Sans retour
Chaque fois que Jimmy Thane a été confronté à un choix, il a pris la mauvaise décision. Après des années d’alcoolisme et d’incartades amoureuses, on lui donne une dernière chance de sauver sa carrière et son mariage : il a sept semaines pour redresser une entreprise en difficulté.
Mais il pressent vite que quelque chose ne va pas. Quand la police vient enquêter sur la disparition du directeur précédent, et qu’il découvre du matériel de surveillance dans la maison de son voisin, Jimmy commence à se demander dans quel guêpier il s’est fourré. Lorsque le jeu des illusions prend fin, la réalité est encore pire que ce qu’il imaginait.
Le roman de Matthew Klein est construit à la manière d’une spirale démoniaque, qui emporte, à la fois le lecteur et le narrateur, dans des méandres de plus en plus sombres et complexes. Ce qui débute, après une scène d’ouverture dont le sens ne sera dévoilé que dans les dernières pages du récit, comme une comédie grinçante sur fond de thriller technologique se mue peu à peu en un roman noir, en une réflexion sans concession sur l’état d’une société bouffée par le capitalisme, engluée dans ses certitudes et paralysée par le règne des apparences. Les personnages possèdent, en majorité, un système de valeurs douteux… mais s’avèrent au final de purs produits de leur époque, enfermés dans une logique de production et de consommation dont personne ne semble remettre en doute le fonctionnement. Jouant avec la violence psychologique et physique, avec l’humour et les attentes du lecteur, Klein réussit un roman enlevé, sombre et divertissant à la fois. Certains penseront que les derniers chapitres, théâtre de l’habituelle « surprise » sans laquelle aucun thriller ne semble pouvoir attirer le regard de nos jours, desservent quelque peu la crédibilité de l’ensemble, mais cela serait faire un mauvais procès à un roman parfaitement maîtrisé.
Sans retour par Matthew Klein, Gallimard Série Noire
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