Space opera

Pour moi, space opera va de pair avec saga. C’est le départ, la grande envolée. Jadis, on prenait un navire, un vaisseau et l’on sillonnait les mers, on partait à l’aventure, croisant souvent le fer avec des pirates.
Il y a eu également les « péplums ». C’était l’odyssée, avec toujours la notion de grands espaces à conquérir, de recherche de soi-même. Il y a eu les légendes arthuriennes et leurs lots de magie, les films de cape et d’épée, et leurs quotas de bravoure, les westerns et leurs mystères de l’Ouest ; puis il y a eu le space opera qui reprenait le tout. Les vaisseaux ne voguent plus sur les mers, même houleuses, mais sont intergalactiques et se déplacent dans les espaces sans limite, mais jamais inaccessibles. Les ennemis sont extraterrestres, mutants, cybernétiques, et on ne les combat plus avec des épées ou des revolvers, mais avec des pistolets à rayons laser ou des glaives radioactifs, sorte de magie de l’ère nucléarisée.


Les technologies ont évolué, mais dans ce cas, l’imaginatif a dépassé le scientifique dans ses recherches, et a même ouvert des pistes aux physiciens de base.
Aux récits des débuts, un brin naïfs, parfois peu crédibles, ont succédé ceux donnant une explication plausible à des expéditions dont la durée réclamerait en principe des milliers d’années, par le biais de la téléportation, ou encore de « raccourcis spatiaux ». Ainsi, terminé de voir plusieurs générations de spationautes se succéder dans le même vaisseau pour atteindre une planète réfugiée aux confins du système solaire ou plus loin encore. On entre presque dans le concept du théâtre classique où tout se déroulait en un lieu et en un jour.

Mais toutes ces inventions littéraires, toutes ces trouvailles des créateurs de l’imaginaire n’ont plus alors de limites, et nous assistons à l’éclosion de mondes nouveaux, de planètes insoupçonnées. La S-F devient alors souvent Fantasy, puisque génératrice d’étonnement pour ne pas dire d’émerveillement. Avec le space opera, la formule : « l’imagination au pouvoir ! », a vraiment droit de cité.
Tout y est permis : les planètes merveilleuses autant que les planètes inhospitalières, les explorations de l’univers au-delà même des limites imposées par la science en général, et l’astronomie en particulier, l’apparition de créatures hybrides, incroyables et étonnantes : TOUT. C’est le grand défoulement, l’éclatement complet de l’écrivain, du créateur de l’imaginaire.

Les pulps et les comics des années 30/40 ont eu la part belle en matière de space opera, se permettant toutes les audaces possibles.
En digne héritier ou tout bonnement continuateur de ce concept, Edmond Hamilton a commis dès 1947 un roman, « Les rois des étoiles ».

L’histoire d’un petit comptable de New York qui se retrouve muté en Empereur des étoiles et plongé dans un conflit à l’échelle de la galaxie, frappait d’entrée plutôt fort, et contribuait à l’élaboration du mythe du space opera. Pour l’époque, ce fut un grand succès, ce qui lui valut 20 ans plus tard une suite appelée « Le retour aux étoiles », le tout étant regroupé dans « La saga aux étoiles », la bien nommée.


Et d’étoiles, il en sera encore question, avec la sortie aux USA en 1977, du film de George Lucas « Star Wars », alias « La guerre des étoiles. Tous les ingrédients propres au space opera sont ici réunis et contribueront au succès planétaire du film, et à la saga qui s’en suivra.

Et maître Asimov ne pouvait rester en retrait, et nous proposa son cycle « Fondation », avec, au départ comme il se doit, un empire galactique, dont la capitale Trantor couvre une planète entière. Et c’est l’avènement de la « Psychohistoire », prédisant la chute de l’empire et l’éclosion de 30.000 ans de barbarie. On le voit, là encore, tout est prétexte à saga, guerres et espaces infinis, le tout propre à enflammer les esprits des lecteurs pour leur plus grand plaisir.


Autre maître de la S-F, Franck Herbert nous a livré une œuvre remarquable avec « Dune » en 1965. C’est une ode à l’écologie, à la magie, voire aux médecines naturelles avec le concept de « l’épice » qui joue un rôle important dans la saga. Mais tout n’est pas idyllique dans ce monde où certains Humains peuvent remplacer les machines, étant ainsi asservis à une condition peu glorieuse, et où la science ne peut être bannie, faisant toujours l’objet de convoitises dans un univers où complots, combats, manipulations sont légion. Mais qu’importe, le rêve et les dépaysements l’emporteront toujours.


Et nous arrivons à l’incontournable série TV que l’on retrouve souvent dans « Les thèmes de l’imaginaire ». S’il y a eu « L’homme invisible », s’il y a eu « Les envahisseurs », il y a eu également, « Star Trek », le space opera de la petite lucarne.
Autant que les oreilles du semi-Vulcain Mr Spock et que le vaisseau Enterprise, ce qui est caractéristique de cette série, c’est une espèce de monde en vase clos pour réussir des missions mettant en relief les espaces infinis, et dans un but résolument philosophique : comprendre l’essence et le devenir de l’Univers et de ses composants.


La boucle est bouclée, d’une matière dont on ne fera pourtant jamais tout à fait le tour, car trop vaste, aux dimensions intersidérales, intergalactiques. Ce sont les tréfonds de l’Univers, mais aussi de l’esprit et de la pensée humaine que le space opera explore pour nous ramener un fragment de réponse à nos interrogations. Qui sommes-nous dans cet Univers ? Qui sommes-nous, et où allons-nous ? Si les littératures de l’imaginaire posent souvent les bonnes questions pour apporter les meilleures réponses, elles savent aussi s’éclater un bon coup, et nous offrent sagas, cycles, et bien d’autres choses encore, pour nous emmener à la vitesse de la lumière, vers des mondes qu’elles seules aujourd’hui sont capables de nous montrer.

La sélection pour un tel thème est difficile, tant les œuvres sont importantes. Alors, allons-y quand même pour :

- « La saga des étoiles » - roman d’Edmond Hamilton - J’ai Lu.

- le DVD Zone 2 - Coffret trilogie « Star Wars » Épisodes IV, V et VI - « La guerre des étoiles » - « L’empire contre-attaque » - « Le retour du Jedi ». de George Lucas - Irvin Kershner.

- Tout le cycle de « Fondation » d’Isaac Asimov - Folio SF.

- le DVD du film « Dune », de David Lynch.

- Et bien sûr les coffrets DVD (4 saisons, une coffret par saison) de la série « Star Trek originale »pour les inconditionnels de Mr Spock

Novembre 2006