Signal (Le)

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La famille Spencer vient de s’installer à Mahingan Falls. Un havre de paix. Du moins c’est ce qu’ils pensaient... Meurtres sordides, conversations téléphoniques brouillées par des hurlements inhumains et puis ces vieilles rumeurs de sorcellerie et ce quelque chose d’effrayant dans la forêt qui pourchasse leurs adolescents… Comment le shérif dépassé va-t-il gérer cette situation inédite ? Ils ne le savent pas encore mais ça n’est que le début…

 

Si vous le permettez, je vais tout de suite évacuer une évidence. Si, si, je vous assure, on sera plus à l’aise pour discuter du dernier Maxime Chattam ensuite. Quelle évidence ? Celle d’une quelconque originalité dans les éléments abordés par l’auteur de la Trilogie du Mal dans son nouvel opus. Pour les habitués du monde de l’Imaginaire, de la terreur, de l’horreur, des œuvres de Stephen King ou des films qui ont traversé le firmament populaire dans les années ‘80, ‘90, voire même 2000, Le signal, avec ses monstres invisibles, ses présences fantomatiques, ses expériences étranges et ses protagonistes tant adultes que adolescents, n’est en rien une « révolution ». Et c’est logique. Parce qu’au fil du récit, on comprend vite que le but de Maxime Chattam n’est pas de bouleverser les codes d’un genre qu’il (comme ses lecteurs, dans leur majorité…) connaît sur le bout des doigts. De la même façon que Stephen King, lorsqu’il balança Ça à la face du monde, ne cherchait en rien à redessiner la carte des Grandes Peurs.

Ce que cherche plutôt l’auteur c’est offrir une narration-creuset, un roman-somme, un récit-alchimique qui synthétise, avec une maîtrise quasi parfaite, les éléments de son œuvre.

 

Il n’est pas non plus anodin de découvrir que le couple principal du Signal ressemble à s’y méprendre à celui que forme l’auteur avec l’animatrice de télévision Faustine Bollaert. Pour la première fois sans doute (et il le confirme d’ailleurs dans les remerciements) la réalité et la fiction se trouvent entremêlées… au sein même d’un univers, d’une ville, totalement « « construite » et née dans l’imagination de l’auteur. Sans peur, le récit est également éclaté entre les terreurs des adultes (qui sont le reflet de romans comme ceux de la Trilogie du Mal, ou des thrillers les plus récents) et les aventures horrifiques d’un groupe d’enfants/ados qui renvoient directement à Autre Monde.

 

Sur un récit de plus de sept cents pages, Chattam n’évite pas les longueurs, succombe à certains effets un peu faciles, mais dans l’ensemble, ce Signal est l’expression parfaite d’un auteur en pleine possession de ses moyens. Un auteur qui prend encore une fois le risque de s’éloigner de sa zone de confort – si l’aspect « enquête » est bien présent dans le roman, il est loin de constituer le principal ressort et la noirceur urbaine laisse souvent place à une terreur poétique et gothique – pour s’offrir un magnifique voyage au cœur de quarante années d’imaginaire populaire et horrifique.

 

Un roman-somme donc, de la part d’un auteur qui reste définitivement à part dans la galaxie des faiseurs de cauchemars francophones.

 

Interview de Maxime Chattam ici

Le signal par Maxime Chattam, Editions Albin Michel

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