer à l’écriture au présent il y a quelques années, voilà qu’il me fallait encore intégrer un autre temps ! L’âge sans doute… mais également une formation littéraire classique, qui va de pair, finalement, avec ma date de naissance. Je reconnais que j’ai eu un peu de mal avec ça, les habitudes ont la vie dure. Mais j’y ai trouvé un langage riche qui m’a permis d’ajouter quelques mots à mon vocabulaire, ce qui est toujours un bon point pour moi, ainsi que pour l’auteur. Ce dernier manie fort bien notre belle langue et l’ensemble est très agréable à lire. Je souligne et salue aussi les compétences et/ou recherches qu’il affiche en matière de technologies nouvelles et d’IA, auxquelles je n’ai d’ailleurs pas tout compris, car en plus d’être une femme, blonde de surcroît, je suis, par essence, fâchée avec les trucs un peu techniques.
En bref, malgré de très légers petits bémols, ce fut plutôt une belle et intéressante lecture que celle de ce roman très noir, à la vision extrêmement pessimiste et apocalyptique de notre monde et de son avenir. Malheureusement je la crois aussi très lucide. Le jeu n’est finalement qu’un prétexte à l’expression de messages forts, et fort à propos, quant à l’urgence de revoir nos priorités et de nous recentrer sur les vraies valeurs afin d’anticiper, si ce n’est pas trop tard, notre survie.
Parue sur : https://www.book.beltanesecret.com/survivre-vincent-hauuy/
Survivre, de Vincent Hauuy, chez Hugo Roman, prix : 19.95 €