Fils de nulle part (Le)

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 

 

Depuis que j’avais lu "L’oiseau moqueur" de Sean Stewart, (critique enchantée de ma part dans le dans le Phenix Mag n° 10 ) j’attendais non sans impatience qu’un éditeur se décide à nous proposer quelques ouvrages de cet auteur. Aussi, j’étais très heureuse de l’initiative des éditions Mnémos.

Hélas, mon plaisir de lecture fut entravé par de nombreuses erreurs de traduction et d’édition. Un vrai défrichage pour comprendre le sens d’une phrase. Même le titre ne coïncide pas avec le sens de l’histoire. Ce n’est pas le fils de nulle part dont il s’agit mais du fils de personne. Et pour le reste du texte, 270 pages seulement, une grande envie d’aller jusqu’au bout, mais une colère rentrée qui gâte tout.

L’histoire, un fils de paysan par sa mère et de mercenaire parti en bataille en l’oubliant par son père, veut, pour devenir quelqu’un, accomplir ce que tous les chevaliers du royaume n’ont pu faire avant lui. Non sans astuce à défaut de bataille, il y parvient. Mais c’est là que le combat commence pour s’imposer dans un milieu qui n’est pas prêt à l’accepter avec sa rudesse paysanne.

Pour le décor, une merveilleuse forêt et des collines qui replient et déplient les espaces-temps en avant et en arrière. Une histoire d’enfance perdue et réinventée, qui fait penser aux mythagos de Holdstock, un zeste de rebellion féminine, des compagnons d’armes qui ne sont pas forcément courageux mais dont l’amitié est fidèle et un sort, un sacré mauvais sort qui empoisse tout, le passé et le futur. Cela aurait dû faire un bon roman.

Sean Stewart, pour sa part, est peut être responsable d’une certaine langueur au coeur de l’ouvrage. Il n’est sans doute pas assez précis quant aux sources de l’histoire. C’est comme si on prenait le train en marche.
Mais je suis certaine qu’avec une traduction et une reproduction correcte, le plaisir de découvrir cette quête à rebours d’un chevalier sans armure et sans titre aurait été très agréable.

On perçoit la magie à fleur de forêt, les contractions de l’espace-temps, mais comme tout cela est laborieux à décrypter avec en plus les incertitudes quant aux noms des personnages ou des lieux. Tant et si bien, que vous n’arrêtez pas de faire des retours en arrière pour vérifier si ce sont vos neurones qui dérapent ou si ça vient du livre.

C’est bien dommage, l’idée de commencer l’histoire quand les autres la terminent sur "il l’épousa et ils vécurent heureux", alors que là, il l’épousa et découvrit que ce ne serait pas forcément une partie de plaisir de la séduire... Qu’on ne joue pas avec la magie sans conséquence...

Autre petit défaut, imputable à l’auteur, je pense : on ne comprend pas bien ce que notre héros et tous les autres avant lui allaient faire dans cette galère, c’est-à-dire cette forêt maudite. Pourquoi aller contre un ensorcellement qui en fait protège le monde d’un danger mortel. Là, ce sont peut-être mes neurones qui ont finalement lâché. A force de lire, le crayon à la main pour corriger les fautes pour en rendre la lecture plus agréable aux autres.
Alors, si vous pouvez lire en anglais, et bien ce serait le mieux.
Sinon, vous pouvez lire de Sean Stewart, « l’oiseau moqueur » chez Calmann Levy dans la collection "Interstice".

Le fils de nulle part de Sean Stewart, traduction de Célia CHAZEL & Sandra KAZOURIAN, illustration de Marc SIMONETTI, Editions Mnémos

Type: