Stay

Soumis par Josèphe Ghenzer le dim, 06/08/2006 - 11:58

Réalisateur:

A propos d’Henry

Le monde n’est qu’une illusion

Remplaçant au pied levé l’un de ses confrères tombé mystérieusement malade, Sam Foster, un brillant psychiatre new-yorkais, se retrouve en charge d’un patient peu ordinaire : Henry Letham, un étudiant déprimé et fasciné par le côté romantique de la mort. Au cours de leur 1e séance, ce dernier annonce froidement à son thérapeute qu’il est fermement résolu à se suicider la veille de son 21e anniversaire qui aura lieu dans moins d’une semaine. Passé le choc causé par cette révélation insolite, Sam n’aura alors de cesse de comprendre les motivations de son patient et de tout faire pour l’empêcher de passer à l’acte, quel qu’en soit le prix.

Plus Sam s’implique, corps et âme, dans cette mission de “sauvetage” et plus sa vie personnelle en pâtit. Alors qu’il tente d’analyser le subconscient d’Henry, sa propre vie semble perturbée en retour, à commencer par sa relation sentimentale avec Lila, une ex-patiente fragile qu’il a réussi à sauver du suicide quelque temps auparavant. Tout ce que Sam considérait jusqu’alors comme rationnel commence à vaciller. Les souvenirs d’Henry, ses étranges hallucinations, ses inquiétantes prémonitions ainsi que son sens perturbé de la réalité deviennent aussi réels pour Sam que s’ils étaient les siens. Confronté à des rencontres de plus en plus surréalistes, dans un Manhattan qu’il reconnaît de moins en moins, Sam ne parvient désormais plus à démêler le réel de l’imaginaire.

Confusion

Partant du principe que la perception de la “réalité” varie systématiquement d’un individu à l’autre, Stay entraîne le spectateur décontenancé dans un voyage intérieur au coeur des méandres tortueux de l’imagination humaine. L’intrigue, qui mélange tout à la fois drame psychologique et thriller fantastique, fonctionne dans une réalité décalée permettant ainsi de créer, de toutes pièces, un univers onirique qui ne suit que sa propre logique dans la mesure où ce qui se passe dans la tête d’Henry, cet étrange patient aux allures de Prophète, finit par se produire dans la réalité de Sam.

Pour visualiser à l’écran ce monde symbolique et onirique fait de rêves éveillés, d’illusions et de fantasmes plus ou moins assumés, Marc Forster joue simultanément sur les couleurs, la lumière, les cadrages et les effets visuels (effets de trompe-l’oeil, faux-fuyants, mise en perspective tronquée…) pour accentuer le sentiment d’étrangeté. Toutefois, malgré un casting impeccable, une mise en scène atypique et une pléthore d’effets visuels en tout genre, destinés à accroître sensiblement le sentiment de doute et de bizarrerie, Forster passe visiblement (inconsciemment ?) à côté du fond, à force de vouloir trop en faire au niveau de la forme, sans compter que la révélation finale a malheureusement un goût de déjà-vu.