Son Paris par Amandine Coyard

France, mars 1923

  La ligne de front se rapproche sans cesse de la capitale et il se murmure dans les troquets que la Triple Alliance prévoit une nouvelle fournée de zombies pour conquérir enfin Paris. En attendant, la guerre se joue dans l’ombre : propagande, quêtes d’informateurs et d’informations, la guerre est psychologique plus que physique dans cette ville qui ne tient plus qu’à peu de choses face aux envahisseurs.

  Attablé en terrasse du café de la Paix, le jeune André regarde d’un œil attristé la vie morose de son Paris. Même l’Opéra semble plus terne, ses couleurs moins nobles et sa pierre plus usée par la tristesse des derniers Parisiens qui osent le fréquenter. Sa ville tant aimée n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis qu’elle vit dans la peur des soldats et monstres ennemis, d’une attaque ou même d’un traité qui vendrait le pays au camp adverse. Où diable les Autrichiens ont-ils dégotté ces horreurs aux visages qui n’ont plus rien d’humain, et comment font-ils pour les contrôler ? Tapotant nerveusement des doigts sur la table, l’étudiant se pose pour la énième fois cette question que toute l’Europe de l’Ouest se pose également depuis les premières attaques meurtrières. Quand trop penser rend sa tête douloureuse, il sort une cigarette roulée de la poche de sa chemise et l’allume, toujours en train de scruter les quelques badauds traversant la chaussée à la recherche de la personne qu’il attend avec de moins en moins de patience : Marcel, son compagnon d’infortune dans cette lutte secrète qu’il mène depuis quelques mois déjà.

  Quelques minutes plus tard, c’est un Marcel comme toujours en retard qui s’installe tranquillement à côté de son ami. Tous deux distributeurs de quotidiens, ils passent la fin de la nuit et une bonne partie de la matinée à balancer des journaux sans grande conviction sur les pas de porte avant de refaire le monde ensemble l’après-midi. Car c’était bien là leur seul objectif : à leur petite échelle réussir à renverser les chances et sortir de cette guerre où le monde entier commençait à s’engluer. De grandes ambitions pour de tout petits hommes, mais leur jeunesse était aussi un atout puisqu’elle les faisait souvent passer pour des anonymes dont personne ne se méfie, pas même les partisans de cet empire-zombie qui commence à prendre racine. La Triple Alliance était en train de réussir un coup de maître : tenir par la terreur des États qui n’ont rien en commun sinon d’être voisins et de redouter une invasion de dévoreurs de cerveaux sur leur territoire.

  — Ça me rend fou ! commence André sans autre forme de salutations.

  Perdu dans ses pensées et ses réflexions, il en oublie souvent les plus essentielles règles de bienséance. Bien heureusement, Marcel est bien au fait des étranges mœurs de son ami et ne s’en offusque pas outre mesure, se contentant de donner un coup de phalange sur la poche de sa chemise pour réclamer une cigarette à son tour. André réajuste son béret, en équilibre précaire sur sa tignasse châtain mal coiffée avant de répondre à sa demande, toujours aussi ronchon.

  — C’est un jour magnifique ! Profites-en un peu plutôt que de broyer du noir…

  Claquant avec violence le capuchon de son briquet qu’il tient à la main, Marcel le réprimande autant pour son humeur rien de moins que désagréable que pour les discours bien trop tendancieux qu’il a tendance à servir en public. Ils sont tous deux persuadés d’être dans leur bon droit comme leurs autres compagnons de guerre silencieuse, car ils défendent leur patrie, mais reste que les moyens qu’ils utilisent ne sont pas toujours licites. Le mot d’ordre est et sera toujours la discrétion.

  André renifle de dépit mais ajuste sa position sur sa chaise, faisant preuve d’un peu plus de décontraction dans son attitude.

  — Quelles nouvelles ? demande-t-il bien conscient qu’elles ne seront pas forcément bonnes.

  — Ça bouge dans le Nord, il y a des présences indésirables…

  André retient difficilement un hoquet de stupeur, Marcel ne parle évidemment pas d’une quelconque sauterie qui se déroulerait dans le Nord de la ville. Par Nord, il entend le Nord des galeries qui s’étendent sous la capitale et qui leur servent accessoirement de réseaux souterrains et par « indésirables », il entend sans nul doute que des morts-vivants s’y meuvent. Avec soulagement, le jeune résistant se rappelle que nulle galerie ne s’étend jusqu’à ce quartier mais garde un œil attentif posé sur les plaques d’égouts devant lui. Il soupire profondément avant de reprendre la parole.

  — Ça s’organise un peu trop à mon goût, vois-tu ?

  — Je trouve aussi, lui répond son ami du bout des lèvres. Il va falloir commencer à en faire de même.

  De résistance, ils n’en portent que le nom pour l’instant. Petits groupes morcelés attendant le coup de pouce qui les fera franchir le pas et enfin faire quelque chose qui changera la donne. Détachant son regard de la route, André pivote pour faire face à Marcel et plante ses coudes sur la petite table ronde.

  — Yvonne.

  — Yvonne ?

  Sa cigarette pendant mollement de sa bouche, son compagnon le regarde comme si il venait de lui expliquer les principes de la physique quantique. Yvonne Printemps, comédienne de son statut, use de ses connexions et de ses nombreuses sorties mondaines pour tisser et entretenir un réseau d’informateurs réputé comme le meilleur de la région parisienne. Mais la dame tient aussi une réputation de fantasque incomparable.

  — Si vraiment, il y a… – soudain conscient de son environnement, André baisse sensiblement le ton de sa voix – invasion, elle est forcément au courant et elle pourra nous aider à mettre en place ce réseau dont on parle sans ne jamais rien faire !

  Il n’aurait pas été jusqu’à dire qu’ils ne faisaient rien. La nuit, il collait des tracts pour alerter et renseigner la population, ils écumaient les cafés pour faire traîner leurs oreilles et récupérer des informations souvent inutiles, quelquefois cruciales. Avec un peu d’honnêteté, Marcel doit s’avouer que jusqu’à présent, leur mouvement est plus une idée qui rassemble, qu’un rassemblement qui agit. Las, il acquiesce lentement à l’idée de son ami. Il est temps de cesser de tergiverser.

*

  — Mais puisque je vous dis que je la connais !

  André s’agite comme un beau diable, perdu dans les bras de la brute qui garde précieusement la porte de sortie du théâtre de l’Étoile. Ce dernier n’a pas l’air de croire que les deux garnements sont autre chose que des jeunes adorateurs de la diva et compte bien les empêcher de rentrer, voire les dissuader une bonne fois pour toute de revenir ici. Yvonne est une étoile dans Paris, les admirateurs se pressent de plus en plus à sa loge du théâtre de l’Étoile où elle tient un petit rôle dans L’accroche-cœur de Sacha Guitry.

  Excédé, le garde lève le bras pour donner une correction au jeune garçon qui se protège immédiatement. La porte claque soudainement contre le mur, dévoilant une jeune femme à la mise en pli impeccable. Noyée dans un ensemble chatoyant de colliers de perles et de pierres brillantes, Yvonne lève ses bras blanchâtres vers le pauvre André toujours aux prises de la brute.

  — André ! crie-t-elle à son attention. Mon petit livreur préféré !

  L’ambiance glauque de la petite ruelle est tout de suite enluminée par la présence de la starlette, rayonnante. Le garde du corps relâche à peine la pression sur les épaules du jeune homme, observant d’un œil circonspect l’évolution de la situation. Yvonne lui tapote gentiment les bras pour lui faire comprendre qu’il est temps de cesser de jouer les durs, toujours sans se départir de son sourire.

  — Allez, mon Henri, ce ne sont pas ces morpions qui vont me faire du mal !

  Henri la brute laisse enfin partir André qui redresse immédiatement son précieux béret désormais prêt à tomber. Après un regard lourd de sous-entendus, le garde rentre par la porte et laisse les trois autres protagonistes dans la ruelle derrière le théâtre.

  — Petit imbécile ! lance la diva à André tout le prenant dans ses bras.

  Malgré l’insulte, l’étreinte est amicale et chaleureuse et Yvonne gratifie même André d’un baiser sonore sur la joue. Il rougit immédiatement sous le contact avant qu’il ne se ressaisisse et montre d’un geste de la main son compagnon.

  — Je te présente Marcel, un compagnon de « travail ».

  Il appuie particulièrement sur le dernier mot, bien conscient que l’intelligente Yvonne fera tout de suite le lien entre véritable emploi et activité bénévole. Ravie de retrouver un autre allié dans sa lutte, la jeune femme étreint de la même manière le nouveau venu qui rougit tout autant dans les bras de cette magnifique comédienne.

  — Allez, rentrez prendre un petit quelque chose avant que je ne parte en répétition.

  Elle s’engouffre aussitôt à travers la porte, sans même vérifier si elle est suivie ou non, et avance entre les portants de costumes qui inondent le couloir. André et Marcel ne se font pas prier et adoptent le même pas rapide qu’Yvonne, bien que beaucoup moins assuré, et la suivent jusqu’à sa loge. Toujours sans un regard en arrière, elle s’assoit aussitôt devant sa coiffeuse en faisant valser sa robe de mousseline. Elle pioche ensuite dans la pile de produits cosmétiques étalés dessus où elle saisit un rouge à lèvres bordeaux. Tout en retouchant son arc de cupidon, elle aborde d’emblée le sujet de la visite des jeunes hommes.

  — Nous sommes tranquilles pour le moment, que me vaut le bonheur de ta présence, André ?

  Sans se faire prier, il s’installe dans le petit sofa deux places de la loge et invite d’un geste de la main Marcel à en faire de même. Il lorgne d’un œil torve sur la seconde coiffeuse de la loge, situé à quelques dizaines de centimètres à peine de celle d’Yvonne. Sacha Guitry, compagnon dans la vie et sur scène de la comédienne, est un mari d’une jalousie maladive. Il refuse de laisser la belle seule dans une loge là où elle risquerait, selon lui, de se laisser tenter par le diable.

  André a assisté plus d’une fois à une scène entre les deux époux et redoute qu’il ne déboule dans la loge et la découvre avec deux jeunes hommes. Quoiqu’une fois encore, leur jeunesse les protégeait d’une certaine manière. Soupirant, il se sort le mari jaloux de l’esprit et revient à la raison de sa visite.

  — Il se murmure que ça bouge dans le Nord, et ce n’est pas de notre fait.

  Un gros pinceau plein de poudre à la main, Yvonne s’interrompt dans son geste et fixe son jeune ami à travers le miroir. Une ombre d’inquiétude passe sur son visage mais disparaît aussitôt, alors qu’elle retrouve son éternel sourire et sa bonne humeur.

  — Et bien, il va être temps de faire quelque chose mes jeunes amis !

  Elle est comme cela Yvonne, portant parfaitement son nom de scène « Printemps », elle irradie le bonheur et la joie de vivre et la communique autour d’elle. Son tempérament solaire est évidemment à double tranchant et ses crises sont elles aussi connues dans le tout Paris, piètre inconvénient à la joie qu’elle procure. Souriant à ses propres pensées, André s’apprêta à lui répondre mais le jusque-là silencieux Marcel lui coupe l’herbe sous le pied.

  — Nous avons pensé que votre réseau pourrait nous aider à empêcher une attaque qui viendrait d’en bas, car il nous paraît évident qu’elle serait dévastatrice.

  Si la Triple Alliance parvient effectivement à placer des groupes de zombies dans les souterrains de la ville, lâchés dans la ville grâce à des alliés en surface qui ouvriraient des plaques d’égouts, personne ne sera prêt à affronter une telle armée. Ces cadavres ambulants ne brillent certes pas pour leur intelligence mais ils sont une arme absolument létale qui a couché bien des villes et pays avant d’envahir lentement le Nord-est de la France.

  — Évidemment, répondit-elle d’une voix plus douce, il faut commencer à se réunir… Tu as plus de détails sur ces mouvements ?

  C’est la porte qui claque contre le mur qui lui répond, laissant apparaître un homme de forte carrure engoncé dans un peignoir beige. Le regard mauvais, il s’avance sans un regard pour les deux jeunes hommes toujours assis dans le canapé vers sa coiffeuse sans lâcher du regard sa femme. Pour sa part, elle continue de parfaire son maquillage en l’ignorant royalement malgré la tension devenue palpable dans la pièce.

  — Sacha, le salue-t-elle finalement.

  — Yvonne.

  Le ton froid avec lequel ils se parlent ne laisse pas planer de doute sur l’ambiance actuelle dans le couple. Agacée par le regard soutenu de Sacha, Yvonne finit par se lever et tirer avec violence un rideau qui sépare ainsi les époux. La comédienne se retourne alors vers Marcel, témoin pour la première fois de cet étrange bal amoureux et glisse sur le ton de la confidence :

  — Il est très jaloux…

  L’arrivée de Sacha dans la loge les empêche également de poursuivre leur discrète discussion : il ne fait pas partie de ce mouvement et Yvonne ne veut sûrement pas de lui dans leur manège. Elle retourne à sa coiffeuse et dégotte papier et plume pour inscrire quelques mots rapides qu’elle tend à André en silence. Ce dernier jette un œil à son contenu : une adresse et une date. D’un sourire de connivence, ils se saluent puis les deux garçons quittent le théâtre.

 

  Le rendez-vous fixé par Yvonne ne se tenait qu’une semaine plus tard, et pourtant les choses ont très rapidement évolué entre-temps. Les rumeurs sont devenues des faits, des habitants de la capitale ont aperçu des camions faire des va-et-vient curieux aux alentours des carrières de gypse au Nord de Paris et des tracts de propagande ont fait leur apparition sur des murs qui étaient jusque-là épargnés. La guerre silencieuse devient assourdissante.

  Arrachant avec fureur une de ces fameuses affiches de propagande, André presse le pas après l’avoir fourré dans sa poche. S’il ne se hâte pas assez, il sera en retard à son point de rendez-vous avec Marcel et deux autres résistants. Dans son sac : une paire de bottes et de vieux vêtements dont il ne fera plus rien. Il a été évidemment impossible de trouver des armes à feu sans éveiller les soupçons, il est donc venu les mains vides ce qui l’arrange en soi, mais l’angoisse au fond de lui.

  Après plusieurs minutes à remonter les rues de Paris d’un pas rapide, il aperçoit enfin ses trois camarades qui l’attendent au pied d’un café. À 3 heures du matin, il fait nuit noire dans les rues et il n’y a encore personne pour les déranger. Ils se saluent en silence et partent sans attendre.

  La tension est palpable entre les quatre jeunes hommes qui ne s’adressent pas un seul mot durant leur long trajet, et tous soufflent en chœur lorsqu’ils atteignent le terrain où se trouve leur entrée vers les souterrains. Après s’être assuré que personne n’est témoin de leur escapade, ils passent un par un sous les fils barbelés délimitant le champ. En quelques enjambées très rapides, ils rejoignent ensuite le mur de pierre au fond du champ et le groupe d’une trentaine de personnes qui les y attend au pied.

  — Marcel !

  Le silence de mort est brisé par une jeune femme habillée à la garçonne, chemise et pantalon enfoncé dans de hautes bottes, qui se jette presque dans les bras de l’ami d’André. Ce dernier sent la tension dans son corps se relâcher devant cette manifestation d’amitié qui retire un peu de la peur qui lui cimente l’estomac. Il étreint brièvement la jeune fille qu’on lui présente comme Sophie, puis part saluer quelques autres résistants qu’il connait. Tout le monde discute à voix basse, s’habillant, récupérant le matériel stocké ici préalablement et se répétant en groupe les techniques et stratégies élaborées durant la semaine. Lorsque tout le monde est enfin présent, l’équipe se lance dans la large entrée taillée à même le gypse.

  Éclairé par sa lampe à huile, André talonne Marcel de près dans ces anciennes carrières aujourd’hui abandonnées. Personne ne sait vraiment ce à quoi ils vont être confrontés ce soir : mission de reconnaissance, de dératisation, ou échec cuisant face au nombre, tout est possible. Les seules choses dont ils sont certains sont la présence de ces immondes dévoreurs de cerveaux sous Paris et l’imminence d’une attaque de leur part. Même si la façon dont ils sont contrôlés par les armées ennemies reste un mystère, les résistants savent que les zombies se tiendront au calme dans les souterrains jusqu’au jour J : c’est leur chance.

  Armés de pioches, pelles et autres objets contondants, la petite armée d’à peine quarante personnes avance d’un pas lourd vers l’inconnu. Les meneurs du groupe connaissent bien ces couloirs et les guident sans hésiter une seule seconde. Les nouvelles de cette invasion proviennent sûrement de ce groupe d’admirateurs des souterrains parisiens qui passent leur temps libre à les arpenter et à les entretenir. Les savoir salis par des monstres doit sans nul doute les mettre hors d’eux.

  Ils passent un énième coude et André à ce moment-là abandonne l’idée de retenir le trajet qui les mènera de nouveau à la sortie. Le bruit de pas devient de plus en plus oppressant alors que les larges salles, très hautes de plafond laissent progressivement place à de petits couloirs étroits. Certains doivent baisser la tête pour continuer à avancer, leurs cheveux rendus humides par les nombreuses infiltrations d’eau dans les plafonds.

  — Stop !

  Le meneur lève une main et s’immobilise au détour d’un nouveau couloir. Chacun en fait de même, retenant sa respiration comme si leur vie en dépendait, attendant la marche à suivre. La main toujours figée en l’air, leur guide leur fait un rapide signe pour leur intimer de ne pas bouger et s’engage seul dans l’obscurité, laissant sa lampe à huile sur le sol. Il se déplace dans un silence de mort, longeant le mur grâce à ses paumes de mains et ne se fiant uniquement qu’à sa parfaite connaissance des couloirs jusqu’à disparaître dans le noir profond des galeries.

  Le silence s’étend alors que tout le monde attend son retour, n’arrangeant rien à la tension dans les épaules d’André. De moins en moins serein quant à leur avenir au sortir de ces grottes, il commence à ruminer tout ce qu’il aurait pu mieux faire pour se préparer à cette épopée. La main amicale de Marcel sur son épaule le ramène à la réalité alors qu’un gémissement morbide s’échappe du couloir. C’est un léger murmure, comme si quelqu’un fredonnait une mélodie bouche fermée, qui enfle terriblement lentement et commence à les atteindre.

  La main sur son épaule se fait aussi pressante que son envie de fuir au loin, mais André tient bon et resserre sa poigne sur sa maigre pelle. Enfin, leur guide réapparaît et reprend possession de sa lampe dont la lumière accentue sa mine grave.

  — Ils sont là, dit-il. Je n’ai pas pu voir combien ils sont, ils avancent dans le noir sans lumière et se dirigent vers le sud, tout droit vers Paris…

  Il n’a pas pris la peine de murmurer : il paraît évident que l’affrontement est pour tout de suite. Sans attendre de signal, tout le monde se redresse et se prépare à courir sur le groupe qui progresse pour envahir la capitale par ses souterrains.

  — Prêt ? lance un autre des meneurs désignés.

  Dans un même mouvement, l’armée de résistants se met à courir aussi vite qu’elle le peut dans les couloirs et crie d’un même souffle :

  — Pour la France !

  Ils rejoignent l’ennemi en quelques enjambées à peine et découvrent avec horreur qu’ils sont bien plus nombreux que prévu, les couloirs sont envahis de centaines de morts-vivants qui ne semblent même pas s’émouvoir d’être attaqués. André donne des coups de pelle à droite et à gauche sans même réfléchir, différencier les humains des zombies est somme toute facile : ces derniers sont sales, sentent littéralement la mort à plein nez et sont souvent dans un état de décomposition avancé, renforçant la malaise qu’il éprouve à les regarder. Arracher la tête ou les membres pour les immobiliser, leur écraser le crâne puis passer au suivant. Sans même reprendre son souffle, il continue ce rituel sans fin en se tenant à son espoir : sauver cette ville si chère à son cœur.

 

Ou en PDF http://www.phenixweb.info/sites/default/files/Son-Paris-Amandine-Coyard.pdf

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