Soeurs lakotas (les)

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Bearfoot, Santee et Ray ont 16, 10 et 6 ans. Elles vivent dans la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Leur vie bascule quand leur mère écope d’un an de prison pour conduite en état d’ivresse. En apprenant qu’elles vont être séparées et placées dans des familles, Bearfoot s’enfuit avec ses sœurs dans un vieux break, sans permis et presque sans argent. Direction la Californie, à 2 000 kilomètres de là. 

Je ne suis d’ordinaire pas plus attirée que ça par les livres – ou les films d’ailleurs – estampillés du genre road-movie, sans pour autant pouvoir vraiment en expliquer les raisons. J’ai dû, je pense, vivre une ou deux expériences malheureuses ou tout du moins peu convaincantes par le passé. En ce qui concerne celui-là, c’est le nom de l’auteur qui m’a décidée à le lire sans me poser de questions. Et puis le sujet également. D’autant que, préalablement à l’écriture de ce roman, Benoît Séverac a effectué un séjour dans une réserve indienne.

L’histoire en elle-même m’a beaucoup plu. La situation de ces trois sœurs est assez difficile – père absent, mère en prison – mais ce qui constitue leur faiblesse génère aussi leur force, et l’espoir et la joie ne sont guère absents du récit. Bearfoot, la sœur aînée, ne renonce jamais face à la tâche d’importance qu’elle s’est assignée, pourtant bien lourde pour une jeune fille de seize ans. Elle fait preuve de bonté et d’un grand courage tout au long du récit et découvre un pays – et ses habitants – dont elle ne connaît finalement que ce qu’on lui a dit, tout en apprenant à se connaître elle-même.

Il en résulte un roman d’une grande sensibilité, qui retrace les difficultés auxquelles doivent faire face les premiers natifs des États-Unis d’Amérique confrontés au racisme d’État. Parqués dans des réserves stériles, abandonnés à la misère, au chômage et à l’absence d’espoir, ils voient leur nombre de malades (diabète, obésité), d’alcooliques, de drogués, de suicides, de délinquants et de criminels (vols, viols, meurtres) exploser tous les taux du pays. Mais l’auteur ne tombe pas dans le manichéisme et le parti-pris pour autant. Il nous montre aussi le racisme « à l’envers », explique que certaines réserves ont réussi à tirer leur épingle du jeu et qu’il existe de bonnes personnes des deux côtés. Bien sûr, on n’en doutait pas, mais je pense qu’il est bon de ne pas l’oublier et même de le souligner.

Aventures et dépaysement – grâce notamment aux descriptions des paysages traversés dans Les soeurs lakotas – sont également au menu de ce très joli roman aux différentes facettes, qui suscite très souvent l’émotion et qui m’a largement fait oublier mes déboires passés avec les road-movies.

Je remercie chaudement les éditions Syros pour ce service presse.

 

Parue sur Beltane (lit en) secret

 

Les soeurs lakotas, Benoît Séverac, éditions Syros, 17,95 €

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