Vestiges de l'automne (Les)
Il s’agit, en une novella achevée et un projet de roman, de la conclusion de la « trilogie » inachevée du Nouveau Printemps (La Fin de l’Hiver, La Reine du Printemps). Le projet de roman est présenté en bilingue (traduction d’abord, texte original ensuite pour les puristes).
Pour ceux qui n’ont pas lu les premiers romans, rappelons le sujet : la chute d’une pluie de météores a entraîné le Long Hiver et la disparition de la plupart des espèces qui se partageaient la Grande Planète (la Terre). En particulier l’Homme a disparu (le roman inachevé imaginait le retour d’hommes qui auraient survécu sur d’autres planètes), mais une espèce d’anthropoïdes intelligents a survécu en se réfugiant sous terre dans des cocons.
Le premier roman raconte comment, les températures étant redevenues supportables, ces successeurs de l’humanité vont reconquérir la surface, puis devoir se battre pour la partager avec une espèce insectoïde qui a survécu au Long Hiver, les Hjjks. Dans cette novella, Les Vestiges de l’automne, et dans le roman abandonné L’Été du grand retour, nous sommes 200 ans après la fin de l’Hiver et le début de la réinstallation des post-humains à la surface. Les cocons « ancestraux » sont abandonnés, les « hommes » nouveaux construisent des villes et s’étendent sur la planète, sauf les régions cédées aux Hjjks ; les autres espèces qui partageaient la Grande Planète ont disparu. Et voici qu’on découvre une colonie de survivants des Seigneurs-de-la-mer, une de ces espèces qu’on croyait disparue et que ceux-ci, désespérés, attendent de disparaître... Dans le roman il aurait aussi été question du retour d’hommes et de leur implication dans le cataclysme ancien...
Tant la novella que le roman inachevé sousentendent la nécessité de changer pour survivre et le risque que la stagnation qui suivrait la naissance d’une civilisation « parfaite » serait plus mortel que n’importe quelle catastrophe. Cette conclusion, comme d’autres évoquées dans la préface de Gérard Klein, ne me paraissent pas acquises et prétendre que le roman, bâti sur l’acceptation de ces idées, en constituerait la démonstration, serait une faute de raisonnement et de rigueur grave. Faute dont, hélas, je crois que Silverberg est coutumier.
Aussi me garderai-je bien de recommander ce recueil comme illustration d’une théorie : il n’est qu’une suite de deux histoires intéressantes, qui illustrent une théorie mais ne la valident en aucune façon. Agréable à lire, mais il ne faut pas en faire, comme Gérard Klein semble le proposer, une démonstration des idées sous-jacentes.
Les Vestiges de l’automne de Robert Silverberg, ill. Manchu, Actu SF