Solaris n°189
Valable pour deux essais.
Sous le titre un peu ronflant de La machine chicoutimienne à remonter le temps, Claude Janelle offre un joli panorama de la « vieille science-fiction », celle d’avant 1950. Bien qu’il assure : « J’assume pleinement ma subjectivité et mon inculture en ce qui concerne les œuvres de science-fiction française de la période 1890-1950 », son texte est intéressant. Il fait suite à un colloque d’octobre 2013 organisé à Chicoutimi. Fascinant de voir qu’au Canada, on connaît à peine Flammarion, Spitz, Moselli, Messac ou Groc ? Pas tellement, finalement, car qui les connaît aussi chez nous ? Point de honte, donc, non plus, à ne pas avoir entendu parler de la « vieille SF québecoise » et de ses auteurs Paradis, Tardivel, Barthe, Paquin, Berthos ou Laurin. Heureusement existe le Dictionnaire des auteurs des littératures de l’imaginaire en Amérique française que Janelle a fait paraître en 2008.
Le second essai est tout aussi original. Dans Le Vatican et nos frères extraterrestres, Mario Tessier (l’ai-je déjà qualifié d’« ineffable » ?) nous introduit dans le monde feutré du Saint-Siège, et celui des longues relations entre l’Église catholique et la vie sur d’autres planètes. La thématique de la pluralité des mondes a en effet été l’objet d’un grand intérêt de la part de Rome dès le Moyen-âge. L’Incarnation est-elle unique ou multiple ? Les extraterrestres sont-il ou non sauvés du péché originel ? C’est le sujet de l’exothéologie (quel beau terme !). Et la conquête spatiale réanimera cette angoisse ancienne. Tessier cite aussi de grands romans consacrés à cette thématique, tels Un cas de conscience de Blish, Voici l’homme de Moorcock, Un cantique pour Leibowitz de Miller ou Hyperion de Simmons.
Deux essais passionnants donc, qui font le sel de ce numéro. Car, hélas, son volet fictionnel est, pour une fois, très mineur. Hommage à un auteur décédé récemment, Jean Dion, avec trois nouvelles qui m’ont trouvé totalement indifférent. Je sauverais peut-être Futurs empoisonnés, série de vignettes de Michel Lamontagne, élégamment écrites.