Embrouille au forum

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Ce roman nous raconte une enquête de Ged Starr, « coureur du temps » : nous sommes dans un monde où les voyages dans le temps sont possibles et ouverts soit à des chercheurs ou des représentants du gouvernement, soit à des touristes et aux employés des agences touristiques. Et à Gédéon Starkey, alias Ged Starr, détective... qui va se trouver embauché pour sauver un touriste, arrêté à Rome en 79 pour un meurtre commis par un sosie et découvrir comment a été monté le piège dans lequel celui-ci est tombé.

Il ne s’agit pas de changer l’histoire : les voyageurs du temps ont interdiction de commettre tout acte susceptible de modifier la ligne spatio-temporelle et une police temporelle veille au grain.

Mais, comme dans une visite touristique, le récit nous fait découvrir un certain nombre de choses sur la période historique concernée, ici la Rome impériale sous Trajan. Certaines descriptions sont sans doute inutiles pour le récit, mais montrent que l’auteur a vraiment étudié le sujet et veuille, aussi, le faire connaître. J’ai revu des choses que je connaissais, appris certaines que j’ignorais et n’ai pas vu d’erreur flagrante sur le décor. Bien sûr, l’idée même que des voyageurs du temps auraient pu se promener dans Rome sans que les Romains ne comprennent est aberrante. Même sans comprendre les techniques modernes, les Romains auraient saisi le caractère anormal de ces visites et attribué à la magie ou à une intervention divine les attitudes et capacités des visiteurs. Sur ce point, j’ai été choqué de voir, à deux reprises, le roman présenter des hommes qui traitent la magie comme démonique, notion que n’avaient pas les Romains. Mais ce sont des détails. Nous sommes dans un roman d’aventures et de présentation d’un monde disparu, pas dans une réflexion scientifico-philosophique sur l’idée de voyage temporel, ses éventuels paradoxes ou conséquences. En tant que divertissement, instructif sur le cadre utilisé, ce roman est tout à fait satisfaisant.

Un dernier détail : la 4° de couverture parle d’olibrius romains, « (du latin olibrius) ». Là, il y a une erreur : le nom commun olibrius vient du nom propre Olybrius, qui est celui de plusieurs personnages latins que la légende a retenu comme des massacreurs de chrétiens, et que les mystères du moyen-âge présentaient comme des fanfarons criminels. Mais le nom commun olibrius n’existe sans doute pas en latin...

Embrouille au forum, de René Stamegna, 2013, 162p., 11€, Éditions Ursa Major

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Commentaires

avant tout que j’ai aimé ce livre.
une CHOUETTE HISTOIRE DE SF comme je les aimes, qui m’a tenue du début à la fin.
Une bonne intrigue, des personnages vivants auxquels on s’identifie.
Que demander de plus à un roman ?

J’ai également beaucoup aimé ce roman, sans prétention (il n’ambitionne pas de révolutionner la science-fiction), mais bien écrit, avec des personnages bien campés, du rythme, de l’humour et suffisamment de rebondissements et d’invention pour me faire passer un excellent moment.

Le chroniqueur se trompe quand il dit qu’il se situe à l’époque de Trajan. Comme il est rappelé à plusieurs reprises dans le livre, il s’agit du règne de Titus. Et puis, qu’est-ce qu’on s’en moque qu’olibrius ne soit pas issu du latin vulgaire mais d’un patronyme romain. Vous voyez la différence, vous, à 20 siècles de distance ?