Solaris n°172

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Un numéro qui démarre en fanfare, par deux nouvelles exceptionnelles.

Tout d’abord, à tout seigneur tout honneur, le lauréat du Prix Solaris 2009, Luc Dagenais. Sa nouvelle, La Vie des Douze Jésus, allusion évidente à Suétone, est éblouissante. Nous assistons à une visite de « Jesus Land, le museum historique plus vrai que nature », et sommes conduits par l’hologuide Mathieu, représentant l’AMOUR (l’Association Mercantile Objective des Uchronies Rétro). Ce bon Mathieu nous expliquera, avant d’arriver à la boutique de souvenirs ’Jesus-O-Rama’, comment visiter le centre, réplique d’un village galiléen. Puis il nous conte les différents clonages de Jésus-Christ. Un premier, issu de la séquence d’ADN prélevé sur le linceul de Turin, ne donnera qu’un Jésus un peu aseptisé. Un second ensuite, cloné par un laboratoire, en précédera dix autres, tous plus ou moins réussis. Le tout aboutira à la fin de la religion et à une nouvelle émancipation de l’humanité, laquelle achètera bien sûr encore des ’Jésus’ de compagnie. Toute la fin de cette short story est totalement délirante. A mettre immédiatement à l’Index.

Beaucoup plus sérieux, et sans doute plus remarquable dans un autre genre, est le texte de Gaël-Pierre Covell, intitulé Comme Sasha. Une magnifique réussite stylistique. Le récit se déroule au XVIIIème siècle (rare en SF) et conte les aventures curieuses de Frédéric, échappé d’un mystérieux Marais et qui, devenu officier du Roi et traqué par les Anglais (nous sommes un peu avant la bataille de Fontenoy), devra y retourner pour sauver sa peau. Mais quel est ce Marais ? Le marais poitevin ? Sans doute, mais lequel ? Un monde à part, prodigieusement décrit, et qui, manifestement, n’obéit qu’à Quelqu’un. Qui ? La nouvelle, grandiose, se termine affreusement. Un superbe texte évocateur, annonçant un beau talent d’écrivain, qui a déjà publié d’autres récits étranges chez Faëries. Il évoque Clark Ashton Smith, ce qui est à mes yeux un bel éloge.

Suivent trois courtes nouvelles de Claude Bolduc dont la dernière, De l’amour dans l’air, est assez amusante.

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